Diplomatie
Le Nigeria a rejeté l’accusation d’un génocide chrétien. Le président Bola Ahmed Tinubu affirme que les violences frappent des chrétiens et des musulmans, et que le pays engage des efforts pour protéger tous les citoyens. Les experts soulignent que les données disponibles ne confirment pas un ciblage systématique des chrétiens.
Depuis 2009, selon le groupe Armed Conflict Location & Event Data Project (ACLED), près de 53 000 civils ont été tués dans les violences politiques au Nigeria. Les victimes appartiennent à tous les groupes religieux. De plus, le cadre des conflits mêle pastoralisme, agriculteurs sédentaires et bandes armées, et non exclusivement des motifs religieux.
Le président américain n’en est pas à sa première déclaration à grand effet. Il avait déjà utilisé des thèmes religieux comme levier de politique étrangère, notamment en Afrique et au-delà. Cette nouvelle sortie pose la question de son véritable intérêt pour la défense des chrétiens. Il semble s’agir aussi d’un instrument diplomatique, voire d’un moyen d’ingérence qui utilise la cause chrétienne comme prétexte d’intervention ou de pression sur un État souverain.
L’intervention militaire envisagée fait l’objet de critiques : elle risque de fragiliser la souveraineté nigériane, d’augmenter la polarisation religieuse, et de conduire à une projection américaine dans un conflit complexe. Certains commentateurs craignent que l’objectif réel ne soit pas seulement la protection religieuse, mais bien une montée en puissance géopolitique et l’affirmation d’un leadership moral.
En conclusion, la situation au Nigeria impose une lecture nuancée. Il existe bien des violences graves. Mais la qualification de « génocide » chrétien n’est pas étayée par des données sûres. Par ailleurs, l’usage de menaces d’intervention américaine soulève des interrogations sur l’équilibre entre protection des minorités, souveraineté nationale et intérêts stratégiques.
