Le banc d’essai franco-britannique
MBDA est née deux fois. Sa première naissance résulte d’une coopération franco-britannique pour le développement du missile de croisière SCALP/Storm Shadow (même missile, mais nom respectivement français et anglais). Ce programme a initié la fusion de l’entreprise française Matra défense et de l’Anglaise BAE dynamics en 1996. De ce rapprochement est créé MBD. Le raisonnement derrière ce rapprochement : réduire les coûts, garder une avance technologique et stratégique en Europe.
Deux facteurs ont forcé ces nations à repenser leurs systèmes industriels. Ce sont les évolutions technologiques et la contrition des budgets militaires post-Guerre froide qui réduisent le nombre de commandes et accroissent le prix de développement. Cela se traduit par une envolée des prix unitaires, ils sont devenus prohibitifs pour les budgets européens.
En 2010 est lancée l’initiative « one MBDA », elle vise à rationaliser les centres français et anglais de l’entreprise pour éviter les redondances, cela se traduit au niveau politique en 2015 par la signature d’un accord intergouvernemental qui crée le concept de « centre d’excellence ». Les deux pays acceptent que l’ensemble du missile ne soit pas fabriqué entièrement sur leur territoire. Cela permet à MBDA de centraliser et spécialiser ses sites. Au Royaume-Uni seront notamment fabriqués les actionneurs (surfaces qui servent à diriger le missile) et en France les calculateurs (ordinateurs).
MBDA a estimé une réduction de ses coûts de 30 % grâce à cette mutation. Le partenariat France-Angleterre reste donc toujours le banc d’essai pour l’évolution de MBDA (ce sont aussi les deux pays ou la production est la plus importante).
Élargissement
La présence de plusieurs entreprises concurrentes qui avaient peu de débouchés hors Europe était un frein important pour leurs capacités d’investissement dans des projets à long terme et technologiquement complexes. Ainsi une nouvelle transformation intervient en 2001. MBDA résulte alors de la fusion de MBD avec l’italien Alenia Marconi Systems et le français Aérospatiale. Moins de 6 ans après, son apparition MBDA a absorbé toutes les principales entreprises européennes de missiles la dernière étant l’allemand LFK. Depuis, elle bataille pour le titre de leader mondial contre les Américains Lockheed Martin et Raytheon. On a parlé à l’époque de « l’Airbus des missiles », si la comparaison est justifiée la principale différence est que 98 % du chiffre d’affaires de MBDA provient des contrats de défense. MBDA a été créé pour être la première entreprise transeuropéenne de défense.
Aujourd’hui l’entreprise de missile est détenue par Airbus (France, Allemagne et Espagne), BAE Systems et Leonardo (Italie). L’entreprise comporte 14 sites répartis en Angleterre, en France, en Allemagne et en Italie. Le PDG Antoine Bouvier disait en 2015 « Pour MBDA, l’objectif d’une spécialisation (de chaque pays, ndlr) est absolument fondamental. Nous devons organiser la dépendance mutuelle ». Les bénéfices de l’Europe viennent aussi de risques comme le danger d’un embargo à l’export de pays dont la chambre des représentants est puissante, comme en Allemagne.
Le chiffre d’affaires de MBDA a oscillé autour de 3 milliards d’euros par an entre 2008 et 2017, et la société se voit dépasser les 4 milliards sur l’exercice 2020. Depuis 2013 elle a engrangé de nombreuses commandes pour un total de presque 17 milliards d’euros, ce qui lui assure au moins 5 années de production. Grâce à ce chiffre d’affaires assuré et à une bonne perspective de croissance, MBDA recrute : 1000 personnes ont rejoint l’entreprise en 2017 portant le total d’employés à 10 500, et 1200 embauches supplémentaires étaient prévues en 2018.
L’exception qui confirme la règle ?
Les projets d’armement européens sont complexes. Mis à part pour des développements bilatéraux ou pour l’achat de matériel déjà existant, ils se soldent souvent par des retards et surcoûts importants (comme le projet A400M d’avion de transport). Les difficultés sont dues aux cahiers des charges souvent divergents de pays européens et à l’absence d’un maître d’œuvre unique.
Le Meteor de MBDA est un exemple inverse. Son cahier des charges a été réfléchi longuement en amont entre tous les États-majors concernés ce qui a abouti au développement d’un produit unique et identique pour toutes les armées. Le projet a été lancé en 2003 avec la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne la Suède et le Royaume-Uni, le missile est en service depuis 2016. 13 ans de développement et d’essais ont prouver l’excellence de MBDA en tant que maître d’œuvre en tenant les délais et les budgets.
MBDA possède un catalogue de 45 missiles et contre-mesures dans tous les domaines de combats et l’entreprise développe 15 nouveaux programmes en même temps. Ce nombre de systèmes, héritées des fusions, permet une très bonne complémentarité ; en 2018 MBDA a remporté face aux américains un marché qatari de missiles antinavires en combinant l’exocet français et le marte mk 2 italien. La société possède dans ses produits une complémentarité et subsidiarité qui lui permet une importante flexibilité de son offre ce qui renforce la pertinence de sa conception initiale.
