Royaume-Uni : 14 500 drones par mois pour soutenir l’Ukraine

Le 14 octobre 2025, le ministère britannique de la Défense a publié un communiqué confirmant que le Royaume-Uni avait livré plus de 85 000 drones à l’Ukraine depuis le début de l’année. Cette intensification s’inscrit dans un plan global de 4,5 milliards de livres sterling d’aide militaire à Kyiv, incluant des systèmes d’interception et de reconnaissance avancés. Pour Londres, l’objectif est clair : soutenir la résistance ukrainienne face à la guerre d’attrition menée par Moscou, tout en consolidant la position industrielle du Royaume-Uni dans le domaine des technologies de défense non habitées.

Le volume annoncé par le ministère britannique de la Défense marque un tournant. Plus de 85 000 drones livrés en six mois, soit près de 14 500 par mois selon le calcul repris par le média spécialisé Army Recognition. Ces chiffres font du Royaume-Uni le premier fournisseur européen de drones militaires à l’Ukraine. Le ministre britannique de la Défense, John Healey, a déclaré : « Le Royaume-Uni renforce son soutien à l’Ukraine en livrant plus de 85 000 drones au cours des six derniers mois ».

L’investissement de 600 millions de livres, annoncé simultanément, sert à stimuler la production nationale et à accélérer la logistique vers l’Europe de l’Est. Selon le ministère, cet effort s’intègre à une enveloppe annuelle de 4,5 milliards de livres dédiée à l’aide militaire. Les industriels britanniques — parmi eux Tekever, Malloy ou Windracer — sont mobilisés pour livrer plusieurs types de drones : tactiques, de reconnaissance et kamikazes FPV. Le gouvernement souligne que cet engagement contribue aussi à préserver l’emploi et à renforcer la base industrielle du Royaume-Uni dans un contexte géopolitique tendu.

Le Royaume-Uni ne se limite pas à des livraisons de drones d’attaque. Il a également annoncé la fourniture de 35 000 systèmes d’interception dans les prochains mois via la Drone Capability Coalition. Cette alliance industrielle et militaire vise à contrer les drones iraniens Shahed employés massivement par la Russie contre les infrastructures ukrainiennes. John Healey a justifié cette approche en déclarant : « L’escalade dangereuse de Poutine en Ukraine et à travers l’Europe doit être contrée par une intensification de notre production de drones et par le renforcement des défenses aériennes de l’OTAN ».

Cette stratégie duale répond à une logique militaire : d’un côté, saturer l’adversaire par des essaims de drones ukrainiens à bas coût ; de l’autre, protéger les centres urbains et énergétiques grâce à des intercepteurs autonomes. Le Royaume-Uni contribue à ces deux volets en finançant le programme « Octopus », un projet anglo-ukrainien d’intercepteurs miniatures capables de neutraliser des drones ennemis en vol. Le ministère indique que plusieurs milliers d’unités pourraient être produites chaque mois à partir de 2026, marquant une transition vers une défense en réseau intégrée.

L’effort du Royaume-Uni dépasse le cadre purement militaire. En investissant 600 millions de livres dans la filière des drones, Londres soutient activement ses entreprises de défense et leur donne accès à de nouveaux marchés internationaux. Tekever, Malloy Aeronautics et Windracer figurent parmi les principaux bénéficiaires de ces contrats. Ce choix industriel traduit une volonté de repositionner le Royaume-Uni comme une puissance technologique de premier plan dans les systèmes autonomes. En parallèle, le ministère de la Défense met en avant l’impact économique interne : maintien d’emplois qualifiés, stimulation de la recherche et consolidation de la chaîne d’approvisionnement nationale.

Sur le plan politique, cette montée en puissance est également un message adressé à Moscou et à ses partenaires européens. Londres souhaite démontrer qu’elle reste un pilier de la défense du continent, même après le Brexit. Le Royaume-Uni s’affirme comme l’un des rares pays capables de produire en masse des drones tactiques et de les livrer dans des délais très courts. Ce leadership technique renforce aussi sa position au sein de l’OTAN, où la standardisation des plateformes non habitées devient un enjeu prioritaire.

Enfin, pour l’Ukraine, cet afflux massif d’appareils change la donne. D’après Reuters, Kyiv prévoit de produire jusqu’à dix millions de drones en 2026, à condition d’obtenir les financements nécessaires. Les livraisons britanniques agissent ainsi comme un catalyseur : elles offrent une capacité immédiate de frappe et soutiennent la montée en puissance industrielle ukrainienne.