Le colonel Randrianirina, ancien membre de CAPSAT devenu critique du régime, a été officiellement confirmé comme Président par intérim par la Haute Cour constitutionnelle. Il déclarera solennellement sa prise de fonction lors d’une session prévue le 17 octobre, sous le titre de « Président de la Refondation de la République ». Il promet d’organiser des élections dans un délai de 18 à 24 mois. Le nouveau pouvoir s’est organisé autour d’un « Conseil de la Présidence de la République pour la Réforme », composé d’officiers des forces armées et de la gendarmerie — une structure de transition destinée à préparer le retour au civil.
La montée de cette prise de pouvoir survient après plusieurs semaines de protestations massives des jeunes, déclenchées à la fin septembre 2025, sur fond de coupures répétées d’eau et d’électricité et de mécontentement face à la corruption et aux inégalités. Le basculement militaire s’est accompagné d’un ralliement progressif de CAPSAT aux manifestants : dès le 11 octobre, le colonel Randrianirina a appelé les soldats à ne pas réprimer la population, ce qui a favorisé le glissement vers la mutinerie.
La communauté internationale a réagi immédiatement. L’Union africaine a suspendu Madagascar de ses instances, dénonçant un changement inconstitutionnel du pouvoir. Les Nations unies et plusieurs États ont exprimé une vive inquiétude et appelé au respect du droit international et de l’ordre constitutionnel. La Russie espère que l’instauration du nouveau régime se fera sans effusion de sang.
Pendant ce temps, l’ancien président Rajoelina conteste la légalité du coup, réfutant l’idée qu’il ait quitté le pouvoir légalement et affirmant que les juges ont été intimidés. La fracture au sein de l’armée malgache — entre loyaux au régime et CAPSAT insoumis — reste une zone de tension potentielle.
Les défis sont immenses pour la transition promise : la restauration institutionnelle, la réconciliation sociale, la crédibilité des élections à venir, et le redressement économique. Le nouveau pouvoir affirme vouloir répondre au « cri des jeunes » par une gouvernance plus juste et centrée sur les services de base, mais beaucoup redoutent que les promesses de transition ne s’enlisent dans un nouvel autoritarisme.
En résumé, l’arène politique malgache entre dans une phase délicate : une armée au pouvoir, un président en exil, et un peuple aux attentes intactes. Le chemin vers le retour à une République civile s’annonce semé d’embûches — et l’on scrutera à chaque instant le respect des échéances annoncées et la réaction des forces vives malgaches.