Un vivier qui se rétrécit
Le rapport QMA 2020 du Pentagone est sans appel : seuls 23 % des Américains de 17 à 24 ans remplissent les critères de base pour s’enrôler sans dérogation. Si l’on retire ceux engagés dans des études ou indisponibles, la proportion tombe à 12 %, et à peine 7 % sont considérés comme des recrues de “haute qualité académique”.
Autrement dit, la base de recrutement s’est effondrée en dix ans. Les causes sont multiples : surpoids, problèmes de santé mentale, consommation de substances, antécédents judiciaires. La démographie elle-même n’aide pas : moins de jeunes, et plus fragiles.
Des objectifs manqués, des solutions d’urgence
L’US Army a manqué ses objectifs de recrutement de près de 15 000 soldats en 2022 et 2023, du jamais vu depuis la fin du Vietnam. En 2024, le Pentagone a affiché un rebond (+12 %), mais il repose largement sur deux artifices :
Le désintérêt des jeunes générations
Même parmi les jeunes éligibles, peu veulent tenter l’aventure. Les sondages montrent qu’à peine 1 sur 10 se dit prêt à s’engager. Les raisons invoquées sont claires :
Un problème occidental, pas seulement américain
Les États-Unis sont le cas le plus documenté, mais le problème est partagé :
Plus qu’une crise RH : un malaise de société
Cette crise n’est pas seulement une question de salaires ou de communication. Elle révèle un décalage structurel :
Conclusion
La crise du recrutement en Occident n’est pas un accident conjoncturel : c’est le signe d’un fossé grandissant entre les armées et leurs sociétés. Les États-Unis en donnent l’exemple le plus net : malgré leurs budgets colossaux, ils ne parviennent plus à attirer suffisamment de jeunes aptes et motivés. À court terme, les armées bricolent (primes, dérogations, cours de rattrapage). À long terme, elles devront choisir : soit réinventer le contrat social armée-nation (via la réserve, le service obligatoire, de meilleures conditions de vie), soit accepter un affaiblissement durable de leur puissance militaire.
Le rapport QMA 2020 du Pentagone est sans appel : seuls 23 % des Américains de 17 à 24 ans remplissent les critères de base pour s’enrôler sans dérogation. Si l’on retire ceux engagés dans des études ou indisponibles, la proportion tombe à 12 %, et à peine 7 % sont considérés comme des recrues de “haute qualité académique”.
Autrement dit, la base de recrutement s’est effondrée en dix ans. Les causes sont multiples : surpoids, problèmes de santé mentale, consommation de substances, antécédents judiciaires. La démographie elle-même n’aide pas : moins de jeunes, et plus fragiles.
Des objectifs manqués, des solutions d’urgence
L’US Army a manqué ses objectifs de recrutement de près de 15 000 soldats en 2022 et 2023, du jamais vu depuis la fin du Vietnam. En 2024, le Pentagone a affiché un rebond (+12 %), mais il repose largement sur deux artifices :
- le “Future Soldier Prep Course”, une remise à niveau de 90 jours pour des candidats jugés trop faibles physiquement ou scolairement ;
- l’extension des waivers (dérogations) permettant d’intégrer des profils auparavant exclus.
Le désintérêt des jeunes générations
Même parmi les jeunes éligibles, peu veulent tenter l’aventure. Les sondages montrent qu’à peine 1 sur 10 se dit prêt à s’engager. Les raisons invoquées sont claires :
- peur des blessures, du PTSD (Post-Traumatic Stress Disorder) ou de la mort
- crainte de la séparation familiale
- perception d’une carrière contraignante et peu compatible avec un projet de vie moderne.
Un problème occidental, pas seulement américain
Les États-Unis sont le cas le plus documenté, mais le problème est partagé :
- Allemagne : la Bundeswehr stagne autour de 180 000 militaires, loin de son objectif de 203 000, et un quart des nouvelles recrues quittent dès les six premiers mois.
- Royaume-Uni : les effectifs actifs diminuent régulièrement, l’armée de terre est la plus touchée.
- France : la Loi de programmation militaire fixe des ambitions élevées, mais les rapports publics alertent déjà sur les tensions de recrutement et de fidélisation.
- Canada : la préparation opérationnelle plafonne à 60 %, le gouvernement a même dû ouvrir le recrutement aux résidents permanents.
Plus qu’une crise RH : un malaise de société
Cette crise n’est pas seulement une question de salaires ou de communication. Elle révèle un décalage structurel :
- des sociétés vieillissantes, en meilleure santé économique, mais en moins bonne santé physique ;
- des jeunes générations qui valorisent la liberté, la mobilité, la sécurité personnelle, bien plus que l’engagement collectif ;
- des armées qui réclament discipline, disponibilité, endurance — tout le contraire.
Conclusion
La crise du recrutement en Occident n’est pas un accident conjoncturel : c’est le signe d’un fossé grandissant entre les armées et leurs sociétés. Les États-Unis en donnent l’exemple le plus net : malgré leurs budgets colossaux, ils ne parviennent plus à attirer suffisamment de jeunes aptes et motivés. À court terme, les armées bricolent (primes, dérogations, cours de rattrapage). À long terme, elles devront choisir : soit réinventer le contrat social armée-nation (via la réserve, le service obligatoire, de meilleures conditions de vie), soit accepter un affaiblissement durable de leur puissance militaire.