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L'artillerie du 35e RAP à l'épreuve des drones




Publié par La Rédaction le 4 Novembre 2025

Fin octobre, les artilleurs du 35e Régiment d’Artillerie Parachutiste (35 RAP) se sont livrés à un exercice grandeur nature au camp de Canjuers. L’objectif ? Éprouver les nouvelles tactiques destinées à contrer la menace la plus redoutée sur les champs de bataille modernes : le drone.



le caesar crédit : armée de Terre / Défense
le caesar crédit : armée de Terre / Défense

Depuis 2022, la guerre en Ukraine a bouleversé les doctrines de l’artillerie européenne. Les images de pièces détruites par des munitions rôdeuses et des drones kamikazes russes ont servi d’avertissement. Selon les retours du front, près de 75 % des destructions d’artillerie sont causées par des drones, principalement le Lancet, une munition rôdeuse de fabrication russe. Léger, autonome et précis, ce drone d’attaque peut parcourir une bonne cinquantaine de kilomètres avant de s’abattre sur sa cible avec une charge explosive de 3kg, capable de neutraliser un canon ou un véhicule blindé.
 

Face à cette menace, les artilleurs français adaptent leurs pratiques. L’un des enseignements majeurs tirés du conflit est la vulnérabilité des pièces lorsqu’elles sont stationnaires ou accompagnées de leurs munitions. Pour y répondre, le 35 RAP a affiné ses procédures d’engagement : désormais, les canons CAESAR, pièces maîtresses de l’artillerie française, opèrent en dissociant systématiquement les munitions du tube de tir. Car si l'explosion du drone peut provoquer l'endommagement des canons, la majorité des destructions vient des explosions secondaires.
 

Cette approche, simple mais efficace, illustre la résilience du système CAESAR, produit par KNDS France. Ce canon de 155 mm, monté sur camion, combine mobilité, précision et rapidité de déploiement. D’après Olivier Fort, ancien artilleur et chargé de marketing artillerie pour KNDS, « les CAESAR affichent aujourd’hui le meilleur taux de survie par rapport aux autres canons en Ukraine ».
 

Mais l’artillerie française ne se contente pas d’améliorer ses réflexes : elle investit massivement dans la lutte anti-drone. Le 35 RAP, régiment basé à Tarbes et intégré à la 11e brigade parachutiste, s’impose désormais comme un laboratoire tactique pour l’armée de Terre. Parmi les outils testés figure le NEROD, un dispositif portatif de guerre électronique conçu pour brouiller la communication entre le drone et son opérateur. En saturant les fréquences de contrôle ou de transmission, il contraint l’appareil ennemi à interrompre sa mission, voire à s’écraser. Aussi, il exploite désormais le drone Delair DT46, doté d’une portée d’environ 80 km, pour la collecte de renseignement et l’acquisition de cibles. À cela s’ajoutent des drones d’escouade destinés à la reconnaissance rapprochée et des drones FPV utilisés pour l’observation et la frappe directe.

Autre innovation majeure : l’introduction de canons anti-drones Proteus, conçus pour combler le déficit français. Le système combine un canon de 20 mm issu d’un modèle antiaérien des années 1970, monté sur un camion, une caméra thermique et un calculateur de tir. Le 35e RAP est le premier régiment français à en disposer
 

Le champ de bataille contemporain est saturé de capteurs, et l’artillerie est redevenue une cible prioritaire. Les drones d’observation, qu’ils soient commerciaux ou militaires, repèrent les positions en quelques minutes. Les munitions rôdeuses assurent la frappe immédiate. Dès lors, la dispersion, la mobilité, le camouflage et la guerre électronique sont redevenus des réflexes vitaux.

Alors que la guerre en Ukraine continue de redéfinir les équilibres militaires européens, la France tire les leçons du terrain. Ses artilleurs préparent déjà les combats de demain, où la rapidité d’exécution comptera autant que la portée du canon.

Source : Defense news




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