Lucy au TGCC : pourquoi cet ordinateur quantique change la donne
Lucy n’est pas un prototype de laboratoire. Lucy est un ordinateur quantique photonique « universel » conçu pour fonctionner au contact du calcul intensif. D’après le CEA, Lucy, couplé à Joliot-Curie, devra permettre des flux de travail HPC–quantique plus réalistes, où l’ordinateur quantique prend en charge des sous-problèmes optimaux tandis que les supercalculateurs effectuent le gros du calcul classique, ce qui ancre Lucy dans l’écosystème exascale français, selon le CEA. « Dans la course mondiale vers l'ordinateur quantique, la livraison au CEA de Lucy, le calculateur photonique le plus puissant d'Europe, constitue une étape majeur de l'ambition quantique française et européenne », a déclaré Philippe Lavocat, président-directeur général de GENCI, confirmant l’ambition européenne derrière Lucy et son couplage à Joliot-Curie puis à Alice Recoque en 2026.
Lucy apporte surtout des garanties d’intégration. Lucy a été assemblé en douze mois, avec environ 80 % de composants européens, et toutes les pièces critiques sourcées en Europe, ce qui limite les dépendances et consolide la souveraineté technologique. Pour l’utilisateur final, Lucy expose un environnement logiciel cohérent, basé sur Perceval et MerLin, afin de programmer l’ordinateur quantique sans rupture avec l’infrastructure existante. Dans son communiqué, Quandela souligne la finalité : « La livraison de Lucy n’est pas seulement une nouvelle étape, c’est un élément clé pour l’avenir du calcul hybride en Europe », ce qui situe Lucy au cœur d’une stratégie d’usage et non d’une simple vitrine.
Lucy, un ordinateur quantique aux objectifs industriels et de défense
Lucy sert d’abord à tester des cas d’usage industriels, et Lucy vise des problèmes d’optimisation difficilement tractables classiquement. Quandela cite pour Lucy des cibles comme les réseaux énergétiques, l’optimisation de portefeuilles, la gestion de chaînes logistiques, la conception aérospatiale, les matériaux et l’optimisation de trajectoires, ce qui traduit l’orientation vers des secteurs régaliens et fortement capitalistiques. Dans le même esprit, IT Social confirme que Lucy s’inscrit dans EuroQCS-France et que Lucy doit devenir le nœud d’une infrastructure hybride prête pour 2026, avec des accès distants déjà opérationnels via le portail eDARI pour préparer l’embarquement des équipes.
Lucy intéresse aussi la défense. Lucy, au TGCC, est hébergé au sein d’un site critique maîtrisant les infrastructures à haute sécurité, ce qui facilite des expérimentations sensibles. Par conséquent, Lucy peut contribuer à la simulation électromagnétique, à la mécanique des structures ou à l’analyse de menaces complexes, autant de domaines mentionnés par la communication institutionnelle autour de Lucy. Programmez rappelle que Lucy est « le plus puissant […] jamais déployé dans un centre de calcul européen », soulignant l’enjeu pour l’autonomie stratégique et pour l’écosystème d’innovation duale français. À court terme, Lucy doit aider à évaluer la valeur ajoutée réelle des algorithmes quantiques sur des données industrielles, et Lucy doit aussi forcer l’alignement entre sécurité des données et performances, condition sine qua non de l’adoption.
Lucy en pratique : caractéristiques, calendrier et usages concrets de l’ordinateur quantique
Lucy repose sur 12 qubits photoniques. Lucy vise une exploitation « universelle » numérique, avec une architecture pensée pour des portes quantiques fiables et des circuits adaptables aux problèmes d’optimisation. Le cœur de Lucy est photonique : Lucy manipule des photons uniques injectés vers une puce où ils interfèrent pour réaliser un calcul, un fonctionnement popularisé par les équipes de Quandela. Surtout, le CEA précise que Lucy sera ouvert « au début de 2026 » après une phase d’acceptation, pendant laquelle Lucy est validé sur des jeux de tests représentatifs, ce qui garantit la stabilité nécessaire aux premiers appels à projets.
Lucy n’arrive pas dans le vide. Lucy bénéficie déjà d’un dispositif d’acculturation. Selon le CEA, des webinaires et des formations sont en cours avec GENCI et Quandela pour préparer les communautés. Dans son communiqué, Quandela liste les cas d’usage prioritaires et indique que Lucy « sera mis à la disposition d’une large communauté d’utilisateurs européens », promesse qui s’appuie sur les accès cloud existants à d’autres QPU photoniques hébergés à Massy, afin que les équipes développent dès maintenant leurs algorithmes avant la bascule sur Lucy au TGCC. Dans cette perspective, Lucy devient un accélérateur d’expertise : plus tôt les industriels et laboratoires codent, plus vite Lucy manifestera des gains, même incrémentaux, sur des pipelines hybrides concrets.

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