Le renseignement ukrainien se dote d’une capacité de détection radar satellitaire grâce à un partenariat public-privé innovant

Selon le communiqué de Rheinmetall du 11 novembre 2024, les premières livraisons d’images ont commencé dès octobre. Cet accord permet de compléter la game des capteurs ukrainiens du renseignement  - Renseignement d’Origine Électromagnétique (ROEM) et optique - et de réduire la dépendance aux services américains. Il s’inscrit dans la coopération approfondie annoncée en septembre 2024, lorsque Rheinmetall avait obtenu les droits exclusifs de commercialisation, à la fois à des fins gouvernementales et militaires, des satellites ICEYE en Allemagne et en Hongrie.

 

L’Ukraine a posé dès 2022 les bases de son accès au renseignement spatial avec le projet « People’s Satellite », financé par la Serhiy Prytula Foundation, association dont l’objectif est de venir en aide aux « défenseurs de Kyiv ». Ce contrat initial avec ICEYE lui garantissait un satellite dédié et un accès total à la constellation mondiale permettant de réaliser des revisites rapides de sites d’intérêt. 
Côté industriel, Rheinmetall a lancé en mai 2025 la coentreprise Rheinmetall ICEYE Space Solutions, destinée à produire des satellites SAR en Europe, sécurisant ainsi la chaîne d’approvisionnement et augmentant la cadence de production de sattelites. 

 

L’imagerie SAR permet d’observer à travers la couverture nuageuse et de nuit, avec une résolution métrique et une stabilité géométrique adaptées au suivi de cibles tactiques (dépôts, défenses antiaériennes, déplacements). Pour Kyiv, la réservation d’un créneau prioritaire et l’accès direct à la flotte ICEYE réduisent la friction opérationnelle et accélèrent la kill chain :  détection, décision, frappe. Cet accord du 11 novembre formalise un canal européen après plusieurs restrictions imposées par les fournisseurs américains, et inscrit la donnée SAR dans une architecture multi-fournisseurs, garante d’une continuité d’accès.

 

La montée en puissance du tandem Rheinmetall-ICEYE traduit l’émergence d’un nouveau pilier spatial européen : production sur le sol allemand, clients gouvernementaux multiples et cohérence doctrinale avec l’OTAN. Cette privatisation du renseignement spatial offre à l’Ukraine un accès de qualité à l’imagerie radar.
    
Les priorités de développement en cours concernent la sécurisation des flux de données – face aux risques cyber et aux brouillages électroniques – ainsi que la fusion des différentes sources d’imagerie (radar SAR, optique et renseignement électromagnétique) afin d’améliorer la précision du ciblage.