Une stratégie énergétique redessinée par Niamey
Le Niger franchit une étape capitale en décidant d’introduire directement son uranium sur le marché mondial. Cette orientation rompt avec plusieurs décennies de collaboration structurée autour d’acteurs français, dont Orano occupait une place centrale. Pour les autorités en place, cette mise en vente internationale représente avant tout la traduction concrète d’un principe simple : le pays veut contrôler la valorisation de ses ressources stratégiques. Cette initiative intervient dans un contexte où Niamey multiplie les déclarations sur la souveraineté économique. La production issue de ses sites miniers, longtemps exportée dans un cadre contractuel marqué par la présence française, devient désormais un levier diplomatique et commercial. Le Niger entend ainsi diversifier ses acheteurs, adapter ses prix et se rapprocher d’acteurs intéressés par un approvisionnement direct.
La nationalisation complète de la Somaïr a été le point d’inflexion majeur. Ce site, situé dans le Nord du pays, constituait l’un des piliers de la présence d’Orano au Niger. En retirant le permis d’exploitation du groupe français puis en assumant la commercialisation indépendante de l’uranium, le pays a commencé à reconstruire l’ensemble de la chaîne de décision. Cette transformation dépasse la question minière. Elle s’inscrit dans une recomposition géopolitique plus large, marquée par la recherche de nouveaux alliés et par une volonté d’affirmer une ligne politique autonome. Le Niger rebat les cartes dans un secteur où se mêlent enjeux énergétiques, Défense et rivalités internationales.
Le Niger dans le jeu mondial du nucléaire
Le Niger explore parallèlement de nouvelles coopérations. Des pays comme la Russie, l’Iran ou certains États du Moyen-Orient ont manifesté leur intérêt pour les ressources nigériennes. La perspective d’un accès plus direct à l’uranium attire des puissances à la recherche de sources stables. Ce redéploiement ouvre aussi des interrogations. Les procédures d’arbitrage international lancées par Orano, toujours en cours, illustrent la complexité juridique du dossier. Mais les autorités du Niger semblent déterminées à inscrire leur stratégie dans la durée. En ouvrant l’uranium au marché international, elles envoient un signal clair : la gestion des ressources naturelles n’est plus envisagée dans le cadre des relations héritées du passé, mais comme un outil au service d’une diplomatie élargie.

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