Les frappes montrent donc autre chose : une démonstration de force. En mer des Caraïbes, le porte-avions USS Gerald R. Ford et huit navires de guerre croisent au large des côtes vénézuéliennes. L’USS Gravely a quant à lui quitté Port of Spain fin octobre après des manœuvres conjointes. Washington a même autorisé la CIA à mener des opérations secrètes dans le pays ; l’ennemi désigné n’est plus seulement la drogue : c’est Nicolás Maduro.
Trump assume un tournant : l’homme qui jurait en 2020 qu’il « n’enverrait plus jamais de troupes à l’étranger » renoue avec un vieux réflexe américain : intervenir dans son « arrière-cour ». Maduro, en réponse, dénonce une « guerre folle » et un retour de « l’impérialisme américain ». Il redoute surtout que la prochaine cible soit la sienne.
Dans les coulisses, un autre acteur tire les fils : Marco Rubio. Ancien sénateur de Floride et fils d’exilés cubains, il est aujourd’hui secrétaire d’État. Son agenda est clair : faire tomber le régime chaviste, soutenir l’opposition menée par María Corina Machado (récente prix Nobel de la paix) et, au passage, remettre la main sur le pétrole. Car le Venezuela détient près de 20 % des réserves mondiales.
Trump avait pourtant tenté la négociation. Son envoyé spécial, Richard Grenell, avait échangé avec Caracas la libération de six Américains contre l’expulsion de membres du gang Tren de Aragua. Maduro avait même offert un accès préférentiel aux compagnies pétrolières américaines. Mais D.Trump a refusé, non pas par désintérêt mais parce qu'il veut le pétrole sans Maduro.
L’offensive ne s’arrête pas aux frontières vénézuéliennes car il y a deux mois, la Colombie a été rayée de la liste des pays « coopérants » dans la lutte antidrogue. Washington accuse en effet son président, Gustavo Petro, d’être complice des trafics. Cette accusation est jugée infondée, même par son opposition.
Ainsi, la guerre à la drogue cache une guerre d’influence. Sous prétexte de moraliser les flux, Trump ressuscite la diplomatie du muscle en Amérique du Sud. Son message est simple : le temps du dialogue est fini.

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