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Paris 2024 : 1,4 milliard d’euros pour la sécurité des Jeux, selon la Cour des comptes




Publié par François Lapierre le 24 Juin 2025

Moins d’un an après les jeux olympiques de Paris, la Cour des comptes publie un rapport complet sur l’engagement sécuritaire mis en œuvre pour l’événement. Le coût total de la sécurité atteint 1,387 milliard d’euros d’argent public. Un déploiement inédit, par son envergure comme par sa complexité, qui reconfigure les standards français en matière de sécurité intérieure et de coordination interministérielle.



Une mobilisation sécuritaire sans précédent sur le sol français

Le 23 juin 2025, la Cour des comptes a dévoilé un rapport d’évaluation sur les dépenses publiques liées aux jeux olympiques et paralympiques de Paris, organisés durant l’été 2024. Ce document  confirme que le coût global pour l’État s’élève à 5,96 milliards d’euros. Mais c’est le volet sécuritaire qui retient particulièrement l’attention : 1,387 milliard d’euros ont été consacrés à la sécurité de l’événement. Ce montant fait de la sécurité le premier poste de dépense publique des Jeux, devant les infrastructures sportives, les transports et les opérations d’organisation. Le dispositif déployé constitue, selon les magistrats financiers, une opération inédite en temps de paix sur le territoire national, tant par son amplitude que par la nature des moyens engagés.

L’architecture sécuritaire des jeux olympiques de Paris 2024 a été conçue comme une opération conjointe entre le ministère de l’Intérieur, les forces armées, les agences de renseignement et des partenaires civils spécialisés. Le périmètre d’intervention comprenait l’ensemble des sites de compétition, les villages olympiques, les axes de transport critiques, les points d’entrée du territoire, ainsi que plusieurs zones à sécurisation renforcée en lien avec les événements protocolaires et festifs.

La projection des forces a été d’une ampleur exceptionnelle. Des dizaines de milliers de membres des forces de sécurité ont été mobilisés quotidiennement, incluant des personnels de la police nationale, de la gendarmerie, de la préfecture de police de Paris, des militaires de l’opération Sentinelle, ainsi que des réservistes et agents contractuels. L’effort logistique a concerné l’hébergement temporaire, les équipements spécifiques, l’intensification des rotations, et la continuité opérationnelle sur plusieurs semaines.

La Cour des comptes souligne que cette mobilisation a été rendue plus coûteuse par l’absence de préparation budgétaire pluriannuelle. L’essentiel des crédits a été débloqué en urgence entre fin 2023 et le printemps 2024, ce qui a entraîné une inflation des prix sur les prestations de sécurité privée, la location d’équipements techniques et les marchés de cybersécurité. La surveillance électronique a été renforcée à très grande échelle, notamment à travers l’installation de milliers de caméras supplémentaires et le recours ponctuel à des dispositifs de captation algorithmique.

Coordination interministérielle et innovations technologiques

La sécurisation des JO de Paris 2024 a exigé une coordination permanente entre plusieurs structures. Un centre opérationnel national avait été installé au sein du ministère de l’Intérieur, en lien avec le comité d’organisation et les services de renseignement. Les armées ont apporté leur soutien sur la sécurisation de l’espace aérien, la protection d’installations critiques et l’appui aux forces de l’ordre sur le terrain. L’Agence nationale de la sécurité des systèmes d’information (ANSSI) a été chargée de la cybersécurisation des systèmes connectés, notamment ceux utilisés pour la billetterie, la communication entre services et les contrôles d’accès.

Des technologies de détection comportementale ont été testées dans les gares et les abords des stades. Les drones ont été utilisés de manière encadrée pour la surveillance de sites sensibles. Des systèmes de radiocommunication cryptée, habituellement réservés à des usages militaires, ont été mis à disposition de certaines unités d’intervention rapide. Ce transfert de technologie, validé en amont par la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL), s’inscrit dans une logique de dualité civil-défense.

 

Une doctrine sécuritaire à stabiliser pour l’avenir

Au-delà du bilan financier, le rapport de la Cour des comptes appelle à une clarification doctrinale. Il recommande que tout événement de portée internationale fasse l’objet d’une planification budgétaire spécifique dès la phase de candidature. Une réflexion est également engagée sur la nécessité d’un cadre juridique adapté à la sécurité événementielle exceptionnelle, notamment en matière de commande publique, de droit du travail pour les personnels mobilisés, et d’encadrement des dispositifs technologiques.

Le rapport final d’évaluation des JO est attendu pour le 1er octobre 2025. Il devra mesurer l’efficacité réelle du dispositif sécuritaire, identifier les points d’amélioration et proposer une doctrine plus lisible pour les grands événements futurs, à commencer par les Jeux d’hiver de 2030.

 



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