Une mutation tactique qui renforce la menace
Les drones Shahed, largement utilisés depuis le début du conflit, évoluent. Jusqu’ici employés comme vecteurs d’explosifs ou comme moyens de saturation des défenses antiaériennes, ils pourraient désormais intégrer un rôle supplémentaire : contrer directement les appareils chargés de les intercepter. L’intégration d’un missile R-60, un armement compact et léger, va dans ce sens.
Cette modification témoigne d’un changement d’approche. En équipant un Shahed d’un missile air-air, Moscou viserait à compliquer davantage le travail des pilotes ukrainiens qui traquent ces engins. Même si cette adaptation est techniquement exigeante, elle permettrait au drone d’engager une cible aérienne sans recourir à un système radar embarqué, grâce à la tête chercheuse infrarouge du R-60. Une telle capacité transformerait une plate-forme bon marché en menace plus polyvalente.
Les premiers indices de cette évolution proviennent de vidéos et de photos circulant sur les réseaux sociaux. Les débris analysés laissent penser que l’armement était installé sous une aile, une configuration simple à mettre en œuvre et compatible avec le poids du missile. Si ces éléments se confirment, la Russie ajouterait une fonctionnalité offensive supplémentaire à un engin déjà réputé pour sa résilience et son faible coût de production.
Le missile R-60 : un atout à bas prix pour perturber l’aviation ukrainienne
Le R-60 est un missile air-air conçu pour les échanges à très courte portée. Il est rapide, capable d’atteindre environ Mach 2,5, et transporteur d’une charge explosive d’environ 4 kg. Son fonctionnement repose sur la détection infrarouge, ce qui lui permet de suivre une cible émettant de la chaleur, comme un hélicoptère ou un avion. C’est un système ancien, mais encore efficace en combat rapproché.
Son coût relativement faible – autour de 15.000 dollars l’unité selon plusieurs sources d’experts – renforce son attrait. Intégré à un drone Shahed, lui-même peu onéreux, il permettrait de multiplier les plateformes aériennes capables de menacer les appareils ukrainiens envoyés pour les intercepter. Pour les forces de Kiev, cela pourrait entraîner une hausse des risques pour les pilotes, déjà confrontés à un ciel saturé de drones et de missiles plus traditionnels.
Cette nouvelle configuration n’indique pas encore une généralisation. Elle pourrait représenter un test ou un prototype, destiné à évaluer les possibilités offertes par cette fusion entre un missile air-air et un drone kamikaze ou d’observation. Mais son simple potentiel suffit à inquiéter les spécialistes de la Défense ukrainienne, car il renforce la logique d’attrition que cherche à imposer Moscou. Une flotte de Shahed armés pourrait forcer Kiev à revoir sa stratégie d’interception, voire à mobiliser des moyens plus coûteux pour sécuriser son espace aérien.

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