Enderi

Accueil
Envoyer à un ami
Version imprimable


Vol d'uranium au Niger : une enquête française aux implications stratégiques majeures




Publié par Adélaïde Motte le 19 Décembre 2025

L’ouverture d’une enquête à Paris sur un possible vol d’uranium au Niger dépasse le simple contentieux minier. Elle interroge la sécurisation des matières nucléaires, la robustesse des chaînes industrielles et l’exposition stratégique des acteurs européens dans une zone instable.



Uranium et sécurité : un dossier qui change de dimension

L’enquête ouverte en France sur des soupçons de vol d’uranium au Niger marque un tournant, car elle fait basculer un conflit industriel dans le champ régalien. Jusqu’ici, le différend opposant Orano à l’État nigérien relevait surtout de l’arbitrage international et du droit des investissements. Désormais, l’uranium devient un objet d’attention pénale, donc sécuritaire, ce qui modifie profondément la lecture du dossier. Dans un secteur où la maîtrise des flux de matières sensibles est centrale, l’hypothèse d’un déplacement non contrôlé d’uranium déclenche mécaniquement l’intérêt des autorités françaises.

Cette évolution est loin d’être anodine. L’uranium, même à un stade non enrichi, reste une ressource stratégique, étroitement liée à la dissuasion, au nucléaire civil et aux équilibres de souveraineté. Le fait qu’un État perde, même temporairement, la traçabilité de stocks issus d’un site historiquement opéré par un acteur français fragilise la crédibilité des dispositifs de contrôle. Dans ce contexte, l’enquête du parquet de Paris apparaît comme un signal : la sécurité des matières prime désormais sur la seule logique contractuelle.

Uranium et industrie : chaînes d’approvisionnement sous tension

Sur le plan industriel, l’affaire révèle la vulnérabilité des chaînes d’approvisionnement en uranium lorsque le cadre politique se dégrade. Des volumes significatifs sont évoqués, de l’ordre de plusieurs centaines à plus d’un millier de tonnes, ce qui représente un enjeu économique considérable. Pour les industriels du nucléaire, civils comme militaires, l’incertitude sur le statut juridique et physique de ces stocks complique la planification, renchérit les coûts de conformité et alimente un risque réputationnel durable.

Enfin, cette affaire envoie un message clair aux groupes opérant dans des zones à forte instabilité politique. La nationalisation de sites, la remise en cause des contrats et, désormais, la judiciarisation pénale autour de l’uranium obligent à repenser les stratégies de présence locale. Au-delà du Niger, c’est l’ensemble des approvisionnements stratégiques européens qui est concerné. Car, lorsque l’uranium devient un sujet d’enquête judiciaire, c’est toute la chaîne industrielle, de l’extraction à l’utilisateur final, qui se retrouve exposée.



Nouveau commentaire :

ENDERI promeut la liberté d'expression, dans le respect des personnes et des opinions. La rédaction d'ENDERI se réserve le droit de supprimer, sans préavis, tout commentaire à caractère insultant, diffamatoire, péremptoire, ou commercial.