MBDA est née deux fois. Sa première naissance résulte d’une coopération franco-britannique pour le développement du missile de croisière SCALP/Storm Shadow (même missile, mais nom respectivement français et anglais). Ce programme a initié la fusion de l’entreprise française Matra défense et de l’Anglaise BAE dynamics en 1996. De ce rapprochement est créé MBD. Le raisonnement derrière ce rapprochement : réduire les coûts, garder une avance technologique et stratégique en Europe.
Deux facteurs ont forcé ces nations à repenser leurs systèmes industriels. Ce sont les évolutions technologiques et la contrition des budgets militaires post-Guerre froide qui réduisent le nombre de commandes et accroissent le prix de développement. Cela se traduit par une envolée des prix unitaires, ils sont devenus prohibitifs pour les budgets européens.
En 2010 est lancée l’initiative « one MBDA », elle vise à rationaliser les centres français et anglais de l’entreprise pour éviter les redondances, cela se traduit au niveau politique en 2015 par la signature d’un accord intergouvernemental qui crée le concept de « centre d’excellence ». Les deux pays acceptent que l’ensemble du missile ne soit pas fabriqué entièrement sur leur territoire. Cela permet à MBDA de centraliser et spécialiser ses sites. Au Royaume-Uni seront notamment fabriqués les actionneurs (surfaces qui servent à diriger le missile) et en France les calculateurs (ordinateurs).
MBDA a estimé une réduction de ses coûts de 30 % grâce à cette mutation. Le partenariat France-Angleterre reste donc toujours le banc d’essai pour l’évolution de MBDA (ce sont aussi les deux pays ou la production est la plus importante).
Élargissement
La présence de plusieurs entreprises concurrentes qui avaient peu de débouchés hors Europe était un frein important pour leurs capacités d’investissement dans des projets à long terme et technologiquement complexes. Ainsi une nouvelle transformation intervient en 2001. MBDA résulte alors de la fusion de MBD avec l’italien Alenia Marconi Systems et le français Aérospatiale. Moins de 6 ans après, son apparition MBDA a absorbé toutes les principales entreprises européennes de missiles la dernière étant l’allemand LFK. Depuis, elle bataille pour le titre de leader mondial contre les Américains Lockheed Martin et Raytheon. On a parlé à l’époque de « l’Airbus des missiles », si la comparaison est justifiée la principale différence est que 98 % du chiffre d’affaires de MBDA provient des contrats de défense. MBDA a été créé pour être la première entreprise transeuropéenne de défense.
Aujourd’hui l’entreprise de missile est détenue par Airbus (France, Allemagne et Espagne), BAE Systems et Leonardo (Italie). L’entreprise comporte 14 sites répartis en Angleterre, en France, en Allemagne et en Italie. Le PDG Antoine Bouvier disait en 2015 « Pour MBDA, l’objectif d’une spécialisation (de chaque pays, ndlr) est absolument fondamental. Nous devons organiser la dépendance mutuelle ». Les bénéfices de l’Europe viennent aussi de risques comme le danger d’un embargo à l’export de pays dont la chambre des représentants est puissante, comme en Allemagne.
Le chiffre d’affaires de MBDA a oscillé autour de 3 milliards d’euros par an entre 2008 et 2017, et la société se voit dépasser les 4 milliards sur l’exercice 2020. Depuis 2013 elle a engrangé de nombreuses commandes pour un total de presque 17 milliards d’euros, ce qui lui assure au moins 5 années de production. Grâce à ce chiffre d’affaires assuré et à une bonne perspective de croissance, MBDA recrute : 1000 personnes ont rejoint l’entreprise en 2017 portant le total d’employés à 10 500, et 1200 embauches supplémentaires étaient prévues en 2018.
L’exception qui confirme la règle ?
Les projets d’armement européens sont complexes. Mis à part pour des développements bilatéraux ou pour l’achat de matériel déjà existant, ils se soldent souvent par des retards et surcoûts importants (comme le projet A400M d’avion de transport). Les difficultés sont dues aux cahiers des charges souvent divergents de pays européens et à l’absence d’un maître d’œuvre unique.
Le Meteor de MBDA est un exemple inverse. Son cahier des charges a été réfléchi longuement en amont entre tous les États-majors concernés ce qui a abouti au développement d’un produit unique et identique pour toutes les armées. Le projet a été lancé en 2003 avec la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne la Suède et le Royaume-Uni, le missile est en service depuis 2016. 13 ans de développement et d’essais ont prouver l’excellence de MBDA en tant que maître d’œuvre en tenant les délais et les budgets.
MBDA possède un catalogue de 45 missiles et contre-mesures dans tous les domaines de combats et l’entreprise développe 15 nouveaux programmes en même temps. Ce nombre de systèmes, héritées des fusions, permet une très bonne complémentarité ; en 2018 MBDA a remporté face aux américains un marché qatari de missiles antinavires en combinant l’exocet français et le marte mk 2 italien. La société possède dans ses produits une complémentarité et subsidiarité qui lui permet une importante flexibilité de son offre ce qui renforce la pertinence de sa conception initiale.