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Les drones français peuvent-ils être compétitifs en Ukraine ?




Publié par Paul-Gabriel LANTZ le 18 Novembre 2025

À court terme, les drones français peuvent être utiles en Ukraine, mais ils ne seront compétitifs que s’ils s’alignent sur la logique d’une guerre industrielle : coût unitaire bas, production de masse, intégration dans l’écosystème ukrainien. Sinon, ils resteront marginaux et déployés uniquement pour protéger des sites ultra-sensibles.



Des succès technologiques et politiques, mais dans un marché déjà saturé

Le 20 octobre 2025, le système d’intercepteurs d’Alta Ares a été validé sur le site d’Essais de missiles de Biscarrosse, avant d’être déployé en Ukraine une dizaine de jours plus tard, avec des premières interceptions confirmées de Shahed/Geran russes.
Le 17 novembre, le président Zelensky a pu voir à Paris le nouveau drone Black Bird, intercepteur ultra-rapide (570 km/h) destiné à contrer les générations les plus rapides de Shahed, nommés Geran-3.
Sur le papier, la proposition française coche donc beaucoup de cases :
  • Validation OTAN, intégration avec des radars Thales/Ecodyne et un « dôme tactique » de protection.
  • Algorithmes d’IA embarqués (Pixel Lock) qui font passer le taux d’interception revendiqué de 40 % à 70 % sur des menaces de type Shahed, selon Alta Ares.
  • Un nouvel intercepteur Black Bird pensé pour les Shahed les plus rapides.
Techniquement, les drones français sont donc crédibles. Mais la question n’est pas là. Elle réside dans le rapport coût / volume / effet.

La vraie bataille : coût unitaire et production de masse

Côté russe, les salves de drones sont désormais dimensionnées pour saturer les défenses : on parle régulièrement d’attaques impliquant 300 à 400 drones Shahed et Gerbera (leurres et versions modifiées) sur un seul raid.
Le coût d’un Shahed-136 (Geran-2 produit en Russie) est estimé entre 35 000 et 50 000 dollars l’unité selon les études disponibles.
D’un point de vue strictement techno, ces drones français remplissent plutôt bien leur mission.
Mais avec :
  • Des leurres à 3 500–4 500 €.
  • Des bons intercepteurs ukrainiens à 1 600€ – 2 500 €.
Les intercepteurs français, environ 8 fois plus chers que ces derniers, sont mécaniquement inadaptés à une guerre industrielle où la Russie tire 440 vecteurs par nuit, dont 90 % ne sont même pas armés. Ils demeureront réservés à la protection de sites très sensibles, où on accepte de payer plus cher pour un taux d’interception un peu meilleur.


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