Un anticapitaliste dans l'âme
D'Hugo Chavez, tout le monde se souvient surtout du chef d'État vénézuélien jamais dernier à lancer des critiques acides envers les États-Unis et leurs alliés. De la Guerre en Afghanistan à la légitimité du siège de l'ONU à New York, le Commandante ne manque aucune occasion d'écorner l'image du pays de l'Oncle Sam. Il se permet même de douter publiquement de la version officielle des attentats du 11 septembre en 2006, une remarque qui n'a pas manqué de froisser l'opinion occidentale dans son ensemble. Parfois, ses diatribes se fondent sur des arguments justifiables et partagés même par certains grands noms de la politique internationale. Certains de ses griefs dépassent toutefois les limites du raisonnable, de la diplomatie même. Il faut dire que traiter le FMI de Dracula ou comparer un certain Georges Bush à un « âne » en blesserait plus d'un. Le défunt président vénézuélien, lui, n'en a cure de ces règles de conduite et de retenue. À ces yeux, la lutte contre l'impérialisme américain prime sur tout le reste.
Un politicien funambule
Ses sorties peu mesurées sur toute action litigieuse des États-Unis projettent une image quelque peu fausse de sa personnalité. Ces dérapages tendent parfois à masquer quelques-unes des qualités du Commandante. Se déclarant homme du peuple, il a su fédérer – du moins en apparence — la classe moyenne et les pauvres autour de lui, moyennant une politique sociale des plus osées. Dès son arrivée au pouvoir en 1999, il multiplie les plans d'aide aux plus défavorisés. Aides alimentaires, attribution de logements et gratuité des soins forment l'essentiel de ses arguments sociaux. Seul problème, ces opérations sont directement financées par PDVSA, la compagnie pétrolière du Venezuela, une entité fortement dépendante du Chef d'État.
Beaucoup voient dans ces financements une vaste opération de séduction servant uniquement les intérêts du président Chavez. Le fait que l'argent utilisé soit issu des rentes pétrolières de l'État ne fait qu'attiser l'indignation des opposants, notamment ceux de la classe moyenne et les plus aisés, exclus du dispositif d'aides sociales. Face à la fronde populaire, Hugo Chavez fait appel à ses qualités d'orateur exceptionnel et de communicant dans ses discours hebdomadaires prononcés dans l'émission « Aló Presidente ». S'appuyant sur des anecdotes de son enfance, des blagues et de joyeuses chansonnettes, le président y expose ses doctrines... et détourne en même temps l'attention du public sur la situation alarmante du pays.
Le Commandante use de la même roublardise sur la scène internationale. Jamais avare en grogneries envers les États-Unis, il n'en reste pas moins un interlocuteur commercial majeur des Américains. En 14 ans au pouvoir, il n'a jamais cherché à réduire les exportations de pétrole au pays de l'Oncle Sam. Le Vénézuéla achemine même aux États-Unis 44 % de sa production annuelle, sans oublier les centaines milliers de barils de pétrole bradés aux plus démunis de la côte est américaine. Outre ses relations commerciales avec les USA, Chavez noue de multiples alliances politiques avec la Russie, sans forcément embrasser toutes les idées du communisme soviétique, avec Cuba, la Bolivie, la Colombie et bien d'autres pays d'Amérique latine.
Le dictateur du peuple
Élu démocratiquement en 1998, Hugo Chavez change peu à peu sa manière de diriger le Vénézuéla dans le cadre de sa « révolution bolivarienne ». Il renforce dans un premier temps son influence sur les médias publics. Ces manœuvres lui ont permis de mener à bien l'instauration d'un véritable culte de la personnalité, dont les effets restent palpables à sa mort. En vérité, il a commencé sa guerre de la communication dès 1992, après son coup d'État raté. Devant toute la nation, les poings menottés, il s'est montré confiant, humble et responsable en demandant à ses compagnons d'armes de cesser les hostilités. Ces quelques secondes retransmises à la télévision nationale, il a su les capitaliser et les utiliser intelligemment pour donner une image propre, forte, rationnelle et consciencieuse de lui-même. Saluée même par le président vénézuélien de l'époque, cette intervention télévisée pose les bases de la politique de l'image du Commandante.
Sa mainmise des médias statuée, Hugo Chavez s'attaque aux institutions de son pays. Peu soucieux des droits de l'homme, il multiplie les expropriations de milliers de foyers pour installer une industrie pétrolière opaque et contrôlée par ses acolytes. Durant ses dernières années de présidence, il réduit drastiquement le pouvoir de son gouvernement et impose par décret les décisions les plus importantes. Malgré ces écarts, « le semeur » s'attire les bonnes grâces de la majorité des Vénézuéliens et gagne la sympathie de personnalités politiques de tous les horizons. La question maintenant est : qui pourrait désormais assumer la lourde responsabilité de succéder au Commandante, l'une des plus fortes têtes des dirigeants de ces dernières décennies ?
