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L’Europe et la dette




le 17 Avril 2021

Le monde et l’Europe se trouvent dans une situation historique unique, celle d’un endettement sans précédent dans l’histoire de l’humanité.



Image Wikimedia
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Il serait trop long, voire outrecuidant, de s’étendre sur les causes d’un tel état de choses, il est cependant loisible d’en retenir certaines : cet endettement emboîte le pas au précédent et se surcharge de la dette occasionnée par la pandémie, le cours de l’histoire échappant dans la plupart des cas à ceux qui veulent l’anticiper, le monde en arrive à un niveau de dette privée et publique tel que les économistes de la Banque Mondiale et des Banques Centrales n’auraient osé envisager dans leurs prévisions les plus noires ; comme pour l’Arctique et la fonte des glaces, c’est Cassandre qui a été le prophète.
2008 est sans doute une des étapes marquantes de la situation actuelle, depuis cette époque, la dette est annulée par toujours plus de dettes, il y a là des relents du système Maddof par lequel on paye ses dettes en empruntant, on sait ce qu’il advint dudit système :  à un moment « x », le système plonge et tire tout le monde dans sa chute.

En effet la dette a ceci de commun avec la dépendance aux opiacés qu’il en faut toujours plus pour conserver de l’effet, c’est la spirale qui se nourrit d’elle-même d’une manière infernale.

Comment sortir du Maelstrom ? On serait tenté de dire, il y a deux manières, la bonne et la mauvaise, la vertueuse et la perverse.

La vertueuse a pour nom « croissance » et la perverse « inflation ».

Comme dans beaucoup trop d’autres domaines, l’Europe est coupée entre deux grandes catégories, les moins endettés, voire pas du tout et les endettés structurels, systémiques, sans doute même culturels comme l’Italie depuis 1957, c’est la fracture toujours plus béante entre le midi et le septentrion, les sempiternels déficitaires et les excédentaires, les cigales et les fourmis, la France se situant à l’équateur des deux hémisphères avec, toutefois, un accent sudiste qui s’accentue ces derniers temps.

La croissance comme tout être vertueux est à peu près exempte de reproches.
L’inflation à beaucoup d’égards est la sœur dévoyée de la croissance, elle a ceci de méritoire qu’à petite dose elle tue la dette, mais que quand elle s’emballe, elle tue la croissance, les plus âgés se souviendront de la « stagflation » des années 70, scénario cauchemar qui mariait inflation et stagnation qui se traduisait par chômage et perte de pouvoir d’achat, elle favorise les nantis et accroît les différences au sein des nations et entre elles, Bruxelles devenant ainsi le parfait bouc émissaire surtout pour les pays du sud contrairement aux nations du Nord et de l’Est.
Quid de ces deux scénarii pour l’avenir de l’UE et de la zone euro ? Et quid des possibilités de croissance en 2021 et les années suivantes ?

La première question à se poser c’est d’où vient la croissance et au-delà d’où devrait-elle venir ? La réponse est sans doute, d’où elle vient déjà, c’est-à-dire des « nouvelles technologies » : IA, la numérisation, voire nouvelle culture, l’Europe est-elle leader ? le sera-t-elle ? C’est très peu probable, là aussi la crevasse devient plus béante entre des pays comme l’Allemagne et la Grèce aux deux extrémités du spectre de l’innovation.

La croissance, en tout cas une croissance suffisante pour résorber la dette vient et viendra des États-Unis et de l’Asie, plus particulièrement de la Chine, l’Europe pourra-t-elle changer son statut de colonie numérique ? C’est très peu probable, les pays du sud pourront-ils se positionner dans le peloton des innovants ? Les chances sont minces.
Ainsi hélas, les choses ne sont que trop claires, il n’y aura probablement pas de croissance en Europe, en tout cas pas suffisamment pour couvrir la dette autrement que par l’argent magique et le bazooka monétaire cher à Mario Draghi et Christine Lagarde.

Pourquoi pas après tout la planche à billets ? D’abord parce qu’au travers de l’histoire, cette politique a toujours été néfaste, il a inévitablement fallu payer l’addition, à travers les crises, les troubles sociaux durs, voire les guerres, en tout cas les traumatismes ; ensuite par ce que, quelle que soit l’issue de cette politique de l’argent magique, la crédibilité des émetteurs se trouvera toujours compromise sur le marché mondial et si une nouvelle crise grave venait à s’imposer, qui ferait encore confiance à la BCE et à l’Euro ?

Pire encore, les pays du nord, moins endettés et bénéficiant d’une réelle croissance pourraient tirer leur épingle du jeu, comme le disait Louis Gallois « L’Euro renforce les forts et affaiblit les faibles ».
L’Euro créé il y a plus de 20 ans avait pour vocation entre autres de devenir une monnaie d’échange internationale, l’échec est patent.

On a parlé, bien sûr d’un euro à deux vitesses, comme d’une économie européenne à deux, trois vitesses, etc.. Cela, évidemment ne ferait que déparer plus avant la crédibilité de l’Euro et de la BCE, découragerait les pays candidats à la zone euro de poursuivre leurs efforts, en encouragerait d’autres à en sortir et les non intéressés par l’Euro constitueraient ainsi une manière de référence ; l’ensemble contribuant toujours plus à fracturer l’UE.

On le voit, ces scénarii, possibles, voire même probables, notamment entre les pays européens les plus enfoncés dans la dette et les autres ­­- essentiellement les pays du sud - risquent d’accentuer et de creuser plus avant la fracture économique au sein de l’UE ; il convient d’ailleurs de remarquer que ce sont ces mêmes pays de l’Europe méridionale qui ont été, les plus durement touchés par la pandémie en tout cas au départ.

Capitaine de Frégate (H) Ortiz
Président des Officiers Français de Belgique
 


Tags : Economie

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