US Tech Force : l’unité d’élite en IA initiée par Donald Trump



Publié par Jehanne Duplaa le 17 Décembre 2025

Donald Trump a lancé une offensive technologique inédite. Avec la US Tech Force, une unité d’élite dédiée à l’IA, l’exécutif américain entend transformer en profondeur l’appareil d’État, en mobilisant des profils issus des meilleures entreprises technologiques, tout en assumant une approche inspirée des logiques militaires de projection rapide et de commandement centralisé.



Le 15 décembre 2025, à Washington, Donald Trump a officialisé la création de la US Tech Force, une unité d’élite chargée d’accélérer l’intégration de l’IA au cœur des administrations fédérales, marquant une inflexion stratégique majeure dans la modernisation de l’État fédéral.

IA et unité d’élite : la US Tech Force comme bras armé technologique de l’État

Pensée comme une unité d’élite, la US Tech Force repose sur un principe simple mais ambitieux. L’administration Trump veut injecter de l’IA là où l’État fédéral accumule du retard. Ainsi, environ 1 000 experts spécialisés en intelligence artificielle, cybersécurité et ingénierie logicielle doivent être recrutés, selon Reuters, afin de renforcer des administrations jugées technologiquement vulnérables ou obsolètes. Cette masse critique, rarement atteinte dans l’histoire récente de la fonction publique américaine, vise à produire un effet de rupture rapide.

Cependant, la logique retenue rompt avec les schémas bureaucratiques classiques. La US Tech Force fonctionne sur des mandats temporaires de deux ans, conçus pour attirer des profils issus du privé, tout en conservant une flexibilité opérationnelle. Cette durée limitée doit permettre à l’État d’intégrer rapidement des compétences pointues en IA, sans figer des carrières longues dans un environnement administratif contraignant, tout en facilitant le retour vers le secteur privé à l’issue des missions.

Dans les faits, la gestion de cette unité d’élite a été confiée à l’Office of Personnel Management (OPM), qui agit comme un état-major administratif. Gregory Barbaccia, directeur fédéral des systèmes d’information, a résumé la philosophie du dispositif en affirmant que la Tech Force constituait « le corps d’élite américain pour la révolution de l’IA », selon un communiqué officiel de l’OPM. Cette déclaration, traduite en français, souligne une vision quasi doctrinale de l’IA comme nouveau champ de bataille étatique.


IA, US Tech Force et partenariats industriels : une mobilisation nationale assumée

Au-delà du recrutement, la US Tech Force s’appuie sur une architecture partenariale inédite. Plus de 28 entreprises technologiques majeures participent au programme, selon l’OPM, parmi lesquelles figurent des acteurs centraux du cloud, des semi-conducteurs et de l’IA générative. Cette coopération étroite entre État et industrie traduit une volonté assumée de décloisonnement, mais aussi une dépendance stratégique vis-à-vis du secteur privé.

En parallèle, l’attractivité financière a été calibrée pour rivaliser avec le marché. Les salaires annoncés oscillent entre 135 000 et 200 000 dollars annuels, soit environ 138 000 à 184 000 euros, selon les données publiées par Le Figaro. Ces montants, élevés pour la fonction publique américaine, traduisent la reconnaissance explicite de la valeur stratégique de l’IA et des profils capables de la déployer à grande échelle dans des systèmes sensibles.

Pour autant, cette montée en puissance répond aussi à une urgence interne. Selon Euronews, la création de la US Tech Force intervient après des réductions massives de personnels techniques dans plusieurs agences fédérales au cours des années précédentes. Ces suppressions ont laissé des infrastructures critiques fragilisées, notamment dans les domaines du cloud gouvernemental, de la gestion des données et de la cybersécurité, rendant l’intégration de l’IA difficile sans renfort massif.

Dans ce contexte, Scott Kupor, directeur de l’Office of Personnel Management, a lancé un appel direct aux candidats potentiels. « Nous avons besoin de vous », a-t-il déclaré, en présentant la US Tech Force comme une opportunité unique de piloter des projets d’importance nationale. Cette rhétorique de mobilisation, inhabituelle dans la communication administrative, renforce l’image d’une unité d’élite engagée dans une mission stratégique.


IA, unité d’élite et rivalités stratégiques : l’arrière-plan géopolitique

Si la US Tech Force est présentée comme un outil de modernisation interne, son arrière-plan géopolitique est explicitement assumé. Selon Zonebourse, l’initiative s’inscrit dans une stratégie plus large visant à renforcer la compétitivité technologique des États-Unis face à la Chine, notamment dans le domaine de l’IA et des infrastructures numériques souveraines. L’État fédéral considère désormais l’IA comme un levier de puissance comparable aux capacités militaires conventionnelles.

Cette lecture stratégique explique le vocabulaire martial employé autour de la US Tech Force. L’expression d’unité d’élite n’est pas anodine. Elle renvoie à une organisation resserrée, à forte autonomie opérationnelle, capable d’intervenir rapidement sur des projets sensibles. Selon Reuters, les membres de cette force seront déployés au sein des ministères, des agences de sécurité et des structures de gestion des données fédérales, avec pour mission d’accélérer la transformation numérique.

Par ailleurs, la gouvernance du programme reste étroitement contrôlée par l’exécutif. Les priorités d’affectation seront définies en fonction des besoins jugés critiques pour la sécurité nationale et l’efficacité administrative. Cette centralisation, assumée par l’administration Trump, marque une rupture avec les approches décentralisées précédentes, souvent critiquées pour leur lenteur et leur manque de cohérence dans l’adoption de l’IA.

Enfin, plusieurs observateurs soulignent que la US Tech Force pourrait servir de modèle exportable. En structurant l’IA comme une capacité stratégique incarnée par une unité d’élite, Washington envoie un signal clair à ses alliés comme à ses rivaux. L’État fédéral ne se contente plus de réguler l’IA. Il la déploie, la pilote et l’intègre comme un outil de souveraineté, selon une logique proche de celle des forces armées modernes.


Dans la même rubrique :