Un survol illégal dans une zone hautement sensible
Lundi 10 novembre dernier, aux environs de 19 heures, un drone a été repéré au-dessus du site industriel d’Eurenco à Bergerac, en Dordogne. L’appareil aurait effectué deux passages successifs au-dessus de cette usine classée sensible, sans qu’il soit possible de l’intercepter ni d’en identifier le télépilote. Les autorités locales ont confirmé l’ouverture d’une enquête pour déterminer l’origine et les motivations de ce survol illégal.
Ce site stratégique, capable de produire jusqu’à 1.200 tonnes de poudre propulsive chaque année, joue un rôle clé dans l’approvisionnement en munitions de l’armée française. En raison de sa nature, il est placé sous haute surveillance et bénéficie de protocoles de sécurité renforcés. La préfecture a indiqué que de nouvelles mesures de protection avaient été immédiatement mises en œuvre dès la détection du drone.
Les enquêteurs de la direction interdépartementale de la police nationale ont été chargés du dossier. Ils recherchent activement le télépilote, susceptible d’encourir de lourdes sanctions pour avoir volontairement survolé une zone interdite. Parallèlement, la société Eurenco a annoncé son intention de déposer plainte afin de soutenir l’action judiciaire.
Eurenco, acteur stratégique du réarmement européen
Fondée en 2004, Eurenco est un pilier de l’industrie de la Défense européenne. L’entreprise produit des poudres propulsives et explosives utilisées dans de nombreuses munitions : obus, missiles, torpilles ou encore bombes aériennes. Son implantation à Bergerac, relancée en mars dernier après près de vingt ans d’arrêt, s’inscrit dans une politique de relocalisation de la production d’armement sur le sol français.
Cette unité de Dordogne marque une étape majeure dans le renforcement de l’autonomie stratégique de la France et de l’Europe. À une époque où les tensions géopolitiques se multiplient, la réouverture de ce site vise à sécuriser la chaîne d’approvisionnement militaire. Avec un chiffre d’affaires d’environ 500 millions d’euros en 2024 et plus de 1.700 employés répartis sur plusieurs sites en France, en Suède et en Belgique, Eurenco occupe une position de premier plan dans le secteur de la Défense.
Le survol du drone, bien que sans conséquence immédiate, soulève néanmoins des inquiétudes sur la sécurité des installations industrielles liées à la Défense. La multiplication des incidents de ce type, en France comme à l’étranger, met en lumière les limites des dispositifs actuels de détection et d’interception des drones. Les autorités redoublent désormais d’efforts pour prévenir toute tentative d’espionnage ou d’atteinte à la sûreté nationale.

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