L’IA en vedette, mais toujours sous surveillance humaine
Cette édition l’a confirmé : l’intelligence artificielle n’est plus un supplément technologique, c’est devenu la colonne vertébrale du secteur. Détection d’anomalies en temps réel, prédiction d’incidents, tri automatisé des alertes, reconnaissance de formes complexes…
À écouter les exposants, les algorithmes frôlent l’infaillibilité.
À écouter les visiteurs, c’est déjà plus nuancé.
Comme le glisse un commandant de gendarmerie, mi-séduit, mi-méfiant :
« C’est impressionnant, mais il ne faut pas que la machine décide à notre place. »
La fascination est là, palpable. Le doute aussi.
Dans le ciel, des drones plus discrets que des oiseaux
Difficile de passer à côté : les drones ne sont plus des gadgets. Ils patrouillent, se déclenchent automatiquement, surveillent des zones entières et retournent à leur station se recharger. Certains sont si silencieux qu’on ne sait pas s’ils sont en vol… ou déjà derrière vous.
En miroir, la lutte anti-drones monte en puissance. Brouilleurs intelligents, radars miniatures, filets projetés à très basse vitesse : le marché devient un duel permanent entre offense et défense.
La guerre aérienne, version miniature.
Les start-up bousculent les codes, mais l’accès au terrain reste étroit
Entre deux géants emblématiques du secteur, les start-up faisaient entendre une autre musique : plus rapide, plus frugale, plus créative.
On y croisait des solutions d’analyse ultra-légère, des capteurs à énergie minimale, des outils de pilotage pour les communes ou les organisateurs d’événements.
Mais toutes savent que le secteur est verrouillé : la sécurité intérieure ne teste pas au hasard. Le chemin entre un prototype brillant et un marché réel est long, encadré, parfois décourageant.
Cela n’empêche pas l’enthousiasme — et c’est tant mieux.
Le retour des basiques : des gilets qui respirent, enfin
Si Milipol fascine souvent par ses gadgets futuristes, un détail amusant revient chaque année : certains stands les plus bondés sont ceux où l’on parle… textile, ergonomie, confort.
Gilets plus légers, casques ventilés, tissus balistiques qui ne donnent plus l’impression de porter un sauna.
Comme l’explique un responsable de brigade :
« La technologie, c’est super, mais au quotidien, c’est mon dos qui vous dira merci. »
Parfois, l’innovation commence par retirer un kilo.
Un salon sous tension géopolitique — et un podium très international
Difficile d’ignorer le contexte : guerre en Ukraine, attaques hybrides, sabotage d’infrastructures critiques. Les délégations étaient nombreuses, très internationales. Et un chiffre, souvent passé sous les radars, en dit long sur cette mondialisation de la sécurité : le Top 10 des pays exposants en surface (hors France).
Voici le classement :
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Chine
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Allemagne
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États-Unis
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Israël
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Royaume-Uni
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Italie
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Turquie
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Autriche
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Belgique
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Suède
Ce palmarès raconte une histoire : Milipol n’est pas seulement une vitrine française, c’est une scène mondiale où se croisent puissances industrielles, leaders technologiques, et pays au savoir-faire militaire affirmé.
Il suffit de regarder les nationalités en tête pour comprendre que la sécurité intérieure est devenue un marché stratégique, presque un théâtre diplomatique.
On y lit l’état du monde aussi clairement que sur une carte d’état-major.
Bilan : des promesses, des inquiétudes, et un futur qui s’approche vite
Milipol 2025 tire le rideau sur une édition dense, inventive, parfois vertigineuse.
Ce salon rassure par les solutions qu’il expose, inquiète par les problématiques qu’il révèle, et fascine par l’avenir qu’il dessine.
À la sortie, un visiteur résumait l’ambiance mieux que personne :
« On voit tout ce qu’on peut faire. Et tout ce qu’il va falloir surveiller. »
Dans un monde qui ne l’est plus vraiment, la sécurité, elle, continue d’avancer — vite.

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