Une réponse ingénieuse à une guerre d’usure
Généré par l'IA
Par Paul-Gabriel Lantz
Tallinn, 10 novembre 2025. Dans une salle sobre du centre technologique de la capitale estonienne, Kusti Salm, ancien haut responsable du ministère de la Défense devenu PDG de Frankenburg Technologies, soulève devant la presse un petit cylindre en mousse. Long comme une baguette, il symbolise la Mark 1, premier missile antiaérien miniature produit en série par la jeune société. L’objectif : intercepter à faible coût les drones kamikazes russes de type Shahed qui frappent quotidiennement l’Ukraine et menacent les frontières de l’OTAN. Ce missile de 65 centimètres de long atteint une vitesse de 1 200 km/h et une portée de 2 kilomètres. Son prix — environ 50 000 dollars — contraste avec les 4 millions d’un missile Patriot américain. Alors qu’un drone russe Shahed vaut autour de 20 000 dollars, le déséquilibre économique des systèmes actuels devenait intenable : utiliser des intercepteurs à plusieurs centaines de milliers d’euros pour détruire des engins low-cost revenait à une absurdité stratégique. « Ce n’est pas un modèle durable. Nous vivons une guerre d’un type nouveau, et nous devons concevoir des armes adaptées », explique Salm.
Tallinn, 10 novembre 2025. Dans une salle sobre du centre technologique de la capitale estonienne, Kusti Salm, ancien haut responsable du ministère de la Défense devenu PDG de Frankenburg Technologies, soulève devant la presse un petit cylindre en mousse. Long comme une baguette, il symbolise la Mark 1, premier missile antiaérien miniature produit en série par la jeune société. L’objectif : intercepter à faible coût les drones kamikazes russes de type Shahed qui frappent quotidiennement l’Ukraine et menacent les frontières de l’OTAN. Ce missile de 65 centimètres de long atteint une vitesse de 1 200 km/h et une portée de 2 kilomètres. Son prix — environ 50 000 dollars — contraste avec les 4 millions d’un missile Patriot américain. Alors qu’un drone russe Shahed vaut autour de 20 000 dollars, le déséquilibre économique des systèmes actuels devenait intenable : utiliser des intercepteurs à plusieurs centaines de milliers d’euros pour détruire des engins low-cost revenait à une absurdité stratégique. « Ce n’est pas un modèle durable. Nous vivons une guerre d’un type nouveau, et nous devons concevoir des armes adaptées », explique Salm.
Une technologie simple, autonome et résiliente
Sous son apparence modeste, la Mark 1 concentre une avancée majeure : une intelligence artificielle embarquée qui reconnaît, poursuit et intercepte la cible sans intervention humaine. « On peut la lancer et l’oublier — fire and forget — elle trouvera sa cible seule », précise le dirigeant. Dépourvue de liaison de contrôle, la Mark 1 résiste au brouillage électronique, une tactique fréquemment utilisée par les forces russes. Frankenburg Technologies s’appuie sur une équipe issue des grandes maisons occidentales de l’armement : Andreas Buppert, concepteur du système IRIS-T employé par la défense ukrainienne ; un ancien ingénieur de MBDA UK ayant travaillé sur le missile Spear III ; et un collectif de spécialistes lettons de l’aérodynamique. Deux usines situées dans des pays de l’OTAN sont déjà prêtes à produire plusieurs centaines d’unités par jour. Pour Salm, la philosophie est claire : « Nous ne construisons pas un missile de prestige. Nous fabriquons une arme simple, abordable et efficace, suffisante pour défendre l’Europe. »
Le tournant low-cost de la défense européenne
Les ingénieurs de Frankenburg reconnaissent les limites du système : portée restreinte, vulnérabilité aux conditions extrêmes. Mais leur pari est ailleurs : la quantité plutôt que la perfection. Multiplier les intercepteurs pour submerger les attaques au lieu de miser sur quelques systèmes ultraperformants. Ce changement de paradigme marque une rupture dans la culture stratégique européenne : l’heure n’est plus à la supériorité technologique absolue, mais à la résilience et à la flexibilité. Pour les observateurs militaires, la Mark 1 incarne cette nouvelle génération d’armes autonomes et accessibles, adaptées aux conflits d’usure que la guerre en Ukraine a rendus familiers. Si les essais à venir confirment ses performances, l’Estonie pourrait devenir le fer de lance d’un modèle inédit de défense aérienne, où l’intelligence, la sobriété et la rapidité d’exécution valent désormais autant que la puissance de feu.