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Île-Longue : cinq drones survolent le cœur de la dissuasion française




Publié par Paul-Gabriel LANTZ le 5 Décembre 2025

Dans la soirée du jeudi 4 décembre 2025, cinq drones ont été détectés au-dessus de la base militaire de l’Île-Longue (Finistère), site hautement sensible où sont stationnés les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE) de la Force océanique stratégique (FOST). Selon les informations de la gendarmerie, confirmée par l’AFP et plusieurs médias nationaux, le survol a eu lieu vers 19h30, déclenchant l’intervention des fusiliers marins chargés de la protection du site qui ont ouvert le feu sur les drones. Par ailleurs, un système de lutte anti-drones a été activé et une opération de recherche a immédiatement été lancée.



Un survol nocturne au-dessus de la FOST

Le sous-marin Suffren
Le sous-marin Suffren
TF1 Info ainsi que le média Marine & Océans, relate ce survol de drone au-dessus de l’emprise militaire de l’Île-Longue, dans une zone strictement interdite autour de la rade de Brest. Le bataillon de fusiliers marins, responsable de la protection de la base, a ouvert le feu afin de neutraliser la menace. Un dispositif complet de lutte anti-drones, associant moyens de détection, brouillage et recherche au sol, a ensuite été déployé, conformément aux procédures prévues pour les sites militaires sensibles. Les autorités judiciaires et la préfecture maritime de l’Atlantique, sollicitées par l’AFP, n’avaient pas encore communiqué publiquement sur les premières hypothèses de travail au moment de la publication des dépêches. À ce stade, aucune information officielle n’a été communiquée sur l’origine et le type de drones.

 

Un sanctuaire nucléaire sous pression

L’Île-Longue, située sur la presqu’île de Crozon, constitue depuis des décennies le pivot de la dissuasion nucléaire océanique française, abritant les quatre SNLE de la Marine nationale et leurs installations de maintenance. La FOST, bras armé de cette dissuasion en mer, repose sur le principe de la permanence à la mer d’au moins un SNLE, tandis que la base reste un sanctuaire censé demeurer hors de portée de toute intrusion ou observation non autorisée.  Dans ce contexte, tout survol non autorisé d’un site nucléaire militaire n’est pas un simple incident technique : il s’agit d’une atteinte à la sécurité nationale, concernant à la fois la sécurité du site et la crédibilité du dispositif de protection. Ce soir-là, les conditions de visibilité étaient particulièrement bonnes en raison d’un épisode de « super Lune ».

 

Des précédents inquiétants et une menace qui se transforme

Ce survol n’est pas isolé. Entre l’automne 2014 et janvier 2015, plusieurs vols de drones ont été détectés au-dessus ou à proximité de l’Île-Longue. La préfecture maritime de l’Atlantique avait alors publié plusieurs communiqués rappelant que toute intrusion aérienne dans cette zone interdite  relevait du Code de la défense et entraînait systématiquement l’ouverture d’une enquête judiciaire. À l’époque, les investigations avaient été confiées conjointement à la gendarmerie maritime, à la Section de recherches de Brest et au parquet, conformément aux procédures applicables aux survols illicites d’installations nucléaires. 
Plus récemment, dans la nuit du 17 au 18 novembre 2025, un drone a été détecté au-dessus d’une zone interdite de la presqu’île de Crozon, à proximité immédiate des installations militaires, sans pénétration avérée au-dessus de l’emprise ce qui avait entraîné l’ouverture d’une enquête par la gendarmerie maritime.
À l’échelle européenne, le Danemark, la Norvège, la Suède et la Finlande ont également signalé une multiplication de survols de sites sensibles avec des drones, certains responsables évoquant la possible implication de la Russie. Dans ce contexte, la Marine nationale renforce ses moyens de détection, de brouillage et de neutralisation. 

L’incident rappelle que la crédibilité de la dissuasion ne se joue pas seulement dans les profondeurs océaniques, mais aussi dans quelques centaines de mètres d’altitude au-dessus des installations qui la rendent possible.



 



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