Un avertissement direct devant les maires
Devant les élus réunis à Paris pour l’ouverture du 107ᵉ congrès de l’AMF, Fabien Mandon décrit une situation internationale qui « se dégrade » et des « équilibres [qui] ont changé ». Il rappelle que l’armée française compte environ 200 000 militaires et fixe l’objectif de doubler les réservistes pour atteindre 80 000 personnes. Dans ce contexte, il demande explicitement aux maires de relayer le message dans leurs communes, de faciliter l’accueil des militaires (logement, crèches, écoles) et de soutenir l’organisation d’exercices et de grandes manœuvres sur leur territoire.
C’est dans ce cadre qu’intervient la phrase qui suscite le choc : « Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement. Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque. » Selon le compte rendu de Maires de France, le général insiste sur la dimension de dissuasion : la France aurait « tout pour dissuader Moscou », mais il manquerait la « force d’âme pour accepter de nous faire mal pour défendre la Nation ».
C’est dans ce cadre qu’intervient la phrase qui suscite le choc : « Il faut accepter de perdre nos enfants, de souffrir économiquement. Si nous ne sommes pas prêts à cela, alors nous sommes en risque. » Selon le compte rendu de Maires de France, le général insiste sur la dimension de dissuasion : la France aurait « tout pour dissuader Moscou », mais il manquerait la « force d’âme pour accepter de nous faire mal pour défendre la Nation ».
Désengagement américain et horizon 2030
Le cœur de son message porte sur une recomposition stratégique : les États-Unis se « désengagent de la sécurité du continent européen » pour se concentrer sur l’Asie, dans la perspective d’un possible conflit autour de Taïwan à l’horizon 2027. Dans ce contexte, explique-t-il, la Russie ne s’arrêterait pas à l’Ukraine et préparerait une « confrontation pour 2030 avec nos pays et les membres de l’Otan ».
Le CEMA dresse également un tableau de l’instabilité de l’arc sahélo-saharien, où les « leaders terroristes sont aujourd’hui en Afrique », et rappelle l’engagement aérien français autour du Yémen pour sécuriser les routes maritimes. L’objectif affiché est clair : que la France et, au-delà, l’Europe soient en mesure, dans trois à quatre ans, de présenter une posture militaire et industrielle crédible, sans pouvoir compter mécaniquement sur la protection américaine. Ce discours prolonge des mises en garde déjà formulées en octobre devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, où Fabien Mandon avait évoqué la possibilité d’un affrontement entre l’Otan et la Russie à l’horizon de « trois, quatre ans » et appelé à un effort de réarmement.
Le CEMA dresse également un tableau de l’instabilité de l’arc sahélo-saharien, où les « leaders terroristes sont aujourd’hui en Afrique », et rappelle l’engagement aérien français autour du Yémen pour sécuriser les routes maritimes. L’objectif affiché est clair : que la France et, au-delà, l’Europe soient en mesure, dans trois à quatre ans, de présenter une posture militaire et industrielle crédible, sans pouvoir compter mécaniquement sur la protection américaine. Ce discours prolonge des mises en garde déjà formulées en octobre devant la commission de la Défense de l’Assemblée nationale, où Fabien Mandon avait évoqué la possibilité d’un affrontement entre l’Otan et la Russie à l’horizon de « trois, quatre ans » et appelé à un effort de réarmement.
Une polémique politique centrée sur Mélenchon et LFI
Dès le lendemain, Jean-Luc Mélenchon, leader de La France insoumise (LFI), se déclare en « désaccord total » avec le discours du CEMA et estime que « ce n’est pas à lui d’aller inviter les maires (…) à des préparations guerrières décidées par personne ». Le groupe parlementaire LFI publie un communiqué accusant le général d’« outrepasse[r] son rôle » en répétant publiquement des scénarios de guerre « jusqu’à évoquer la perte d’enfants ». Mélenchon demande au président de la République de « rappeler à l’ordre » le chef d’état-major.
La critique dépasse toutefois LFI : Fabien Roussel (PCF), Ségolène Royal (PS) ou encore Sébastien Chenu (RN) dénoncent à leur tour des propos jugés « va-t-en-guerre » ou politiquement inappropriés. Dans le même temps, les positions passées de Jean-Luc Mélenchon sur la Russie et la Crimée – notamment ses déclarations de 2014 jugeant « vitaux » pour Moscou les ports de Crimée – sont rappelées par plusieurs médias, alimentant un débat plus large sur la cohérence de la gauche radicale face à la guerre en Ukraine et à la montée de la menace russe.
Au-delà de la formule choc sur la « perte de nos enfants », l’intervention de Fabien Mandon au congrès des maires s’inscrit dans une double dynamique : le désengagement relatif des États-Unis du théâtre européen et l’anticipation d’une confrontation possible avec une Russie réarmée à l’horizon 2030. La polémique politique ouverte par les réactions de Jean-Luc Mélenchon et de LFI souligne, en creux, l’enjeu central de ce débat : jusqu’où un chef militaire peut-il aller pour alerter l’opinion, et comment préparer une société européenne encore marquée par les traumatismes du XXᵉ siècle à assumer davantage sa propre défense si le parapluie américain venait à faiblir ? Peut-être faudrait-il rappeler que nous avons une armée de métier, qu’il n’est pas question de déclarer la mobilisation générale mais finalement la vraie question est de savoir si on n’est prêt à sacrifier nos soldats de métier pour des conflits qui ne menacent pas directement notre territoire national ?
La critique dépasse toutefois LFI : Fabien Roussel (PCF), Ségolène Royal (PS) ou encore Sébastien Chenu (RN) dénoncent à leur tour des propos jugés « va-t-en-guerre » ou politiquement inappropriés. Dans le même temps, les positions passées de Jean-Luc Mélenchon sur la Russie et la Crimée – notamment ses déclarations de 2014 jugeant « vitaux » pour Moscou les ports de Crimée – sont rappelées par plusieurs médias, alimentant un débat plus large sur la cohérence de la gauche radicale face à la guerre en Ukraine et à la montée de la menace russe.
Au-delà de la formule choc sur la « perte de nos enfants », l’intervention de Fabien Mandon au congrès des maires s’inscrit dans une double dynamique : le désengagement relatif des États-Unis du théâtre européen et l’anticipation d’une confrontation possible avec une Russie réarmée à l’horizon 2030. La polémique politique ouverte par les réactions de Jean-Luc Mélenchon et de LFI souligne, en creux, l’enjeu central de ce débat : jusqu’où un chef militaire peut-il aller pour alerter l’opinion, et comment préparer une société européenne encore marquée par les traumatismes du XXᵉ siècle à assumer davantage sa propre défense si le parapluie américain venait à faiblir ? Peut-être faudrait-il rappeler que nous avons une armée de métier, qu’il n’est pas question de déclarer la mobilisation générale mais finalement la vraie question est de savoir si on n’est prêt à sacrifier nos soldats de métier pour des conflits qui ne menacent pas directement notre territoire national ?
Sources principales :
- Compte rendu du discours de Fabien Mandon au 107ᵉ congrès des maires de France, Maires de France / AMF, 19 novembre 2025.
- Article de Maxime Birken, « Fabien Mandon, le chef de l’armée française, fait polémique avec une sortie sur la “perte de nos enfants” », HuffPost, 20 novembre 2025. Le HuffPost
- Analyses et rappels de déclarations de Jean-Luc Mélenchon sur la Russie et la Crimée, notamment Le Monde (2015). Le Monde.fr

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