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Grâce sous tension : Alger libère Boualem Sansal pour apaiser la tempête diplomatique




Publié par La Rédaction le 12 Novembre 2025

Après près d’un an de détention, l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal a été gracié par les autorités d’Alger. Ce geste, intervenu dans un contexte de tensions diplomatiques entre la France et l’Algérie, ne vient pas mettre un terme à l’affaire mais en dessine les contours : l’arrestation, la gravité des accusations liées aux territoires algériens, puis la crise entre Paris et Alger.



Image ENDERI
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L’Algérie a annoncé qu’elle acceptait la demande du président allemand Frank‑Walter Steinmeier en faveur de la grâce de Boualem Sansal, détenu depuis novembre 2024. Le communiqué de la présidence algérienne indique que le chef de l’État algérien, Abdelmadjid Tebboune, a « réagi favorablement » à cette demande pour des motifs « humanitaires », en particulier en raison de l’état de santé fragile de l’écrivain. La mesure officielle prévoit également un transfert vers l’Allemagne afin qu’il reçoive les soins nécessaires. Cette libération sous forme de grâce tombe alors que l’affaire avait pris une dimension internationale, et pourrait être interprétée comme un geste calculé sur le plan diplomatique, plus que comme un recul complet des autorités algériennes.


Boualem Sansal avait été arrêté à l’aéroport d’Alger le 16 novembre 2024 et inculpé pour « atteinte à l’intégrité du territoire national » en vertu de l’article 87 bis du code pénal algérien. Le motif de l’accusation : dans un entretien au média français d’extrême droite, il avait affirmé que, avant la colonisation française, « tout l’ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc ». Ces propos ont été considérés par les autorités algériennes comme remettant en cause les frontières actuelles, provoquant des poursuites pour « intelligence avec des parties étrangères » et menant à une condamnation en première instance à cinq ans de prison ferme et à une amende. À cela s’ajoute le fait que l’écrivain avait récemment obtenu la nationalité française, ce qui a complexifié sa situation juridique et politique.

L’affaire Sansal s’inscrit dans un climat diplomatique déjà très tendu entre la France et l’Algérie. La décision de Paris de reconnaître la « souveraineté marocaine » sur le Sahara occidental a aggravé les relations avec Alger, et l’arrestation de l’écrivain est venue cristalliser les griefs. Le gouvernement français a dénoncé la peine comme « incompréhensible et injustifiée », et a exigé une issue rapide en invoquant l’état de santé de Sansal. De son côté, l’Algérie a accusé Paris d’instrumentaliser l’affaire pour les besoins de sa politique intérieure. L’échange de diplomates expulsés, le rappel d’ambassadeurs et les restrictions croisées sur les visas ont illustré l’ampleur du malaise. Malgré la grâce accordée, le dossier maintient un éclat diplomatique : ce geste est autant un soulagement qu’un geste de gestion de crise, laissant en suspens les questions de liberté d’expression et les frontières franco-algériennes.

Ce triple regard – libération, motif de l’incarcération, et contexte diplomatique – montre combien le cas de Boualem Sansal ne se limite pas à un écrivain poursuivi mais à un marqueur des enjeux géopolitiques, culturels et diplomatiques du Maghreb contemporain.




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