D'Hugo Chavez, tout le monde se souvient surtout du chef d'État vénézuélien jamais dernier à lancer des critiques acides envers les États-Unis et leurs alliés. De la Guerre en Afghanistan à la légitimité du siège de l'ONU à New York, le Commandante ne manque aucune occasion d'écorner l'image du pays de l'Oncle Sam. Il se permet même de douter publiquement de la version officielle des attentats du 11 septembre en 2006, une remarque qui n'a pas manqué de froisser l'opinion occidentale dans son ensemble. Parfois, ses diatribes se fondent sur des arguments justifiables et partagés même par certains grands noms de la politique internationale. Certains de ses griefs dépassent toutefois les limites du raisonnable, de la diplomatie même. Il faut dire que traiter le FMI de Dracula ou comparer un certain Georges Bush à un « âne » en blesserait plus d'un. Le défunt président vénézuélien, lui, n'en a cure de ces règles de conduite et de retenue. À ces yeux, la lutte contre l'impérialisme américain prime sur tout le reste.
Un politicien funambule
Ses sorties peu mesurées sur toute action litigieuse des États-Unis projettent une image quelque peu fausse de sa personnalité. Ces dérapages tendent parfois à masquer quelques-unes des qualités du Commandante. Se déclarant homme du peuple, il a su fédérer – du moins en apparence — la classe moyenne et les pauvres autour de lui, moyennant une politique sociale des plus osées. Dès son arrivée au pouvoir en 1999, il multiplie les plans d'aide aux plus défavorisés. Aides alimentaires, attribution de logements et gratuité des soins forment l'essentiel de ses arguments sociaux. Seul problème, ces opérations sont directement financées par PDVSA, la compagnie pétrolière du Venezuela, une entité fortement dépendante du Chef d'État.
Beaucoup voient dans ces financements une vaste opération de séduction servant uniquement les intérêts du président Chavez. Le fait que l'argent utilisé soit issu des rentes pétrolières de l'État ne fait qu'attiser l'indignation des opposants, notamment ceux de la classe moyenne et les plus aisés, exclus du dispositif d'aides sociales. Face à la fronde populaire, Hugo Chavez fait appel à ses qualités d'orateur exceptionnel et de communicant dans ses discours hebdomadaires prononcés dans l'émission « Aló Presidente ». S'appuyant sur des anecdotes de son enfance, des blagues et de joyeuses chansonnettes, le président y expose ses doctrines... et détourne en même temps l'attention du public sur la situation alarmante du pays.
Le Commandante use de la même roublardise sur la scène internationale. Jamais avare en grogneries envers les États-Unis, il n'en reste pas moins un interlocuteur commercial majeur des Américains. En 14 ans au pouvoir, il n'a jamais cherché à réduire les exportations de pétrole au pays de l'Oncle Sam. Le Vénézuéla achemine même aux États-Unis 44 % de sa production annuelle, sans oublier les centaines milliers de barils de pétrole bradés aux plus démunis de la côte est américaine. Outre ses relations commerciales avec les USA, Chavez noue de multiples alliances politiques avec la Russie, sans forcément embrasser toutes les idées du communisme soviétique, avec Cuba, la Bolivie, la Colombie et bien d'autres pays d'Amérique latine.
Le dictateur du peuple
Élu démocratiquement en 1998, Hugo Chavez change peu à peu sa manière de diriger le Vénézuéla dans le cadre de sa « révolution bolivarienne ». Il renforce dans un premier temps son influence sur les médias publics. Ces manœuvres lui ont permis de mener à bien l'instauration d'un véritable culte de la personnalité, dont les effets restent palpables à sa mort. En vérité, il a commencé sa guerre de la communication dès 1992, après son coup d'État raté. Devant toute la nation, les poings menottés, il s'est montré confiant, humble et responsable en demandant à ses compagnons d'armes de cesser les hostilités. Ces quelques secondes retransmises à la télévision nationale, il a su les capitaliser et les utiliser intelligemment pour donner une image propre, forte, rationnelle et consciencieuse de lui-même. Saluée même par le président vénézuélien de l'époque, cette intervention télévisée pose les bases de la politique de l'image du Commandante.
Sa mainmise des médias statuée, Hugo Chavez s'attaque aux institutions de son pays. Peu soucieux des droits de l'homme, il multiplie les expropriations de milliers de foyers pour installer une industrie pétrolière opaque et contrôlée par ses acolytes. Durant ses dernières années de présidence, il réduit drastiquement le pouvoir de son gouvernement et impose par décret les décisions les plus importantes. Malgré ces écarts, « le semeur » s'attire les bonnes grâces de la majorité des Vénézuéliens et gagne la sympathie de personnalités politiques de tous les horizons. La question maintenant est : qui pourrait désormais assumer la lourde responsabilité de succéder au Commandante, l'une des plus fortes têtes des dirigeants de ces dernières décennies ?