Une campagne hybride diffuse et volontairement sous le seuil
Les faits observés depuis la Baltique jusqu’à l’Europe centrale dessinent une grammaire désormais bien identifiée. Incendies criminels déclenchés via des engins dissimulés dans des colis de fret, sabotages à faible signature sur des nœuds ferroviaires ou énergétiques, détériorations répétées de câbles sous-marins en mer Baltique, brouillages GPS affectant l’aviation civile : l’ensemble de ces actions partage une caractéristique commune : rester sous le seuil de la riposte militaire directe. Plusieurs enquêtes judiciaires en Allemagne, en Lituanie ou en Pologne ont mis en évidence le recours à des exécutants peu qualifiés, recrutés en ligne et rémunérés en cryptomonnaies, rendant l’attribution pénale complexe tout en maintenant un lien opérationnel indirect avec des services russes.
Cette logique est régulièrement décrite par des responsables européens et par l’OTAN comme un test de seuil permanent, visant à mesurer les réactions politiques, juridiques et sécuritaires des États ciblés, sans jamais franchir le point susceptible d’entraîner une réponse collective formalisée.
Cette logique est régulièrement décrite par des responsables européens et par l’OTAN comme un test de seuil permanent, visant à mesurer les réactions politiques, juridiques et sécuritaires des États ciblés, sans jamais franchir le point susceptible d’entraîner une réponse collective formalisée.
Diviser les Européens : un objectif politique qui peine à produire ses effets
Au-delà de la dimension sécuritaire, cette stratégie hybride semble également poursuivre un objectif politique plus classique : diviser les Européens sur le soutien apporté à l’Ukraine, ou à tout le moins convaincre certains États de la nécessité d’un allègement des sanctions économiques imposées à Moscou. Dans cette perspective, la question des avoirs russes gelés en Europe apparaît comme un point de friction central, régulièrement exploité dans les discours et les campagnes d’influence visant à souligner les risques juridiques, économiques ou politiques d’une confiscation. Le kremlin cherche t-il à faire monter les enchères pour obtenir un allègement des sanctions ?
Pour autant, force est de constater que, sur ce terrain, les résultats demeurent limités. Hormis des débats persistants sur l’utilisation des intérêts générés par les avoirs gelés, la ligne européenne globale n’a pas été infléchie. Le soutien politique, militaire et financier à l’Ukraine se maintient, et les sanctions demeurent en place malgré les pressions et tentatives de contournement.
Les alliés traditionnels de Moscou au sein de l’Union européenne, en particulier la Hongrie et la Slovaquie, ne constituent pas à proprement parler une conquête récente de cette stratégie hybride. Leurs positions critiques vis-à-vis des sanctions et de l’aide à Kyiv s’inscrivent dans une trajectoire politique antérieure, suggérant que ces relais étaient, pour l’essentiel, déjà acquis bien avant l’intensification actuelle des opérations hybrides.
Pour autant, force est de constater que, sur ce terrain, les résultats demeurent limités. Hormis des débats persistants sur l’utilisation des intérêts générés par les avoirs gelés, la ligne européenne globale n’a pas été infléchie. Le soutien politique, militaire et financier à l’Ukraine se maintient, et les sanctions demeurent en place malgré les pressions et tentatives de contournement.
Les alliés traditionnels de Moscou au sein de l’Union européenne, en particulier la Hongrie et la Slovaquie, ne constituent pas à proprement parler une conquête récente de cette stratégie hybride. Leurs positions critiques vis-à-vis des sanctions et de l’aide à Kyiv s’inscrivent dans une trajectoire politique antérieure, suggérant que ces relais étaient, pour l’essentiel, déjà acquis bien avant l’intensification actuelle des opérations hybrides.
User, cartographier, tester plutôt que convaincre
L’analyse des modes opératoires observés depuis 2024 suggère que la finalité principale n’est pas tant la persuasion immédiate des opinions publiques européennes que l’usure progressive des systèmes politiques et la cartographie fine de leurs vulnérabilités. Chaque incident fournit des informations précieuses : délais de réaction, cohérence du discours public, coordination interministérielle, capacité à qualifier juridiquement une attaque hybride et à y répondre.
La multiplication d’actions à faible signature laisse également entrevoir une possible désorganisation du dispositif. Le recours massif à des intermédiaires, à des proxys et à des circuits financiers opaques favorise des initiatives opportunistes, parfois mal coordonnées, où l’intérêt financier des exécutants semble primer sur l’effet stratégique global. Cette dispersion interroge la cohérence d’une stratégie russe de long terme, et rappelle les erreurs d’appréciation majeures commises par Moscou sur la résilience politique et sociétale européenne et la capacité de l’Ukraine à résister à une attaque conventionnelle de grande envergure à la veille de février 2022.
La multiplication d’actions à faible signature laisse également entrevoir une possible désorganisation du dispositif. Le recours massif à des intermédiaires, à des proxys et à des circuits financiers opaques favorise des initiatives opportunistes, parfois mal coordonnées, où l’intérêt financier des exécutants semble primer sur l’effet stratégique global. Cette dispersion interroge la cohérence d’une stratégie russe de long terme, et rappelle les erreurs d’appréciation majeures commises par Moscou sur la résilience politique et sociétale européenne et la capacité de l’Ukraine à résister à une attaque conventionnelle de grande envergure à la veille de février 2022.
Une stratégie hybride sans horizon clair
À ce stade, la guerre hybride menée contre l’Union européenne ne produit pas les effets politiques structurants que Moscou semble rechercher. Elle n’a ni provoqué de rupture dans le soutien à l’Ukraine, ni entraîné de levée significative des sanctions. Si stratégie il y a, elle apparaît davantage tactique, expérimentale et opportuniste que pensée dans une perspective de long terme. L’Union européenne, loin de se fragmenter, semble au contraire tirer de ces attaques un argument supplémentaire pour renforcer sa résilience, sa coordination sécuritaire et sa réflexion sur l’autonomie stratégique. La fédération de Russie semble etre victime de son appareil sécuritaire et de défense, inefficace au plan stratégique mais disposant d’une capacité de nuisance certaine.

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