Guerre en Ukraine : Berlin s’interroge sur un rôle militaire accru

Depuis le début du conflit, l’Allemagne a progressivement accru son appui à Kiev. En juin 2025, le gouvernement de Berlin a annoncé une enveloppe additionnelle de 1,9 milliard d’euros, portant l’aide militaire allemande totale pour l’année à 9 milliards d’euros, selon TF1info et Boursorama. Cette contribution place l’Allemagne parmi les premiers donateurs européens. Pour autant, la perspective d’un déploiement de troupes reste exclue à ce stade.

Le 18 août 2025, lors d’une déclaration publique à Tokyo, Johann Wadephul, ministre allemand des Affaires étrangères, a déclaré : « Nous sommes au début d’un processus difficile », exprimant la retenue du gouvernement sur une participation armée, d'après RTL Info. Il a précisé qu’aucun consensus européen n’existait à ce sujet, rendant une telle hypothèse politiquement prématurée. Malgré cela, Berlin multiplie les formes de soutien logistique et technologique. En mai, Friedrich Merz avait annoncé que l’Allemagne aiderait l’Ukraine à produire des missiles de longue portée sans restriction, un changement stratégique significatif, selon des informations rapportées par Le Monde.

À travers une diplomatie offensive, Berlin tente d’ancrer son rôle dans la reconstruction et la modernisation des capacités militaires ukrainiennes. Selon le site officiel du ministère allemand des Affaires étrangères, 34 milliards d’euros ont déjà été alloués par l’Allemagne à l’Ukraine depuis le début du conflit, et 38 milliards supplémentaires sont prévus dans les mois à venir. Ce soutien global inclut des livraisons d’armes, une aide humanitaire et la formation des troupes ukrainiennes.

En juillet 2025, les gouvernements allemand et américain ont conjointement annoncé l’envoi de cinq systèmes de défense aérienne Patriot en Ukraine, selon des informations d'Euronews. Ces batteries antimissiles jouent un rôle crucial dans la protection des infrastructures stratégiques, notamment face aux attaques russes sur le réseau énergétique. Par ailleurs, le président ukrainien Volodymyr Zelenski a confirmé avoir conclu plusieurs accords de codéveloppement industriel dans le domaine de la défense avec Berlin. Ces partenariats visent à renforcer l’autonomie militaire de l’Ukraine tout en assurant à l’Allemagne un rôle clé dans l’après-conflit.

Sur le plan militaire, la Bundeswehr doit faire face à ses propres limites. Entre obligations OTAN et redéploiement vers l’Est, les effectifs disponibles pour une éventuelle mission offensive sont contraints. Certains responsables militaires jugent le système de défense allemand trop étiré pour envisager une présence sur le terrain ukrainien sans sacrifier d’autres engagements stratégiques. L’éventualité d’une mission de paix sous mandat international a néanmoins été évoquée dans certains cercles proches du gouvernement. Si cette piste reste marginale, elle illustre la complexité des choix allemands dans un contexte où le soutien à l’Ukraine devient aussi un marqueur de crédibilité militaire européenne.

Enfin, au niveau politique, les partis de la coalition au pouvoir divergent sur la ligne à adopter. Tandis que la CDU plaide pour une posture plus affirmée, le SPD (Parti social démocrate) et les Verts insistent sur une approche multilatérale et prudente. Ce clivage structurel freine toute avancée décisive sur une potentielle intervention directe.