Enderi






Facebook
Twitter
YouTube

















Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable


Mercosur : la polémique agricole française s'étend




Publié par Adélaïde Motte le 10 Novembre 2025

La crise déclenchée par les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’accord UE-Mercosur dépasse désormais l’agriculture. La polémique inquiète une partie de la filière militaro-industrielle, attentive aux équilibres géo-économiques avec le Brésil, partenaire stratégique dans l’aéronautique de défense et les technologies duales.



Une polémique politique qui déborde sur les équilibres industriels

La réaction violente de la FNSEA aux propos tenus par Emmanuel Macron au Brésil ne relève plus seulement du champ agricole. Le chef de l’État, en déclarant dans Le Monde être « plutôt positif » face à un accord de libre-échange avec le Mercosur, a ravivé une polémique qui fragilise au passage le cadre politico-industriel franco-brésilien. La France entretient en effet avec le Brésil des liens essentiels dans l’aéronautique, la défense navale et les programmes duals. Une crise politique interne, visible et bruyante, qui complique mécaniquement le travail diplomatique qui soutient ces partenariats.

Pour les industriels de la défense, l’équation reste sensible. Le Brésil demeure un marché clé, partenaire de programmes partagés (drones, patrouilleurs, hélicoptères, formation aérienne), dont la stabilité dépend d’une confiance politique minimale. La FNSEA, en dénonçant « une rupture avec l’agriculture française » et un « accord toxique », installe un climat de défiance peu propice aux discussions bilatérales. Les industriels ne s’opposent pas à l’accord, mais redoutent qu’une crise politique intérieure française n’érode l’influence de Paris dans la région.

Pression des syndicats agricoles et implications pour les relations stratégiques

La FNSEA et les Jeunes Agriculteurs ont décidé d’entrer en mobilisation le 12 novembre à Toulouse. Cette action vise à interpeller directement le président lors de son déplacement, signe de la montée en tension. Pour les secteurs industriels liés à la défense, cette démonstration de force en pleine séquence de négociation commerciale renforce l’impression d’un environnement français instable, au moment même où plusieurs dossiers sensibles franco-brésiliens sont rouverts (modernisation navale, achats de vecteurs aériens, coopération spatiale).

Les revendications agricoles — clauses miroir, garanties sanitaires, contrôles renforcés — peuvent sembler éloignées des enjeux militaro-industriels. Elles ne le sont pas vraiment. Le Brésil valorise de longue date la cohérence politique française pour engager des partenariats technologiques de long terme. Or l’épisode actuel expose une France divisée, rendant la position de négociation moins lisible. Comme le résume Jérôme Despey : « Importer des produits qui ne sont pas produits dans les mêmes conditions que les nôtres, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Une colère légitime du point de vue agricole, mais dont les répliques touchent bien plus large, y compris l’écosystème stratégique.



Nouveau commentaire :

ENDERI promeut la liberté d'expression, dans le respect des personnes et des opinions. La rédaction d'ENDERI se réserve le droit de supprimer, sans préavis, tout commentaire à caractère insultant, diffamatoire, péremptoire, ou commercial.