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France-République tchèque : un partenariat stratégique hautement bénéfique




Publié par La Rédaction le 2 Janvier 2020

Les propos d’Emmanuel Macron sur la « mort cérébrale de l’OTAN » alimentent depuis plusieurs jours le débat au sein de l’Union européenne et en dehors. Si la place de l’Organisation et le rôle joué par la France attirent naturellement tous les regards, il existe des partenariats stratégiques particulièrement réussis qui mériteraient d’être plus amplement exposés. Celui conclu entre les Défense française et tchèque pourrait bien faire figure d’exemple à l’heure où l’Union européenne reste peu lisible sur les plans militaire et économique.



Jeune nation née en 1993 de la scission pacifique de la Tchécoslovaquie, La République tchèque est très rapidement entrée dans le giron de l’OTAN (1999) et de l’Union européenne (2004). Ce passage de l’ex-bloc de l’Est vers l’Ouest constitue un succès politique de première importance. Le pays se défait peu à peu de son héritage communiste dans de nombreux domaines à l’image de la Défense. Les militaires tchèques utilisent aujourd’hui du matériel issu en grande partie de l’arsenal soviétique. Le ministère tchèque de la Défense a donc lancé un programme de modernisation. Pour autant, en matière d’achats militaires comme ailleurs, pas question de signer des chèques en blanc pour l’Etat tchèque, qui entend nouer des relations avec de véritables partenaires et non de simples fournisseurs. La France a d’ores et déjà répondu à l’appel.

Partenariat stratégique franco-tchèque

Reconnue pour son savoir-faire en matière d’armement, la France a enregistré de beaux succès, ces dernières années, symbolisés par la vente de Rafale au Qatar, à l’Egypte ou encore à l’Inde. Derrière ces réussites se cachent des partenariats stratégiques plus discrets mais au moins tout aussi profitables. La relation nouée entre Paris et Prague depuis 2015 en fait partie avec en premier lieu la production commune de véhicules blindés Titus, issus d’une collaboration entre Nexter Systems et le tchèque Tatra pour la partie châssis-train de roulement. Ce sont au total 62 véhicules (en version C2 et PC d’artillerie) qui ont été vendus à la République tchèque, sans oublier des systèmes de communication et de chiffrement. Les véhicules Titus peuvent transporter jusqu’à quatorze soldats et résistent à des assauts à la mitrailleuse lourde et à l’explosion d’une mine de dix kilos, soit Stanag 4a/4b selon la nomenclature OTAN. La livraison est prévue pour s’étaler entre 2020 et 2023 mais les véhicules n’auront pas beaucoup de route à parcourir pour rejoindre leurs unités puisqu’ils seront assemblés en République tchèque.

En effet, l’entreprise française Nexter Systems a cédé les licences nécessaires pour que le tchèque Eldis Pardubice (appartenant au groupe CSG) puisse assembler lui-même ces véhicules impatiemment attendus par Lubomir Metnar, le ministre tchèque de la Défense. « Nous avons mené à bien un projet dans lequel nous sommes investis depuis 2015. Notre armée acquiert de nouveaux véhicules de combat qui seront fabriqués en République tchèque et contribueront de manière significative à la modernisation des forces terrestres », a déclaré le ministre.

Un enthousiasme partagé par le chef d’Etat-major de l’armée tchèque, Aleš Opata qui soulignait il y a quelques mois la nécessité de s’adapter « aux conditions du champ de bataille moderne ». Les Titus remplaceront donc « les équipements obsolètes » pour répondre à la volonté d’engagement de la République tchèque dans des missions sous mandat européen ou otanien. Le contrat est évalué à environ 237 millions d’euros et est susceptible d’en appeler de prochains, notamment à l’étranger. En effet le partenariat entre la France et la République tchèque, via Nexter Systems et Tatra dépasse cette seule commande de matériel : Tatra fournit également le châssis 8x8 de la nouvelle version de l’automoteur d’artillerie CAESAR, version qui a d’ailleurs convaincu les militaires danois. Ce système d’artillerie est une arme redoutable, car il permet d’atteindre des objectifs situés à plus 40 kilomètres de distance, avec des temps de mise en batterie et de réarticulation extrêmement courts, rendant difficile voire impossible la neutralisation par tirs de contre-batterie. C’est pourquoi la Défense danoise a investi 47 millions d’euros afin de se doter de quinze CAESAR. Côté français, on se félicite de cette commande qui renforce non seulement notre proximité militaire avec le Danemark, mais valide également le partenariat industriel et stratégique développé entre la France et la République tchèque. La collaboration technique fonctionne parfaitement et appelle de futurs contrats décrochés à Prague et ailleurs.

Le seul marché tchèque est à lui-seul prometteur, car les besoins de modernisation concernent l’ensemble des Armées. Les hélicoptères et blindés livrés du temps de l’Union soviétique ne sont plus à même de remplir les missions de l’armée tchèque et « de se conformer aux standards de l’OTAN » comme le souligne le chef d’Etat-major de l’armée tchèque, Aleš Opata. C’est ainsi que de nombreux acteurs internationaux (Etats-Unis, Israël, etc.) ont fait part de leur intérêt à contribuer à un effort de modernisation qui doit voir les hélicoptères d’attaque Mi-24 ou encore les véhicules de combat d’infanterie BVP-2 être remplacés par du matériel beaucoup plus moderne. Un remplacement auquel ne sera pas étrangère « l’industrie de Défense tchèque » selon les vœux du ministre Lubomir Metnar. Car au-delà de la modernisation des matériels, le soutien à l’économie nationale tchèque entre dans le cahier des charges des autorités pragoises.

Une demande à laquelle se plie volontiers la France qui a pu constater les premières retombées positives d’un partenariat encore peu connu, mais déjà bien engagé. La France a déjà les capacités techniques de séduire ses partenaires européens et de donner le goût d’une défense plus intégrée à l’échelle européenne, à défaut, pour le moment, d’être commune. 



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