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Accord russo-chinois : un nouveau gazoduc géant pour réorienter l’énergie de Moscou vers Pékin




Publié par Jehanne Duplaa le 3 Septembre 2025

Sous pression depuis les sanctions occidentales, la Russie accélère son pivot énergétique vers l’Asie. Un accord juridiquement contraignant a été signé avec la Chine pour lancer le chantier d’un gazoduc de 7 000 kilomètres. Mais que cache réellement ce virage stratégique ?



Le 2 septembre 2025, Gazprom a annoncé la signature d’un mémorandum juridiquement contraignant avec la Chine, marquant une étape décisive dans le projet de gazoduc "Force de Sibérie 2". Long de plus de 7 000 kilomètres, cet ouvrage énergétique relierait les gisements russes de Yamal aux infrastructures chinoises via la Mongolie. Ce projet, évoqué depuis plus d’une décennie, cristallise les ambitions de Moscou de se détacher définitivement du marché européen. Mais derrière cette annonce solennelle, les incertitudes demeurent nombreuses.

Gazoduc “Force de Sibérie 2” : une artère énergétique de 7 000 km pour alimenter la Chine

Annoncé initialement en 2006 sous le nom de projet Altaï, puis rebaptisé “Force de Sibérie 2”, le gazoduc traverserait la Russie occidentale, la Mongolie et le nord de la Chine pour relier les gisements gaziers de la péninsule de Yamal aux provinces chinoises.

Avec une capacité estimée à 50 milliards de mètres cubes par an, il s’agirait de l’équivalent de ce que Moscou livrait historiquement à l’Allemagne avant 2022. « Gazprom et la China National Petroleum Corporation (CNPC) ont signé un mémorandum juridiquement contraignant pour la livraison de gaz par la route orientale », a déclaré Alexeï Miller, PDG de Gazprom, cité par L’Express.

Mais si le ruban est bien annoncé, aucune date de début de construction n’a été communiquée. Le prix du gaz, quant à lui, n’a pas été révélé non plus. Pékin n’a émis aucune déclaration officielle confirmant la signature. Une absence de communication qui laisse planer un doute sur le véritable engagement chinois.


Russie-Chine : un partenariat énergétique sous tension géopolitique

Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, les flux gaziers entre la Russie et l’Union européenne se sont effondrés. Alors qu’ils représentaient 45 % du gaz européen en 2021, ils ne comptaient plus que 19 % en 2024, d'après les chiffres communiqués par L'Express.

Dans ce contexte, la Chine apparaît comme un partenaire de substitution idéal. Le premier gazoduc, baptisé "Force de Sibérie", fonctionne depuis 2019 et devrait atteindre 44 milliards de mètres cubes par an d’ici la fin 2025. Le second, "Force de Sibérie 2", permettrait donc de doubler presque les exportations gazières russes vers la Chine.

Pour Moscou, il s'agit d’un moyen de diversifier ses débouchés et d'éviter l’asphyxie énergétique. Pour Pékin, c’est une occasion d’acheter du gaz à bas prix, alors que la Russie se retrouve en position de faiblesse dans les négociations. Selon The Wall Street Journal, la Chine détient désormais l’avantage stratégique, ayant imposé ses conditions tarifaires en raison de l’isolement économique de la Russie.


Derrière le tuyau, une dépendance inversée ?

Les experts s’interrogent : ce gazoduc est-il un symbole de force ou un aveu de faiblesse ? En l’absence d’un accord sur les prix et d’un calendrier de réalisation, certains redoutent un projet « plus politique que technique ». D’autant que la Mongolie, territoire de transit, a donné son accord de principe mais attend des garanties financières pour valider son implication.


Un projet à fort potentiel mais suspendu à des incertitudes

"Force de Sibérie 2" incarne le basculement énergétique d’un monde fracturé. Entre ambition géopolitique russe et pragmatisme économique chinois, ce gazoduc reste pour l’instant un tuyau sur le papier. Mais sa concrétisation pourrait redéfinir l’architecture énergétique eurasiatique pour les décennies à venir.



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