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Défense : la Norvège solde le contrat NH90, NHIndustries évite le procès




Publié par Aurélien Lacroix le 4 Novembre 2025

Le 3 novembre 2025, le consortium européen NHIndustries – qui réunit Airbus Helicopters, Leonardo et GKN Fokker – a annoncé la signature d’un accord de règlement avec le ministère norvégien de la Défense. Ce compromis met fin à un long litige autour du contrat d’acquisition des hélicoptères NH90, signé en 2001 pour un montant initial de plusieurs milliards de couronnes. La Norvège réclamait des dommages liés à des retards chroniques, des indisponibilités techniques et une charge logistique jugée insoutenable.



Un contrat emblématique des limites de l’intégration industrielle européenne

Le contrat NH90 norvégien, conclu en 2001, prévoyait la livraison de 14 hélicoptères destinés à des missions maritimes et anti-sous-marines. À l’époque, il s’agissait d’un jalon clé pour NHIndustries, symbole de la coopération industrielle entre la France, l’Italie, l’Allemagne et les Pays-Bas. Mais dès 2010, le programme a connu de fortes tensions : retards de production, difficultés d’intégration avionique et problèmes de maintenance ont pesé sur les relations entre le client et le constructeur.

Selon la Défense norvégienne, le rythme de vol des NH90 est resté limité à environ 700 heures par an, loin des 3 900 heures contractuelles, malgré des efforts massifs de soutien industriel. En juin 2022, le gouvernement a annoncé la rupture unilatérale du contrat, jugeant l’hélicoptère incapable de remplir les exigences opérationnelles. Le ministre de la Défense Bjørn Arild Gram avait alors déclaré : « Aucun nombre d’heures de maintenance ne permettra jamais au NH90 d’atteindre nos standards », relaye Reuters.

Du point de vue du constructeur, la situation était plus nuancée. NHIndustries soutenait que la complexité du programme et la diversité des versions commandées par les différents États rendaient la standardisation difficile. En interne, le consortium a dû gérer plusieurs chaînes d’approvisionnement et configurations logicielles parallèles, illustrant les défis structurels d’une industrialisation européenne en co-développement.

Un règlement pragmatique : 305 millions d’euros et reprise des appareils


Le règlement amiable officialisé le 3 novembre 2025 met fin à toute procédure judiciaire, d’après le communiqué de NHIndustries. Concrètement, le constructeur s’engage à verser 305 millions d’euros à la Norvège, en plus d’environ 70 millions d’euros déjà versés sous forme de garanties bancaires. L’ensemble représente un effort financier total estimé à 375 millions d’euros, selon FlightGlobal.

Le compromis intervient à quelques jours de l’ouverture du procès prévue à Oslo le 10 novembre 2025, évitant un affrontement judiciaire potentiellement long et préjudiciable à l’image du programme NH90. En contrepartie, NHIndustries reprend la totalité des hélicoptères, outillages, pièces détachées et systèmes de mission livrés, afin de les réintégrer dans son parc industriel. L’opération pourrait permettre au consortium de recycler des cellules et composants vers d’autres flottes clientes – notamment en France, en Allemagne ou en Italie – tout en optimisant la chaîne logistique et la disponibilité globale du modèle.

Pour la Norvège, qui avait initialement réclamé 2,86 milliards d’euros de dédommagements, cet accord reste bien en-deçà de ses attentes, mais il offre une clôture financière rapide et juridiquement sécurisée. Pour NHIndustries, il s’agit d’un coût maîtrisé, garantissant la stabilité du programme et la protection de son image auprès d’autres États membres du consortium.

Répercussions industrielles

Sur le plan industriel, la fin du litige ouvre un nouveau cycle stratégique pour NHIndustries. La réintégration des cellules norvégiennes dans le flux de production pourrait renforcer la gestion des rechanges et réduire la pression sur les lignes de maintenance. Les appareils pourraient être reconfigurés pour d’autres forces européennes opérant le NH90, notamment l’Allemagne, la Belgique ou l’Italie.

Pour la Norvège, la page est tournée : les MH-60R Seahawk américains, commandés pour près de 1,1 milliard d’euros, remplacent progressivement le NH90 dans les missions de surveillance maritime. Cette décision acte un glissement stratégique vers une dépendance accrue vis-à-vis des États-Unis, mais elle reflète surtout un choix de robustesse industrielle.


 



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