Enderi

Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable


Avion du futur : IG Metall veut virer Dassault aviation du projet Scaf




Publié par François Lapierre le 11 Décembre 2025

Depuis Berlin, le 10 décembre 2025, la polémique enfle autour du Scaf, programme d’avion de combat du futur censé symboliser la coopération industrielle européenne. Alors que les tensions entre Dassault Aviation et Airbus ralentissent déjà depuis plus de huit ans l’avancée du projet, IG Metall, syndicat majeur de l’industrie allemande de la défense, demande désormais l’exclusion pure et simple de l’avionneur français.



IG Metall attaque frontalement Dassault Aviation dans le Scaf

L’escalade a commencé avec l’envoi d’une lettre datée du 8 décembre 2025. Signée par Jürgen Kerner, vice-président d’IG Metall, elle est adressée aux ministres allemands Boris Pistorius et Lars Klingbeil. Le syndicat y déclare ne plus considérer Dassault Aviation comme un partenaire fiable dans le programme Scaf, ce qui menace directement le développement de cet avion de combat de nouvelle génération, explique Reuters. Dans ce courrier, IG Metall affirme : « Nous sommes heureux de collaborer avec des entreprises françaises, mais pas avec Dassault », une position qui tranche nettement avec les discours habituels de coopération industrielle.

Cette prise de position s’accompagne d’une accusation plus lourde encore : selon Jürgen Kerner, Dassault aurait « bafoué la coopération européenne pour des raisons égoïstes ». Cette critique, rare dans un secteur où les discussions restent généralement confinées aux négociations industrielles, met en lumière la forte dégradation des relations entre les parties prenantes du Scaf, alors même que ce programme doit structurer l’aviation de combat européenne pour plusieurs décennies.

De son côté, le ministère allemand de la Défense a confirmé avoir reçu la lettre, tout en refusant d’en commenter le contenu. Cette réserve contraste avec la fermeté d’IG Metall, qui insiste sur le fait que Dassault « s’est complètement disqualifié en tant que partenaire fiable au sein de l’Europe en cette période de menace aiguë ». Tout indique que cette rupture de confiance revendiquée par le syndicat dépasse la simple contestation technique.

Un programme de défense stratégique fragilisé

Le Scaf, estimé à environ 100 milliards d’euros, a pour ambition de remplacer dès 2040 les avions Rafale français et Eurofighter allemands et espagnols. Ce projet monumental vise à créer un système de combat collaboratif, articulé autour d’un avion piloté de sixième génération, épaulé par des drones et relié à un réseau de traitement d’information de dernière génération. Théoriquement, ce système doit donner à l’Europe une autonomie stratégique dans le domaine crucial de l’aviation de combat.

Pourtant, les tensions internes n'ont cessé de croître. Depuis plus de huit ans, Dassault Aviation et Airbus s’opposent sur le partage des tâches et sur les questions de droits technologiques. Selon plusieurs sources industrielles, les négociations patinent au point que certains responsables politiques allemands évoquent désormais la possibilité d’un repli national si le blocage persiste. Dans ce contexte déjà très tendu, la charge d’IG Metall apparaît comme un nouveau facteur de déséquilibre.

Ce syndicat, qui représente plus de deux millions de travailleurs, possède un poids considérable dans l’industrie allemande. Sa demande d’exclusion de Dassault Aviation du Scaf n’est donc pas un simple coup d’éclat. Elle reflète une inquiétude profonde à propos de la gouvernance du programme et du rôle assigné à chaque industriel. L’implication d’IG Metall dans ce débat révèle aussi les dimensions sociales et politiques du projet, bien plus larges qu’une simple coopération technologique.



Nouveau commentaire :

ENDERI promeut la liberté d'expression, dans le respect des personnes et des opinions. La rédaction d'ENDERI se réserve le droit de supprimer, sans préavis, tout commentaire à caractère insultant, diffamatoire, péremptoire, ou commercial.