Épargne Défense : un sursaut civique ou une lubie risquée ?
Selon les résultats dévoilés, 29 % des Français seraient prêts à investir une partie de leurs économies dans des produits d’épargne dédiés à la Défense nationale, un chiffre qui pourrait étonner dans un pays historiquement attaché à la prééminence de l’État dans les affaires militaires. Parmi les plus enclins à soutenir cette démarche figurent les hommes (36 %), les jeunes de 18 à 24 ans (37 %), mais aussi les cadres et les diplômés du supérieur (46 % chacun).
Motivés par des raisons diverses, ces volontaires n’agissent pas uniquement par intérêt financier. 35 % évoquent « un devoir de contribuer à l’effort de défense nationale », une sorte de patriotisme économique qui prend racine dans un contexte géopolitique délétère. Pour 22 %, l’inquiétude face aux menaces extérieures justifie cette initiative, tandis que 21 % espèrent tirer parti d’un rendement potentiellement attractif. Enfin, 18 % souhaitent soutenir l’innovation des PME et ETI françaises du secteur.
Mais la majorité reste frileuse…
Ce frémissement, s’il marque un tournant, ne masque pas une réalité dominante : 71 % des Français se montrent réfractaires à l’idée d’investir dans la Défense nationale. Les justifications sont claires : pour 24 %, ce rôle revient exclusivement à l’État. 18 % redoutent des pertes financières, 14 % s’y opposent pour des raisons éthiques, et 12 % estiment que ce type d’investissement ne correspond pas à leurs besoins.
Plus minoritairement, certains dénoncent une durée de blocage trop longue, un ticket d’entrée trop élevé ou encore un rendement jugé insuffisant. À cela s’ajoute un scepticisme croissant vis-à-vis de la compatibilité entre ce type de placement et les engagements ESG (Environnementaux, Sociaux et de Gouvernance). Un refus diffus mais profond, que 13 % ne cherchent même pas à expliciter, preuve d’un rejet intuitif plus qu’argumenté.
Entre Paris et les régions, des visions divergentes
Les disparités régionales renforcent la complexité du sujet. En Île-de-France, 37 % des habitants se disent favorables à l’épargne Défense, soit 8 points de plus que la moyenne nationale. À l’inverse, la Nouvelle-Aquitaine ferme la marche avec 22 % de répondants favorables, et l’Occitanie se distingue par une forte incompréhension du produit : 18 % des réfractaires jugent que ce type d’épargne ne répond pas à leurs attentes.
Ces chiffres traduisent des inégalités de perception et de moyens, mais aussi une fracture culturelle face à la militarisation de l’investissement.