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ArianeGroup transfère l’assemblage du moteur Vinci vers l’Allemagne




Publié par Jehanne Duplaa le 29 Octobre 2025

ArianeGroup a annoncé la signature d’un accord majeur avec le Centre aérospatial allemand (DLR) pour transférer l’assemblage final du moteur supérieur Vinci du lanceur Ariane 6 de Vernon, en Normandie, vers le site de Lampoldshausen, en Allemagne. Ce déplacement stratégique illustre la réorganisation industrielle du spatial européen autour de pôles d’excellence franco-allemands.



ArianeGroup transfère l’assemblage du moteur Vinci vers l’Allemagne
Le 24 octobre 2025, ArianeGroup, maître d’œuvre du lanceur européen Ariane 6, a officialisé un accord prévoyant le transfert de l’intégration et des essais de réception du moteur Vinci vers Lampoldshausen. Ce moteur, pièce maîtresse du programme Ariane 6, est au cœur de la coopération industrielle entre la France et l’Allemagne. Selon ArianeGroup, cette décision vise à optimiser la production, renforcer la synergie entre les sites européens et assurer la compétitivité du secteur spatial européen face à la concurrence internationale.

Un recentrage industriel au cœur du modèle européen

Le moteur Vinci, développé pour la propulsion de l’étage supérieur d’Ariane 6, est l’un des symboles de la collaboration franco-allemande dans le domaine spatial. Jusqu’à présent, son assemblage était assuré à Vernon, où ArianeGroup concentre les activités de recherche et de développement sur les systèmes de propulsion liquide. Désormais, selon le communiqué de l’industriel, « l’ensemble de la production finale, de l’intégration système et des essais de réception du moteur Vinci seront transférés à Lampoldshausen », site du DLR en Bade-Wurtemberg.

Ce changement s’inscrit dans une logique d’optimisation des flux industriels. Lampoldshausen, reconnu comme le centre européen des essais de propulsion, dispose déjà des infrastructures nécessaires pour accueillir la ligne d’assemblage. D’après ArianeGroup, le site allemand permettra de produire jusqu’à 12 moteurs Vinci par an, une capacité jugée indispensable pour soutenir le rythme des futurs lancements d’Ariane 6. Cette montée en puissance s’effectuera tout en maintenant la conception et les technologies clés du moteur en France.


ArianeGroup mise sur la complémentarité franco-allemande

Pour ArianeGroup, l’accord signé à Lampoldshausen n’est pas un désengagement français mais un renforcement de la coopération européenne. Jens Franzeck, Chief Industrial Officer du groupe, a déclaré que « le moteur Vinci est un formidable exemple de l’ADN franco-allemand du groupe. L'intégration du Vinci à Lampoldshausen témoigne de la coopération fructueuse avec le DLR et l'ESA et souligne notre engagement en faveur d'une Europe spatiale souveraine et unie. ». Cette déclaration illustre la volonté du constructeur de consolider une chaîne industrielle répartie entre sites spécialisés, chacun concentré sur son domaine d’excellence.

En pratique, Vernon continuera à produire les sous-ensembles critiques, notamment les turbopompes et les équipements cryogéniques. Les chambres de combustion, quant à elles, sont développées et fabriquées à Ottobrunn, près de Munich. Le transfert vers Lampoldshausen permettra donc de rapprocher la phase d’intégration finale du lieu d’essais, réduisant les délais logistiques et améliorant la réactivité industrielle. Pour Walther Pelzer, membre du conseil exécutif du DLR, « il s’agit d’un fort engagement en Allemagne dans les technologies avancées, garantissant non seulement des emplois hautement qualifiés, mais aussi le renforcement de notre souveraineté technologique », rapporte un communiqué publié par le Centre.


Un choix stratégique pour l’Europe spatiale

Au-delà de la simple rationalisation industrielle, cet accord répond à un enjeu stratégique : garantir l’autonomie européenne dans le domaine des lanceurs. En concentrant l’assemblage du moteur Vinci à Lampoldshausen, l’Allemagne renforce sa position dans la chaîne de valeur du spatial européen, tandis que la France conserve le leadership technologique sur la propulsion liquide. Ce partage des responsabilités s’inscrit dans la politique industrielle promue par l’Agence spatiale européenne (ESA), soucieuse de préserver un équilibre entre les contributions nationales.

L’ESA salue d’ailleurs cette répartition. Sa présidente, Anke Kaysser-Pyzalla, a souligné que « le site du DLR à Lampoldshausen est le cœur européen des systèmes de propulsion spatiale. Grâce à nos infrastructures uniques et à l’engagement de nos équipes, nous apportons une contribution décisive à l’avenir du transport spatial européen », rapporte le communiqué. L’institution rappelle que cette coopération s’inscrit dans la continuité du modèle Ariane, où chaque pays partenaire assure une part spécifique de la chaîne de production.

Pour ArianeGroup, cette évolution permettra d’améliorer la compétitivité face à SpaceX et aux nouveaux acteurs commerciaux. L’industriel espère réduire les coûts de production et augmenter le taux de cadence. L’objectif affiché est clair : soutenir la souveraineté européenne dans l’accès autonome à l’espace tout en maintenant la qualité et la fiabilité reconnues du moteur Vinci. L’entreprise estime que cette nouvelle organisation sera pleinement opérationnelle à partir de 2026, en parallèle de la montée en cadence des lancements d’Ariane 6.




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