Le 11 août 2025, les ministres des Affaires étrangères des 27 États-membres se sont réunis en urgence à Bruxelles. En ligne de mire : le sommet annoncé entre Donald Trump et Vladimir Poutine, prévu le 15 août 2025 en Alaska. Pour Bruxelles, ces pourparlers ne peuvent se dérouler en vase clos. Les dirigeants européens veulent éviter qu’un compromis bilatéral n’ignore les intérêts de l’Ukraine.
Pressions diplomatiques avant les pourparlers avec la Russie
Les capitales européennes redoutent qu’un tête-à-tête Trump–Poutine ouvre la voie à un accord partiel ou déséquilibré. Plusieurs dirigeants, dont Emmanuel Macron, Giorgia Meloni, Friedrich Merz, Donald Tusk, Keir Starmer et Alex Stubb, ont coordonné leurs efforts. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a appuyé la démarche, réclamant la présence de Kiev à la table des discussions.
Kaja Kallas, haute représentante de l’UE pour les affaires étrangères, a insisté : « Tout accord entre les États-Unis et la Russie doit inclure l'Ukraine et l'Union européenne, car c'est une question de sécurité pour l'Ukraine et pour l'ensemble de l'Europe », rapporte France 24.
Volodymyr Zelensky, lui, a intensifié ses contacts : 13 entretiens avec des chefs d’État européens en moins de 48 heures et des appels aux dirigeants du Kazakhstan et de l’Azerbaïdjan.
Manœuvres russes et signaux d’isolement européen
Du côté russe, Vladimir Poutine a multiplié les échanges avec 9 homologues, dont Xi Jinping, Narendra Modi et Inácio Lula da Silva, révèle France 24. Selon les diplomates, cette séquence vise à afficher un front international prêt à peser face à Washington et Bruxelles.
Cette diplomatie tous azimuts coïncide avec un regain d’activité militaire. Dans la nuit précédant la réunion européenne, Moscou a lancé une centaine de drones Shahed sur plusieurs oblasts ukrainiens, tandis que Kiev revendiquait des frappes sur une raffinerie à Saratov, en Russie.
Ligne rouge : éviter des pourparlers qui marginalisent Kiev
Pour Bruxelles, l’issue du sommet d’Alaska dépendra largement de la capacité à imposer des conditions minimales : inclusion de l’Ukraine, garanties sur la souveraineté territoriale, et alignement avec les résolutions de l’ONU. Les Européens craignent que des concessions sur des territoires — évoquées par certains analystes — fragilisent l’architecture de sécurité régionale.
Sur le terrain, Kiev continue d’afficher sa résistance. L’armée ukrainienne a annoncé la reprise du village de Bezsalivka dans l’oblast de Soumy, un secteur régulièrement visé par l’artillerie russe.
Une bataille diplomatique qui se joue avant même les pourparlers
À quatre jours de la rencontre Trump–Poutine, les lignes restent mouvantes. L’Union européenne s’active pour que les pourparlers ne deviennent pas un marché bilatéral. Mais le rapport de force diplomatique, mêlant pressions militaires et alliances stratégiques, reste plus incertain que jamais.