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Les coulisses de la virulente campagne de déstabilisation du SEIU contre Sodexo




Publié par Colomba Gachet le 24 Avril 2023

La rivalité entre les entreprises d’un même marché peut parfois pousser à des pratiques peu scrupuleuses. Richard A. D’Aveni mentionne dans son livre « la stratégie consiste aussi à détruire de manière créative l’avantage de l’adversaire ». C'est le cas de la campagne de déstabilisation menée par le syndicat américain SEIU contre Sodexo, géant français de la restauration collective. Manipulation de l’opinion publique, violations d’informations secrètes, manœuvres occultes de déstabilisation, développement de rumeurs…Retour sur une affaire d'intelligence économique qui a secoué les deux entités.



Une rivalité exacerbée entre deux acteurs majeurs du marché

Sodexo est une entreprise française présente dans plus de 80 pays, spécialisée dans les services de restauration, les services de qualité de vie et la gestion de sites. SEIU (Service Employees International Union) est un syndicat américain qui représente environ 2 millions de travailleurs dans divers secteurs, dont l'hôtellerie et la restauration. Les deux entreprises sont donc en concurrence directe sur certains marchés. L'une des principales sources de tension entre Sodexo et le SEIU est leur différence d'approche en matière de relations avec les travailleurs. En 2010, le SEIU a lancé une campagne de déstabilisation contre Sodexo, l'accusant de pratiques antisyndicales, de violations des droits des travailleurs et de mauvaises conditions de travail. Une manifestation a été organisée devant son restaurant Sodexo aux États-Unis, une pétition a été lancée et la vidéo a été diffusée sur Internet. La campagne a eu un impact considérable sur la réputation de Sodexo et l'entreprise a perdu plusieurs contrats importants.
 

Les méthodes de collecte d’informations et d’influence utilisées par le SEIU contre Sodexo

Pour réussir cette opération, le SEIU a utilisé plusieurs angles d'attaque ; contre l’organisation de Sodexo (relations perturbées entre la direction et les employés), contre sa culture (démontrer que Sodexo ne respecte pas les droits de l'homme) et contre son financement (normes de service substantielles et potentiel d'investissement indirect).
 
Le syndicat a engagé une société d'intelligence économique et de gestion de l'information stratégique pour mener à bien des projets de recherche et de collecte d'informations. Il a d'abord recherché les vulnérabilités de l'entreprise afin d'identifier les failles potentiellement exploitables, puis identifié les vecteurs et les relais à utiliser.
 
Premièrement, l'entreprise a mis en place des méthodes rigoureuses de veille basées sur la collecte d'informations à partir de différents canaux tels que la surveillance des médias, la collecte de documents et l'écoute des réseaux sociaux. Cette méthode a permis au syndicat d'obtenir une connaissance détaillée des faiblesses de l'entreprise et des points faibles pouvant être exploités.
 
Cette veille médiatique intensive a permis, dans un second temps, au cabinet d’IE de passer à l’étape d’investigation. SEIU confectionne un profil détaillé de l'entreprise et de son environnement commercial mais surtout comprend les domaines et capteurs humains clés sur lesquelles le SEIU peut se concentrer pour maximiser la pression sur l'entreprise. De cette manière, le SEIU a pu identifier des employés mécontents ou d'anciens employés à travers le pays afin de les cibler pour des entretiens orchestrés à un moment propice où ces derniers étaient le plus enclin à parler. L'entreprise a ensuite utilisé un processus d'écoute pour recueillir des informations à partir de différentes sources : les employés de Sodexo ont été interrogés de manière informelle pour obtenir des informations sur les activités de l'entreprise. En parallèle, la SEIU à réussi à manipuler certains employés et faire passer des messages précis pour intensifier leur mécontentement. Enfin, la dernière étape de la stratégie de collecte d’informations du syndicat repose sur de l’espionnage donc ce qui relève de l’illicite. En effet, le SEIU à réussi à s’introduire dans les réunions internes de Sodexo, copier des documents confidentiels et écouter les employés. De nombreux documents très confidentiels ont été volés, tels que des archives secrètes de l'entreprise, des sources gouvernementales, des documents financiers, des contrats et des communications internes.
 
Ces collectes d’informations brutes ont permis au SEIU de prendre de bonnes décisions afin de mettre en œuvre une stratégie de déstabilisation ciblée contre Sodexo. Cette stratégie consistait à attaquer l'entreprise sur différents fronts, notamment la qualité de la nourriture servie dans les établissements de restauration, les conditions de travail des employés et la gestion du personnel.

Les conséquences pour Sodexo et le SEIU

L'incident qui s'est produit entre Sodexo et le SEIU a eu des conséquences importantes pour les deux entreprises impliquées. Pour Sodexo, cela a mis en évidence les risques associés à l'utilisation de l'intelligence économique, et l'entreprise a pris des mesures pour renforcer sa sécurité informatique et mettre en place des procédures plus strictes pour le traitement des données sensibles. Sodexo a également mis fin à sa campagne de dénigrement et a intenté une action en justice pour obtenir des dommages et intérêts. En revanche, le SEIU a dû faire face à une forte opposition publique aux méthodes qu'il a utilisées pour atteindre ses objectifs, et a été accusé d'avoir utilisé des techniques d'espionnage et de piratage pour obtenir des informations sensibles sur Sodexo. Cette campagne de dénigrement a également exposé les limites de l'intelligence économique, en démontrant que certaines pratiques sont considérées comme illégales et peuvent causer de graves préjudices aux entreprises concernées. Sodexo a déposé une plainte contre le SEIU pour violation du Racketeer Influenced and Corrupt Organizations Act (RICO), une loi conçue pour lutter contre les activités criminelles organisées, et le SEIU a finalement accepté de verser à Sodexo la somme de 20 millions de dollars pour régler le procès.



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