Un programme à 6'3 milliards de livres à nouveau secoué par un incident majeur
L’armée britannique a mis en pause l’ensemble des activités d’entraînement avec le véhicule blindé Ajax, après un grave incident survenu lors d’un exercice ce week-end. Selon le ministère de la Défense (MoD), environ 30 soldats ont présenté des symptômes liés au bruit et aux vibrations après avoir utilisé le blindé sur Salisbury Plain. Un porte-parole du MoD précise que certains militaires ont dû être pris en charge par des médecins spécialistes, même si « la grande majorité » a depuis été autorisée à reprendre le service.
Le journal The Times rapporte que plusieurs soldats sont sortis du véhicule en vomissant, tandis que d’autres tremblaient tellement violemment qu’ils ne pouvaient plus contrôler leurs mouvements. Face à l’ampleur des symptômes, le ministre de la Préparation à la défense et de l’Industrie a ordonné une suspension de deux semaines de l’utilisation de l’Ajax dans tous les entraînements et exercices militaires, « par abondance de prudence ».
Une petite quantité d’essais techniques continuera néanmoins, afin d’identifier avec précision la nature du problème et d’y remédier.
Cet incident intervient alors que, quelques semaines plus tôt, le gouvernement britannique affirmait être « confiant » que des alliés de l’OTAN seraient intéressés par l’achat du blindé fabriqué par General Dynamics à Merthyr Tydfil, au sud du pays de Galles.
Le ministre de la Défense Luke Pollard déclarait encore récemment que l’Ajax avait « laissé ses problèmes derrière lui », après que le véhicule eut obtenu la capacité d’exploitation initiale (IOC), permettant théoriquement le déploiement opérationnel d’un escadron complet.
Pourtant, l’histoire du programme contredit cette vision optimiste.
Un blindé futuriste plombé par les retards, les douleurs et les critiques
L’Ajax, destiné à remplacer les CVR(T) entrés en service en 1971, devait initialement être opérationnel en 2019. Mais le programme a accumulé retards et controverses, notamment parce que des soldats testeurs avaient déjà été blessés par le bruit et les vibrations du véhicule lors d’essais précédents.
En 2023, un examen officiel du programme à 6'3 milliards de livres concluait à l’existence de « problèmes systémiques, culturels et institutionnels » au sein du MoD, ainsi qu’à un « nombre d’erreurs de jugement » au cours du développement.
À ce jour, plus de 160 Ajax ont été construits, sur les 589 prévus. Avant cette nouvelle suspension, il était estimé que la pleine capacité opérationnelle ne serait pas atteinte avant encore quatre ans.
Malgré cela, Luke Pollard déclarait le 5 novembre que l’Ajax était « le véhicule blindé de combat de poids moyen le plus avancé de la planète », affirmant disposer désormais « de plus qu’un escadron plein prêt à se battre ».
Le nouvel incident du week-end vient durement contredire cette communication. Il soulève surtout une question : comment l’un des programmes les plus coûteux de l’armée britannique peut-il encore provoquer des malaises massifs, douze ans après son lancement et malgré plusieurs phases de correction ?

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