Une messagerie pensée par et pour l’État
Tchap n’est pas une application comme les autres. Développée initialement en 2019 par la Direction interministérielle du numérique (DINUM) sur la base du protocole Matrix, elle a depuis été fortement améliorée. Sa dernière évolution s’inscrit dans une stratégie de cybersécurité étatique réactualisée face aux tensions géopolitiques croissantes.
Selon Les Échos, Tchap fonctionne via une infrastructure hébergée exclusivement en France, sous le contrôle de l'État. Le service utilise des serveurs certifiés SecNumCloud, et chiffre les échanges de bout en bout grâce à un standard cryptographique open source, conforme aux exigences de l’Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information (ANSSI).
Ce changement radical vise à mettre fin à la dépendance aux solutions étrangères. Comme le résume Le Figaro, l'objectif est clair : « se préserver d'outils étrangers et renforcer la confidentialité des échanges sensibles ».
Un outil déjà adopté, mais désormais obligatoire
Jusqu’à présent, Tchap cohabitait avec d'autres services comme Signal ou WhatsAppl, notamment pour les usages informels entre collaborateurs. Mais la décision annoncée par le François Bayrou change la donne, puisque chaque ministère devra désormais utiliser exclusivement Tchap pour ses communications internes.
Cette directive prendra effet dès septembre 2025, avec une généralisation obligatoire dans tous les cabinets ministériels.
Tchap face aux géants : une alternative crédible ?
La comparaison avec WhatsApp ou Télégramme soulève inévitablement la question des fonctionnalités et de l'ergonomie. Tchap repose sur le protocole Matrix, permettant notamment des communications chiffrées de bout en bout, un hébergement souverain et une architecture modulable.
Plusieurs utilisateurs internes évoquent une interface encore perfectible, et des ajustements techniques seraient en cours. En revanche, ce qui distingue Tchap, c’est son positionnement : tous les échanges transitent par des serveurs exclusivement localisés en France, dans des centres de données validés par les autorités de cybersécurité.
Un symbole de la souveraineté numérique française
Au-delà des aspects techniques, Tchap s’impose comme un emblème politique. Son adoption obligatoire s’inscrit dans un mouvement plus large de reprise de contrôle des infrastructures numériques par l’État. Dans un contexte où les données sont devenues un actif stratégique, la maîtrise des canaux de communication n’est plus une option.
Ce positionnement s’aligne avec la stratégie nationale de cybersécurité renforcée post-2023, notamment suite à plusieurs attaques visant des collectivités locales ou des établissements hospitaliers. Tchap devient ainsi un maillon d’une chaîne plus large : celle d’un écosystème numérique souverain, étatique et résilient.