Diplomatie
La Space Force avait prévu de lancer la « Space Futures Command », un nouveau commandement dédié à l’anticipation des besoins à 10-15 ans dans l’espace. Mais, selon un article du média spécialisé Breaking Defense du 17 octobre 2025, ces plans sont désormais gelés. Une source du Pentagone a résumé la situation en termes cinglants : « Futures Command is dead. »
La mise au point fait suite à la décision du United States Army, début octobre, de désactiver son propre Army Futures Command et son commandement TRADOC pour les regrouper dans une nouvelle organisation, la Training and Transformation Command. Ce précédent organisationnel a été cité comme un élément déterminant dans la remise en question du modèle de la Space Force.
Initialement annoncée en février 2024 par le chef d’état-major de la Space Force, B. Chance Saltzman, la nouvelle entité devait regrouper un centre « Concepts & Technologies », un centre « Wargaming » et tirer parti du Space Warfighting Analysis Center (SWAC). L’objectif affiché : anticiper l’environnement spatial de 2030-2040, bâtir les exigences de forces, tester les concepts et orienter les architectures spatiales.
Mais la nouvelle administration du Pentagone a demandé une relecture complète des projets organisationnels, gelant le lancement du commandement. Le secrétaire de l’Air Force, Troy Meink, interrogé en conférence de presse, a simplement indiqué qu’il souhaitait prendre le temps de « bien faire les choses ».
En l’absence de feu vert, plusieurs sources évoquent déjà des discussions internes concernant une structure de remplacement potentielle, provisoirement baptisée « Innovation and Simulation ». Cette organisation pourrait regrouper SWAC et d’autres entités rattachées, dans un format moins élevé qu’un commandement à part entière.Toutefois, aucun calendrier ni budget n’a encore été officialisé, laissant les industriels et les partenaires dans l’expectative.
Les enjeux sont loin d’être anecdotiques. Le domaine spatial est de plus en plus considéré comme un champ de confrontation stratégique, notamment face à la montée de People’s Republic of China. Les investissements de la Space Force devraient atteindre un budget de l’ordre de 40 milliards de dollars pour l’exercice 2026, dont près de 29 milliards seraient dédiés à la recherche et développement. Une structure dédiée d’anticipation stratégique pouvait alors apparaître comme un outil clé pour planifier les capacités spatiales de demain.
Le recul de ce projet interroge sur la capacité de l’armée américaine à subir une réorganisation majeure tout en gardant le rythme de modernisation. Un observateur anonyme résume : « Ce n’est pas une bonne année pour accroître les commandements/bureaucraties au Pentagone. »
Le flou autour de la nouvelle structure explique aussi l’inquiétude des entreprises du secteur spatial. Sans ligne claire, certains contrats ou programmes « future » peuvent être retardés ou redéfinis. Cette incertitude peut freiner l’innovation ou retarder des acquisitions cruciales.
Malgré tout, certaines fonctions avancées sont maintenues : la Space Force continue de travailler à son plan « objective force » sur 15 ans et à sa feuille de route « future operating environment ». Ces travaux doivent entrer en vigueur même sans la nouvelle structure commandement- dédiée.
En conclusion, si la Space Force souhaite toujours penser ses forces à horizon 2030-2040, elle renonce à ce jour à la création d’un commandement spécifique. Le projet « Space Futures Command » est stoppé et remplacé dans les faits par une réflexion organisationnelle toujours en cours. Ce recul peut être perçu comme un geste de prudence institutionnelle ou une pause stratégique. Mais alors que les défis spatiaux s’accumulent, le temps presse.
