Le Maroc a lancé en avril 2025 un appel d’offres international pour la construction, l’équipement et l’exploitation du futur chantier naval de Casablanca, concession de 30 ans, d’un coût estimé à 300 millions de dollars, rapporte EcomNews. Simultanément, en septembre, des négociations sont en cours avec la France pour l’acquisition de sous‑marins Scorpène, qui seraient les premiers submersibles de la Marine royale, relève OpexNews. Le Maroc souhaite aligner ses ambitions maritimes, tant militaires que civiles, autour d’une vision de souveraineté territoriale et industrielle.
Le chantier naval de Casablanca : une pièce maîtresse de la stratégie maritime
Le projet de chantier naval à Casablanca vise à créer le plus grand chantier naval d’Afrique. Les spécifications techniques communiquées par EcomNews sont ambitieuses :
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superficie de 21 hectares pour le site à construire ou à concéder ;
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cale sèche de 244 mètres de long sur 40 mètres de large ;
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plateforme élévatrice de 150 mètres × 28‑40 mètres, capacité de 9 000 tonnes de levage ;
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quais d’accostage de 820 mètres linéaires avec un portique de charges lourdes de 450 tonnes.
Un point de tension : les conditions de l’appel à concession semblent exclure ou marginaliser les opérateurs nationaux, qui doivent justifier d’au moins 10 ans d’expérience dans des chantiers comparables, ce qui n’existe pas au Maroc actuellement, rapporte Médias24. Aussi, la majorité du capital exigée du candidat pourrait être détenue par l’opérateur étranger.
Les sous‑marins Scorpène : renforcement stratégique et dissuasion
Outre l’acquisition, l’offre française mettrait sur la table un « paquet » incluant transfert de compétences, implication locale et gestion potentielle du chantier naval de Casablanca en lien avec la nouvelle infrastructure.
En parallèle, d’autres concurrents sont évoqués : le groupe allemand TKMS, et dans certains cas des propositions russes. Toutefois, les sources indiquent que l’offre française semble bien placée actuellement.
Ambition marocaine : modernisation, BITD et souveraineté
Le chantier naval de Casablanca s’inscrit dans cette stratégie, non seulement comme site d’entretien ou de réparation, mais potentiellement de construction navale militaire, voire d’entretien de la composante sous‑marine que le Maroc envisage. Cela permettrait de réduire la dépendance aux fournisseurs étrangers de services après‑vente ou de maintenance lourde.
Le timing est aussi jalonné par des contrats récents : par exemple, début septembre 2025, l’achat de dix hélicoptères H225M Caracal pour les Forces Royales Air. Cela démontre la volonté de Rabat de moderniser sur plusieurs fronts, aérien, maritime, sous marin.
Enjeux, risques et contraintes
- Coût total de possession élevé : au delà de l’achat, les coûts de maintenance, de formation et de soutien logistique pour les sous‑marins sont significatifs. Le Maroc devra évaluer la capacité à entretenir ces unités sur le long terme.
- Capacités nationales limitées : comme souligné, l’expérience marocaine dans la construction ou la gestion de chantiers navals d’une telle taille est restreinte, ce qui rend le transfert de compétences et les partenariats industriels indispensables.
- Exigences des appels d’offres : la condition d’expérience (10 ans dans chantiers comparables), la majorité de capital exigée pour l’opérateur étranger, ou le calendrier serré, pourraient limiter la participation nationale.
- Concurrentialité européenne et géopolitique : TKMS (Allemagne), d’autres offres russes, ou constructeurs navals sud‑coréens font partie des alternatives. Le choix français, s’il est confirmé, renforcera les liens militaires mais pourrait aussi entraîner des contreparties politiques ou industriels.
- Décalage entre plan et exécution : le chantier naval de Casablanca est dans une phase de concession, plusieurs infrastructures sont prêtes ou en construction, mais l’exploitation n’est pas encore totalement opérationnelle.