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Berlin pressenti pour la direction de l’OTAN, selon Donald Trump




Publié par Jehanne Duplaa le 20 Novembre 2025

Le retour de Donald Trump à la Maison-Blanche s’accompagne d’un virage stratégique majeur : Washington souhaite désormais que l’Allemagne prenne la tête de l’OTAN en Europe, une demande inédite qui redéfinit l’équilibre transatlantique.



Le 19 novembre 2025, à Berlin, l’ambassadeur des États-Unis auprès de l’OTAN, Matthew Whitaker, a indiqué que l’administration Trump envisageait que l’Allemagne assume à terme la fonction de commandant suprême allié Europe. Cette annonce marque un tournant majeur dans la politique de défense transatlantique.

Le souhait de Trump d’un leadership allemand au sein de l’OTAN

Depuis son retour à la présidence, Donald Trump normalise une posture plus exigeante vis-à-vis des alliés européens, notamment sur le coût de leur défense. Dans ce cadre, il fait porter à l’Allemagne une responsabilité accrue. Matthew Whitaker a déclaré : « J’attends le jour où l’Allemagne viendra voir les États-Unis et dira qu’elle est prête à prendre la fonction de commandant suprême allié. Je pense que nous en sommes encore loin, mais j’attends ces discussions avec intérêt. », rapporte The Independent.

La position de commandant suprême allié Europe (SACEUR) est historiquement occupée par un général américain depuis 1951 qui supervise l’Allied Command Operations.

Ce changement envisagé par Trump vise à partager davantage le fardeau militaire, tout en redéfinissant le rôle des Européens au sein de l’OTAN : cela s’inscrit dans un contexte où Washington revendique que ses alliés s’impliquent davantage et dépensent davantage pour leur défense.


Le contexte stratégique et les motivations américaines

Du côté américain, la logique est double : d’un côté, réduire la dépendance vis-à-vis du parapluie militaire américain sur le Vieux-Continent ; de l’autre, pousser l’Europe à affirmer sa propre autonomie stratégique. L’idée que l’Allemagne dirige l’OTAN symbolise ce double objectif.

Pour l’Allemagne, l’heure est à la montée en puissance : Berlin a engagé un plan de défense ambitieux. Elle a annoncé vouloir faire de la Bundeswehr « l’armée conventionnelle la plus forte d’Europe » sous l’impulsion du chancelier Friedrich Merz, relève The American LegionAprès l’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022, l’Allemagne a même quasiment doublé ses dépenses de défense pour viser 2 % du PIB, et mis en place un fonds de réarmement de 112,7 milliards de dollars (soit environ 104 milliards d'euros).

Ainsi, Trump voit dans l’Allemagne un allié capable de prendre la relève — à condition qu’elle assume un rôle plus actif et financier dans l’OTAN.

Les résistances et défis à relever

Cependant, cette proposition ne va pas sans obstacles. Le général allemand Wolfgang Wien, membre du comité militaire de l’OTAN, s’est dit « un peu étonné » par l’idée que l’Allemagne prenne la fonction de SACEUR, qui est « très, très importante » a-t-il souligné.

Sur le plan technique, juridique et politique, le transfert d’un tel poste est lourd : il exige une réorganisation du commandement, une confiance renouvelée entre alliés, et un accord de principe de Washington. Au-delà, les alliés européens doivent encore combler des lacunes : mobilité stratégique, coordination industrielle, interopérabilité.

Enfin, sur le plan politique, la trajectoire annoncée indique que « peut-être dans quinze ans, peut-être plus tôt, nous aurons cette discussion » ; faute d’un calendrier précis, beaucoup considèrent cela comme une déclaration d’intention plutôt qu’un plan concret.


Implications pour l’Allemagne, l’OTAN et les États-Unis

Pour l’Allemagne, la perspective ouvre un nouveau chapitre : accession à un leadership militaire européen, affirmation de son autonomie stratégique, et reconnaissance de sa montée en puissance. Mais cela implique aussi d’assumer des responsabilités accrues : dépenses, engagements à l’étranger, cohésion de l’OTAN.

Pour l’OTAN, ce virage pourrait symboliser une redistribution des rôles, avec une Europe plus autonome et un rôle américain recadré. Cela pourrait inciter d’autres membres à relever leurs efforts — la cible de 2 % du PIB est désormais largement dépassée dans les discours en Europe.

Pour les États-Unis, ce scénario permettrait d’alléger leur empreinte militaire en Europe tout en conservant un lien stratégique via l’OTAN. Toutefois, déléguer un poste crucial comme le SACEUR soulève des questions de commandement en cas de crise majeure, et des alliés comme l’Allemagne devront prouver qu’ils peuvent effectivement endosser cette responsabilité.




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