Torpille anti-torpille : l’Allemagne prépare une acquisition majeure pour sa marine



Publié par Jehanne Duplaa le 24 Septembre 2025

En 2026, l’Allemagne s’apprêterait à acquérir une torpille anti-torpille dans le cadre d’un programme inédit. Cette acquisition vise à doter la marine allemande d’un système capable d’intercepter les torpilles ennemies — une avancée stratégique dans l’armement naval alors que les menaces sous-marines se complexifient.



Le 23 septembre 2025, Defense News révèle qu’un document budgétaire publié par Politico indique que l’Allemagne prévoierait d’initier en 2026 une procédure d’acquisition pour une nouvelle torpille anti-torpille destinée à protéger ses navires contre les menaces sous-marines.

Le système envisagé : principes et capacités de la torpille anti-torpille

L'Allemagne, via le groupe ThyssenKrupp Marine Systems (TKMS) — et plus précisément sa filiale Atlas Elektronik — met en avant une solution baptisée SeaSpider, présentée comme un intercepteur cinétique capable de neutraliser une torpille ennemie en approche. Au lieu d’utiliser des leurres ou des contre-mesures passives, ce système adopte une stratégie dite « hard kill » : il traque et détruit la menace directement.

La torpille anti-torpille embarque des capteurs, un guidage autonome et un moteur à propergol solide pour accélérer rapidement vers la torpille cible. Le système doit fonctionner sur de courtes distances, verrouiller la cible et l’intercepter avant qu’elle n’atteigne le navire protégé.


Les essais menés jusqu’à présent témoignent d’une chaîne complète « de la détection au tir » déjà validée en mer Baltique, avec détection, classification, lancement et interception avec le prototype SeaSpider. Selon cette presse d’essais, des torpilles DM2A3 ou des AUV dérivées ont servi de cibles lors de ces essais.

Pour réussir, le système s’appuie sur des données de sonars (internes au navire ou embarqués) pour cueillir la torpille entrante, puis activer l’intercepteur. La torpille anti-torpille SeaSpider est conçue pour intercepter des torpilles de toute nature (homing, wake-seeking, filoguidées, acoustiques) à condition de détecter leur trajectoire suffisamment en amont.

Cependant, certains observateurs notent que, bien que les travaux soient anciens (15 à 20 ans), aucun grand déploiement opérationnel n’a encore été officialisé. Malgré les promesses, la maturité du concept semble encore débattue.

Le cadre de l’acquisition allemande : budget, calendrier et enjeux

Selon le document divulgué, l'Allemagne prévoit de consacrer 70 millions d’euros pour lancer l'acquisition de la torpille anti-torpille en 2026. Le comité parlementaire chargé du budget devrait examiner l’affaire lors de sa session du 6 mai 2026, avec une proposition écrite adressée aux députés deux semaines plus tôt.

Dans cette planification, la décision d’acquisition de la future frégate de défense aérienne de classe 
F127 est également envisagée pour juin 2026, avec un coût estimé à 26 milliards d’euros pour le programme. Cette frégate serait le premier bâtiment allemand destiné à embarquer la torpille anti-torpille SeaSpider.

Le projet est structuré dans le cadre de PESCO (Coopération structurée permanente), instrument de l’Union européenne visant à mutualiser les efforts de défense. L’Allemagne et les Pays-Bas sont parmi les fers de lance du projet commun dit “Anti-Torpedo Torpedo (ATT)” dans ce cadre européen.

Du côté néerlandais, une lettre parlementaire d’avril 2025 mentionne l’intention d’introduire un système “hard-kill” pour détruire torpilles et véhicules sous-marins autonomes avant qu’ils n’atteignent leur cible. Le coût global du développement (phase de démonstration à production) est estimé entre 250 millions et 1 milliard d’euros pour la période 2025–2039. Les Pays-Bas visent à rendre le système opérationnel dès 2028, avec une production initiale dès 2025.

L’implication conjointe des marines allemande et néerlandaise dans les tests et la R&D de SeaSpider est régulièrement soulignée par les médias. Néanmoins, jusqu’à maintenant, aucun État n’a officiellement commandé la torpille SeaSpider, bien que les Pays-Bas aient officiellement exprimé leur intention de l’acheter.

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