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Canberra choisit le Japon pour la fourniture de 11 frégates, Berlin écartée




Publié par Aurélien Lacroix le 5 Août 2025

Dans une décision qui réoriente profondément les équilibres industriels dans la région indo-pacifique, le gouvernement australien a annoncé le 5 août 2025 avoir retenu l’offre japonaise pour la fourniture de 11 frégates de nouvelle génération, à l’issue d’un appel d’offres international serré. Le contrat, estimé à plus de 10 milliards de dollars australiens (soit environ 6,5 milliards USD), représente le plus important accord de défense maritime jamais signé entre Canberra et Tokyo.



Une bascule géo-industrielle majeure pour le Japon dans le secteur de la défense

Il s’agit également d’un jalon historique pour le Japon, puisque cette commande constitue le tout premier contrat d’exportation de navires de guerre de son histoire contemporaine, un changement rendu possible par l’assouplissement progressif des restrictions sur les exportations d’équipements militaires.

Le constructeur retenu, Mitsubishi Heavy Industries (MHI), livrera trois frégates fabriquées au Japon, avant un transfert industriel partiel vers les chantiers australiens de Henderson (Australie-Occidentale), qui assembleront les huit unités suivantes.

Les clés du choix australien : pourquoi le Japon a devancé l’Allemagne

L’offre japonaise l’a emporté face à la proposition de ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS), qui proposait une variante modernisée de la frégate MEKO A-200, déjà éprouvée à l’export.

Plusieurs facteurs ont été déterminants dans l’arbitrage australien :
    • Calendrier de livraison plus rapide : le Japon a proposé un rythme de production de deux unités par an, avec une première livraison dès 2029. L’offre allemande prévoyait un démarrage plus tardif.
    • Chaîne d’assemblage immédiatement opérationnelle : l’infrastructure industrielle de MHI est déjà configurée pour produire des unités de la classe Mogami, ce qui limite les risques liés à l’industrialisation.
    • Interopérabilité stratégique : la frégate Mogami, bien qu’adaptée à l’export, partage de nombreuses composantes avec des plateformes utilisées par des partenaires clés de l’Australie, notamment les États-Unis et le Japon. Cette compatibilité tactique et logistique a pesé dans la décision.
    • Moindre coût d’exploitation à long terme : selon le ministère australien de la Défense, le modèle japonais permettrait de réduire les charges de maintenance et d’équipage de 30 % sur 30 ans, grâce à une architecture optimisée et une automatisation poussée.

Malgré une offre jugée plus compétitive à court terme en termes de prix unitaire, TKMS n’a pas pu convaincre sur les plans industriel et stratégique.

Un contrat structurant pour l’industrie navale australienne

Le volet local du programme constitue un pilier essentiel de la stratégie de souveraineté industrielle de l’Australie :
    • La construction des huit dernières unités se fera à Perth, mobilisant une main-d'œuvre locale et des sous-traitants australiens.
    • La chaîne d'approvisionnement australienne bénéficiera d’un transfert de compétences partiel, avec un accompagnement technique de MHI, selon un modèle similaire à celui adopté pour les sous-marins de la classe Collins.

Le gouvernement estime que plus de 2 000 emplois directs et indirects seront créés sur la durée du programme.

Ce contrat s’inscrit dans un resserrement stratégique indo-pacifique, dans un contexte de tensions accrues avec la Chine. L’axe Canberra–Tokyo–Washington se consolide autour d’initiatives coordonnées de renforcement naval, dans lesquelles la standardisation des plateformes militaires joue un rôle central. La frégate Mogami est déjà opérationnelle dans la marine japonaise, ce qui permettra une mutualisation partielle des infrastructures de soutien, des formations et de la logistique entre les deux marines, voire avec d’autres partenaires du QUAD.



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