Journaliste franco-israélienne chevronnée, Nathalie Nagar n’est plus simplement celle qui interroge, analyse ou rapporte. Elle devient témoin. Témoin d’un effondrement collectif, témoin d’une guerre vécue en direct avec ses enfants dans les abris, témoin d’un pogrom contemporain. Sa plume tremble parfois, mais elle ne dévie pas. Dans une succession de textes courts et tranchants, souvent publiés initialement sous forme d’éditos ou de notes prises à chaud, elle mêle colère contenue et lucidité glaçante.
Nathalie Nagar, c’est cette voix reconnaissable entre toutes sur i24NEWS, celle qui sait garder son sang-froid à l’antenne, mais que le fracas du réel finit par rattraper. « Que fait-on quand le métier d’informer devient un combat existentiel ? » interroge-t-elle. Dans ce récit hybride – entre journal de bord, cri d’amour pour Israël et mise en accusation d’un antisémitisme décomplexé – elle refuse de choisir entre la journaliste, la mère, la femme juive, la citoyenne engagée.
Le livre commence dans la sidération : les premières alertes, les enfants qu’il faut rassurer, la télévision qu’il faut éteindre, les abris qu’il faut réaménager en campements de fortune. Puis vient la prise de parole. Une parole que Nagar veut juste, mais qui ne peut plus être neutre. Parce qu’à l’ère des « éditorialistes Twitter » et des procès en partialité, la vérité semble avoir besoin d’alliés.
Elle écrit contre la barbarie, contre les slogans creux, contre les raccourcis médiatiques, contre les « neutralités » qui, parfois, masquent les lâchetés. Mais elle écrit surtout pour ses enfants, pour ses grands-mères juive ashkénaze et juive sépharade, pour cette mémoire fragmentée que la Shoah et l’exil algérien continuent de tisser. Elle écrit pour que la honte change de camp.
Rarement un récit journalistique aura mêlé avec autant de justesse l’intime et le politique. Dans Les journalistes se cachent pour pleurer, il n’y a ni didactisme ni manichéisme, mais un refus absolu du silence. Il y a surtout cette volonté farouche de rester debout, de nommer les choses, de se battre avec l’arme la plus simple et la plus redoutable : les mots.
Un livre de guerre, donc. Mais une guerre des consciences.