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L'OTAN accèlère l'innovation militaire : le programme DIANA




Publié par La Rédaction le 21 Octobre 2025

DIANA (Defence Innovation Accelerator for the North Atlantic) est une organisation mise en place par l'OTAN afin de repérer, d’accélérer et de déployer des technologies à double usage (civil & défense) à travers les pays alliés. Elle a pour mission de réunir chercheurs, start-ups, entreprises technologiques, centres d’essai et pouvoirs publics à l’échelle transatlantique (Europe + Amérique du Nord) afin de répondre aux défis de sécurité émergents.



L’idée de DIANA est officiellement apparue lors du sommet de l’OTAN à Bruxelles en juin 2021, dans le cadre de l’initiative « NATO 2030 ». Les dirigeants alliés ont convenu de lancer une structure d’innovation technologique pour renforcer leur compétitivité et coopération dans les technologies critiques. En avril 2022, les ministres des Affaires étrangères de l’OTAN ont endossé une Charte formelle pour DIANA. En juin 2022, les chefs d’État et de gouvernement de l’Alliance l'ont validée lors du sommet de Madrid. Depuis, DIANA a mis en place un réseau d’accélérateurs et de centres de test à travers l’Alliance, et lancé des appels à projets (« challenge calls ») pour sélectionner des entreprises innovantes.

DIANA fonctionne selon plusieurs mécanismes clés :

  • Elle publie des “challenges”, c’est-à-dire des appels à candidatures sur des technologies à double usage correspondant aux priorités de l’OTAN (énergie, infrastructures critiques, cyber, espace, etc.).

  • Les entreprises ou start-ups sélectionnées bénéficient d’un financement non dilutif (elles ne cèdent pas de part) pour développer ou adapter leur technologie.

  • Elles ont aussi accès à un réseau d’accélérateurs, de centres de test et d’évaluation (laboratoires, terrains, environnements opérationnels) répartis dans les pays alliés.

  • DIANA facilite le lien entre l’innovation civile et les besoins militaires ou de sécurité des Alliés, en mettant en relation-entre autres les entreprises innovantes, les mentors, les investisseurs et les utilisateurs finaux (forces armées, agences de sécurité).
     


Domaines technologiques visés

DIANA cible principalement des technologies dites « deep tech » ou à double usage, notamment : intelligence artificielle (IA), autonomie, quantique, biotechnologies, matériaux nouveaux, énergie & propulsion, communications avancées, espace. L’enjeu est de faire émerger des solutions qui ne sont pas uniquement militaires, mais qui peuvent s’insérer dans le civil tout en apportant un avantage pour la défense ou la résilience collective.


  • En 2023, DIANA a annoncé que plus de 70 entreprises — issues de 20 pays alliés — avaient été sélectionnées pour l’accélérateur de 2025, parmi plus de 2 600 candidatures. Chaque entreprise obtenait un financement d’environ 100 000 €.

  • L’appel de juin 2025 a défini dix nouveaux domaines de challenge : énergie & puissance, communications avancées, environnements électromagnétiques contestés, biotechnologies & résilience humaine, infrastructures critiques & logistique, opérations en environnements extrêmes, opérations maritimes, espace résilient, autonomie & systèmes sans pilote, prise de décision assistée par données. Les candidats pouvaient soumettre des projets jusqu’au 11 juillet 2025.

  • Le réseau de DIANA s’est fortement étendu : par exemple, le nombre de centres d’essai est passé à plus de 180, et les sites d’accélérateur à plus de 20, couvrant plus de 28 pays alliés.

Pourquoi DIANA est-elle importante ?

  • Elle incarne la volonté de l’OTAN de rester technologiquement compétitive dans un monde où la supériorité ne repose plus seulement sur la masse militaire, mais sur l’innovation, l’agilité et la technologie.

  • Elle favorise la coopération transatlantique entre alliés dans un domaine (l’innovation dual-use) qui dépasse les logiques nationales traditionnelles.

  • Elle crée des ponts entre civil et militaire, ouvrant aux start-ups, PME et acteurs non-traditionnels l’accès à l’écosystème de défense, ce qui pourrait accélérer la diffusion de technologies critiques.

  • Elle contribue à la résilience collective de l’Alliance face aux menaces hybrides, cyber ou technologiques, en favorisant des solutions innovantes préemptives.

Enjeux et limites à surveiller

Malgré son fort potentiel, DIANA fait aussi face à plusieurs défis :

  • Le passage de l’essai à l’opérationnel : sélectionner des technologies est une chose, les déployer à grande échelle et les intégrer dans les forces alliées en est une autre. Le chemin vers la systématisation reste long.

  • La cohérence et l’harmonisation entre alliés : chaque pays a ses propres priorités et ses propres capacités d’innovation. Assurer que les start-ups soutenues par DIANA trouvent un débouché ou une appropriation par les forces alliées est un défi.

  • Le budget et le retour sur investissement : bien que les financements initiaux soient intéressants, l’enjeu est d’atteindre une masse critique de technologie adoptée pour que l’effort soit rentable.

  • Les questions de souveraineté technologique et de contrôle des chaînes d’approvisionnement sont centrales : l’innovation doit rester alliée à une stratégie de maîtrise et de sécurité des technologies critiques.

  • Enfin, l’équilibre entre l’innovation civile et militaire, et les questions éthiques ou réglementaires liées aux technologies dual-use (IA, biotechnologies, etc.) doivent être gérés avec prudence.

En résumé

DIANA est une initiative emblématique de l’OTAN visant à moderniser l’Alliance pour les défis du XXIᵉ siècle. En reliant start-ups, instituts de recherche, industrie, investisseurs et forces alliées, elle cherche à accélérer l’émergence de technologies dual-use capables de renforcer la défense et la sécurité collective. Si les résultats sont déjà tangibles — réseau large, milliers de candidatures, premiers financements — le véritable test sera la transition des innovations vers des usages réels et à grande échelle dans les forces alliées. Pour DIANA, l’année 2025 s’annonce comme une période charnière.




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