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Épargne Défense : engagement citoyen ou illusion risquée ?




Publié par Aurélie GIRAUD le 6 Juin 2025

Et si la sécurité du pays passait par nos livrets bancaires ? Un pari audacieux, mais que près d’un tiers des Français semblent prêts à envisager. Le 5 juin 2025, l’Ifop et Altaprofits ont publié la dernière édition de leur baromètre annuel consacré aux comportements d’épargne en France. Pour la première fois, l’étude aborde la question sensible du financement de l’économie de Défense par l’épargne privée. Une perspective nouvelle, à la croisée de l’engagement citoyen et de l’investissement stratégique.



Épargne Défense : un sursaut civique ou une lubie risquée ?

Selon les résultats dévoilés, 29 % des Français seraient prêts à investir une partie de leurs économies dans des produits d’épargne dédiés à la Défense nationale, un chiffre qui pourrait étonner dans un pays historiquement attaché à la prééminence de l’État dans les affaires militaires. Parmi les plus enclins à soutenir cette démarche figurent les hommes (36 %), les jeunes de 18 à 24 ans (37 %), mais aussi les cadres et les diplômés du supérieur (46 % chacun).

Motivés par des raisons diverses, ces volontaires n’agissent pas uniquement par intérêt financier. 35 % évoquent « un devoir de contribuer à l’effort de défense nationale », une sorte de patriotisme économique qui prend racine dans un contexte géopolitique délétère. Pour 22 %, l’inquiétude face aux menaces extérieures justifie cette initiative, tandis que 21 % espèrent tirer parti d’un rendement potentiellement attractif. Enfin, 18 % souhaitent soutenir l’innovation des PME et ETI françaises du secteur.


Mais la majorité reste frileuse…

Ce frémissement, s’il marque un tournant, ne masque pas une réalité dominante : 71 % des Français se montrent réfractaires à l’idée d’investir dans la Défense nationale. Les justifications sont claires : pour 24 %, ce rôle revient exclusivement à l’État. 18 % redoutent des pertes financières, 14 % s’y opposent pour des raisons éthiques, et 12 % estiment que ce type d’investissement ne correspond pas à leurs besoins.

Plus minoritairement, certains dénoncent une durée de blocage trop longue, un ticket d’entrée trop élevé ou encore un rendement jugé insuffisant. À cela s’ajoute un scepticisme croissant vis-à-vis de la compatibilité entre ce type de placement et les engagements ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Un refus diffus mais profond, que 13 % ne cherchent même pas à expliciter, preuve d’un rejet intuitif plus qu’argumenté.


Entre Paris et les régions, des visions divergentes

Les disparités régionales renforcent la complexité du sujet. En Île-de-France, 37 % des habitants se disent favorables à l’épargne Défense, soit 8 points de plus que la moyenne nationale. À l’inverse, la Nouvelle-Aquitaine ferme la marche avec 22 % de répondants favorables, et l’Occitanie se distingue par une forte incompréhension du produit : 18 % des réfractaires jugent que ce type d’épargne ne répond pas à leurs attentes.

Ces chiffres traduisent des inégalités de perception et de moyens, mais aussi une fracture culturelle face à la militarisation de l’investissement.



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