Le programme « Toujours prêt »
Dans le détail, la Pologne a annoncé que le programme volontaire de formation militaire serait ouvert « à tous les citoyens », selon le ministre de la Défense Władysław Kosiniak‑Kamysz, dont les propos sont rapportés par Reuters. Le plan prévoit d’entraîner environ 100 000 personnes d’ici la fin de 2025, puis « environ 400 000 » de plus en 2026.
La formation inclura différentes modules : instruction militaire de base, secourisme, survie, cyber-hygiène. Le volet logistique prévoit l’inscription via une application mobile gouvernementale.
Contexte et objectifs stratégiques
La Pologne se positionne en première ligne géopolitique : elle partage une frontière avec la Kaliningrad russe et le Belarus, et dispose d’une voisine directrice en guerre en Ukraine. Face à cela, l’accélération de l’effort de défense apparaît comme une réponse. Le plan s’inscrit dans un double objectif :
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accroître la résilience de la société civile et des communautés locales, selon le chef d’état-major général Wiesław Kukuła ;
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renforcer la disponibilité, la capacité de mobilisation et les réserves de l’armée polonaise.
Par ailleurs, ce programme s’intègre dans un contexte budgétaire d’effort majeur : la Pologne prévoit de porter ses dépenses de défense à 4,8 % du PIB en 2026, selon les chiffres de Notes From Poland. L’argument avancé est celui d’une dissuasion crédible face à la Russie, mais aussi d’un renforcement interne de la « défense totale ». Le ministre a notamment déclaré : « les Ukrainiens ont été pris au dépourvu… Nous devons être prêts à tout scénario. »
Opportunités, défis et enjeux pour la Pologne
Opportunités
Tout d'abord, en ouvrant les modules à un public large (étudiants, salariés, seniors), la Pologne peut renforcer la posture de défense non seulement militaire mais civile. Le renforcement de la « réserve citoyenne » permet de diffuser des compétences de base de résolution de crise, ce qui augmente la résilience nationale.
Ensuite, dans un contexte de forte dépense militaire, la coordination entre formation citoyenne et armée professionnelle peut offrir une complémentarité utile dans une logique de défense totale.
Défis
Pour autant, plusieurs obstacles se dessinent. Former 500 000 volontaires en deux ans constitue une montée en puissance rapide — l’organisation, les formateurs, les moyens logistiques sont mis sous forte pression. Le fait que le plan soit volontaire (et non obligatoire) peut limiter la participation.
De plus, la cible de « volontaires » multiples risque de générer des profils hétérogènes : cela pose la question de la qualité de la formation et de l’intégration de ces volontaires dans la chaîne de défense.
Enfin, la mobilisation massive de la population soulève des questions sociales et politiques : jusqu’où une société démocratique peut-elle généraliser la préparation militaire sans créer de tensions internes ?
Enjeux pour l’armée et la stratégie polonaise
L’armée polonaise, déjà la troisième plus importante de l’OTAN en effectifs actifs selon certains comptes, intensifie sa modernisation. Le programme volontaire constitue un volet supplémentaire à cette stratégie, et c’est bien l’État polonais qui entend renforcer sa défense, pas simplement par les forces armées, mais par la société dans son ensemble.
Sur le plan international, ce projet souligne que la Pologne assume un rôle de premier plan sur le flanc Est de l’OTAN. Cela pourrait renforcer son poids dans l’Alliance mais aussi susciter des réactions adverses — en particulier de la Russie — qui verra dans cet accroissement de préparation un durcissement de la posture polonaise.

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