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NOSTRADAMUS : le retour du radar transhorizon français




Publié par Adélaïde Motte le 18 Juin 2025

Le radar transhorizon NOSTRADAMUS s’est discrètement imposé comme une pièce maîtresse de la stratégie française d’alerte avancée. Présenté dans une version modernisée au Paris Air Show 2025, il relance la course aux capacités de surveillance longue portée, dans un contexte de menaces hypersoniques et d’évolution doctrinale.



Un radar transhorizon en phase de montée en puissance capacitaire

Présenté par l’ONERA lors du Paris Air Show 2025, le radar transhorizon NOSTRADAMUS marque une rupture technologique dans la détection des menaces aériennes et spatiales. Contrairement aux radars à ligne de vue, il repose sur la réflexion ionosphérique des ondes haute fréquence – les fameuses « ondes de ciel ». Ce principe permet de surveiller des zones situées à plus de 3 000 km. « On joue, en quelque sorte, au billard avec le ciel. C’est simple : on voit tout ce qui vole, de 50 centimètres à 200 km d’altitude », résume Philippe Dreuillet, directeur du département radar de l’ONERA.

Déployé sur le site de Crucey (Eure-et-Loir), NOSTRADAMUS est en cours de modernisation grâce à des financements internes de l’ONERA et de nouvelles capacités d’amplification via les antennes TDF de Châteauroux. Selon le rapport annuel 2023 de l’ONERA, l’objectif est de renforcer la performance du système dans la détection de missiles hypersoniques (Khinzal, Avangard), de vecteurs furtifs et d’objets à très haute altitude (jusqu’à 200 km). Une couverture élargie, qui, selon le ministère des Armées, permettrait « de voir jusqu’à Moscou et le fin fond de la Méditerranée ».

Intégration doctrinale et complémentarité opérationnelle

Au-delà des performances, c’est l’intégration de NOSTRADAMUS dans une architecture multi-capteurs qui intéresse les autorités françaises. L’ONERA conçoit ce système comme une brique fondatrice d’un dispositif d’alerte avancée intégré, en synergie avec les radars UHF de Thales et des vecteurs en très haute altitude : ballon manoeuvrant BalMan (Hemeria), dirigeable Stratobus (Thales Alenia Space), drone Zephyr (Airbus). Le tout est coordonné pour opérer dans la couche dite THA (20 à 100 km), zone aujourd’hui sous-surveillée mais stratégique.

Si la portée du radar transhorizon est avérée, sa précision et sa complémentarité avec d'autres capteurs restent des enjeux critiques. Des expérimentations sont prévues sur plusieurs années avec un budget initial de 20 millions d’euros. L’ONERA affirme viser le meilleur standard mondial, mais rappelle que ces capacités ne seront pleinement opérationnelles qu’à condition d’investissements durables et d’une coordination inter-agences. NOSTRADAMUS, autrefois démonstrateur isolé, s’impose aujourd’hui comme un acteur stratégique de la défense aérienne du XXIe siècle.



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