Un cadre politico-militaire inédit hors OTAN
Le cœur du dispositif repose sur deux documents distincts. Le premier pose des principes politiques assimilables, selon des responsables occidentaux, à une logique proche de l’article 5 de l’OTAN, sans en reprendre le cadre formel. Il s’agit explicitement de compenser l’abandon, par Kyiv, de toute perspective d’adhésion à l’Alliance atlantique, ainsi que d’éventuelles concessions territoriales. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a évoqué le 16 décembre « des progrès concrets rendus possibles par l’alignement entre l’Ukraine, l’Europe et les États-Unis ». En miroir, Moscou continue d’exiger la cession complète du Donbass non conquis et refuse officiellement toute présence de forces issues de pays membres de l’OTAN sur le sol ukrainien.
Une armée ukrainienne renforcée et pérennisée
Forces européennes, renseignement américain et lignes rouges
Le plan prévoit également le déploiement de forces européennes en Ukraine, principalement à l’ouest du pays, chargées de la sécurisation de l’espace aérien et maritime. Ces contingents, coordonnés au sein d’une « coalition des volontaires » pilotée par Paris et Londres, ne seraient pas engagés sous bannière OTAN, afin de limiter l’escalade. Les États-Unis, excluant toute présence terrestre, joueraient un rôle central dans le renseignement, la surveillance du cessez-le-feu et la détection d’opérations russes de déstabilisation ou de false flag, un mode opératoire déjà largement documenté dans les stratégies hybrides russes analysées par Enderi. Washington piloterait également un mécanisme international de vérification, sans que la nature exacte de sa réaction en cas d’attaque contre des forces européennes ne soit clarifiée.
Pensé comme juridiquement contraignant, ce plan marque une évolution majeure de l’architecture de sécurité européenne. Il acte le basculement vers une dissuasion conventionnelle renforcée, adossée au renseignement et à une présence militaire européenne assumée, mais laisse entière la question centrale : celle de l’acceptabilité politique et stratégique de ce cadre par Moscou. En l’absence de la Russie à la table des négociations, la robustesse de ces garanties sera rapidement mise à l’épreuve des faits.