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Cyberespionnage : comment l’IA Claude a-t-elle orchestré une attaque automatisée ?




Publié par Jehanne Duplaa le 27 Novembre 2025

Une affaire secoue le secteur cyber : pour la première fois, l’IA Claude aurait servi de moteur opérationnel à une campagne de cyberespionnage hautement automatisée. Une opération inédite, menée depuis la mi-septembre 2025, qui confirme l’entrée des « agents » IA dans l’arsenal offensif de groupes soutenus par des États, et bouleverse les doctrines de sécurité traditionnelles.



À la mi-septembre 2025, l’IA a franchi un nouveau seuil opérationnel. Selon le rapport publié par Anthropic, l’IA Claude aurait été détournée pour conduire une campagne de cyberespionnage visant une trentaine d’organisations. Cette irruption directe de l’IA dans la conduite tactique d’une intrusion constitue, pour de nombreux experts, un tournant stratégique majeur, qui oblige à redéfinir l’usage de celle-ci dans les opérations clandestines contemporaines.

Une IA au cœur d’une opération d’espionnage structurée

L’affaire débute lorsque Anthropic détecte, à la mi-septembre, une activité anormale sur son outil Claude Code. Selon l’entreprise, une campagne offensive presque entièrement automatisée est alors en cours. Les pirates auraient confié entre 80 et 90 % de l’ensemble des tâches à l’IA, selon Le Point. Cette proportion exceptionnelle bouleverse les cadres classiques, puisque l’intervention humaine se serait limitée à quelques décisions critiques, ce qui démontre, par contraste, la maturité technologique de l’outil et son potentiel détourné.

En outre, les pirates auraient lancé environ 30 attaques selon les informations relayées par Euronews. Bien que la majorité ait échoué, plusieurs intrusions ont réussi à pénétrer des réseaux gouvernementaux ou industriels. Ainsi, les opérations combinent reconnaissance, exploitation de vulnérabilités, rédaction de code malveillant et exfiltration discrète. Selon Futura-Sciences, l’IA aurait même documenté ses propres actions, ce qui, en pratique, facilite la répétition des attaques et renforce leur efficacité. Ce mode d’action, fondé sur une IA autonome, redéfinit les scénarios d’emploi du cyberespionnage contemporain.


L’attribution sensible à un groupe chinois et l’emploi massif de Claude

D’après Euronews, Anthropic affirme disposer d’un « haut degré de certitude » sur la nature étatique du groupe impliqué, estimé lié à la Chine. Ce point reste néanmoins sensible, car aucune autorité gouvernementale n’a officiellement confirmé cette attribution. De nombreuses sources indiquent qu’aucun « indicateur de compromission » technique complet n’a été publié, ce qui oblige les analystes à travailler avec prudence tout en examinant les indices fournis par l’entreprise américaine.

Cependant, un fait demeure incontestable : l’utilisation massive de l’IA Claude dans l’opération. Les pirates se seraient appuyés sur ses capacités dites « agentiques ». L’expression reprise par les médias souligne un usage où l’IA ne se contente plus de conseiller mais agit directement. « Les attaquants ont utilisé les capacités agentiques de l’IA (…) pour exécuter eux-mêmes les cyberattaques », précise ainsi Anthropic dans son rapport. Cette affirmation montre la rupture doctrinale : l’IA n’est plus uniquement un outil, elle devient opérateur.


Une automatisation sans précédent, révélatrice d’un saut capacitaire

Le volume de requêtes générées lors de l’opération illustre cette bascule. Claude Code aurait produit plusieurs milliers de requêtes par seconde, un rythme impossible à égaler pour un opérateur humain. Ce chiffre confirme que l’IA peut traiter en continu une masse de données, tester des centaines de scénarios d’exploitation en parallèle et sélectionner instantanément les vecteurs les plus prometteurs. Cette cadence mécanique modifie profondément les temporalités des attaques, en réduisant considérablement les fenêtres de détection.

Dans le même temps, Anthropic explique que certaines tâches nécessitaient une action humaine, notamment la définition des cibles et la validation finale des données volées. « Tout assistant d’IA largement adopté peut être intégré à une boîte à outils criminelle si quelqu’un suffisamment déterminé s’en sert », rappelle un Graeme Stewart, responsable du secteur public chez Check Point Software Technologies, cité par Euronews. Cette phrase, éclairante, résume l’un des défis : l’outil n’est plus intrinsèquement bon ou mauvais, sa dangerosité dépend principalement de l’intentionnalité des acteurs.


Un basculement stratégique pour la cybersécurité mondiale

Les analystes voient dans cette affaire un signal d’alerte majeur. Plusieurs médias évoquent « des implications considérables pour la cybersécurité à l’ère des agents IA ». Cette formulation souligne l’ampleur du changement doctrinal en cours. En effet, l’IA n’assiste plus seulement la préparation des intrusions : elle en assure désormais l’exécution directe, la gestion du code malveillant et les ajustements tactiques en temps réel.

De plus, l’attaque ayant visé des secteurs stratégiques — finance, technologie, chimie, agences gouvernementales — elle démontre la volonté des opérateurs de tester la résilience d’infrastructures critiques. Selon Al Jazeera, quelques intrusions ont effectivement abouti à une compromission, même partielle, ce qui renforce l’idée d’un test de résistance grandeur nature. En outre, Anthropic précise que l’attaque constitue « la première campagne de cyberattaque documentée à grande échelle menée sans intervention humaine substantielle ». Cette déclaration met en lumière un point central : les capacités offensives autonomes se déploient plus rapidement que prévu. « Même si nous avions prévu que ces capacités continueraient d’évoluer, ce qui nous a frappés, c’est la rapidité avec laquelle elles l’ont fait à grande échelle. », reconnaît Anthropic.

Quoi qu’il en soit, la vitesse d’évolution des attaques automatisées indique que les défenses classiques devront être révisées. Ainsi, la détection comportementale, l’analyse des logs et les réponses humaines devront se réinventer, car les cycles d’attaque pilotés par IA fonctionnent à une cadence qui dépasse les capacités humaines. À cela s’ajoute un autre problème majeur : l’absence de publication d’indicateurs techniques complets complique la protection des réseaux.


L’heure des grandes manœuvres cyber

Les réactions publiques d’États ou d’agences spécialisées restent limitées. Toutefois, la décision d’Anthropic de couper immédiatement l’accès des pirates à ses outils, dès la détection de l’opération en septembre, montre l’importance stratégique que l’entreprise attribue au risque. Elle aurait alerté plusieurs organisations ciblées et les autorités nationales compétentes, selon Euronews. Cette démarche confirme, en filigrane, que l’incident dépasse la simple exploitation opportuniste et s’inscrit dans un contexte plus large de rivalités technologiques.

En définitive, l’usage offensif de l’IA Claude démontre que l’IA n’est plus un multiplicateur de force : elle devient un opérateur autonome, capable de planifier, d’exécuter et d’adapter une mission d’espionnage de bout en bout. Cette transformation impose un changement complet de paradigme au sein des armées comme des institutions civiles. Les doctrines devront intégrer cette nouvelle donne où les machines agissent, apprennent et frappent à une vitesse qui redéfinit l’espace numérique de confrontation.




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