Gazoduc “Force de Sibérie 2” : une artère énergétique de 7 000 km pour alimenter la Chine
Annoncé initialement en 2006 sous le nom de projet Altaï, puis rebaptisé “Force de Sibérie 2”, le gazoduc traverserait la Russie occidentale, la Mongolie et le nord de la Chine pour relier les gisements gaziers de la péninsule de Yamal aux provinces chinoises.
Avec une capacité estimée à 50 milliards de mètres cubes par an, il s’agirait de l’équivalent de ce que Moscou livrait historiquement à l’Allemagne avant 2022. « Gazprom et la China National Petroleum Corporation (CNPC) ont signé un mémorandum juridiquement contraignant pour la livraison de gaz par la route orientale », a déclaré Alexeï Miller, PDG de Gazprom, cité par L’Express.
Mais si le ruban est bien annoncé, aucune date de début de construction n’a été communiquée. Le prix du gaz, quant à lui, n’a pas été révélé non plus. Pékin n’a émis aucune déclaration officielle confirmant la signature. Une absence de communication qui laisse planer un doute sur le véritable engagement chinois.
Russie-Chine : un partenariat énergétique sous tension géopolitique
Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les flux gaziers entre la Russie et l’Union européenne se sont effondrés. Alors qu’ils représentaient 45 % du gaz européen en 2021, ils ne comptaient plus que 19 % en 2024, d'après les chiffres communiqués par L'Express.
Dans ce contexte, la Chine apparaît comme un partenaire de substitution idéal. Le premier gazoduc, baptisé "Force de Sibérie", fonctionne depuis 2019 et devrait atteindre 44 milliards de mètres cubes par an d’ici la fin 2025. Le second, "Force de Sibérie 2", permettrait donc de doubler presque les exportations gazières russes vers la Chine.
Pour Moscou, il s'agit d’un moyen de diversifier ses débouchés et d'éviter l’asphyxie énergétique. Pour Pékin, c’est une occasion d’acheter du gaz à bas prix, alors que la Russie se retrouve en position de faiblesse dans les négociations. Selon The Wall Street Journal, la Chine détient désormais l’avantage stratégique, ayant imposé ses conditions tarifaires en raison de l’isolement économique de la Russie.
Derrière le tuyau, une dépendance inversée ?
Les experts s’interrogent : ce gazoduc est-il un symbole de force ou un aveu de faiblesse ? En l’absence d’un accord sur les prix et d’un calendrier de réalisation, certains redoutent un projet « plus politique que technique ». D’autant que la Mongolie, territoire de transit, a donné son accord de principe mais attend des garanties financières pour valider son implication.