L’économie du chaos : quand la guerre devient bon marché
Le conflit soudanais, opposant l’armée nationale aux Forces de Soutien Rapide (RSF), s’est transformé en une économie de guerre. Derrière les combats, un réseau opaque de sociétés privées a recruté d’anciens soldats colombiens aguerris par des décennies de guérilla. Ces hommes, formés aux tactiques de la jungle et souvent passés par des missions internationales, trouvent dans ces contrats une nouvelle source de revenus.
Les mercenaires, attirés par des salaires prometteurs, transitent par des bases étrangères avant d’être envoyés sur les lignes de front soudanaises. Leurs employeurs, souvent liés à des structures de Défense privées basées dans le Golfe, leur confient non seulement des missions de combat, mais aussi de formation. Une partie d’entre eux encadre désormais des recrues locales, dont un grand nombre d’enfants soldats, exploités pour pallier le manque d’effectifs des milices.
Dans un pays ravagé par les sièges, les famines et les déplacements de masse, ces enfants sont enrôlés sous la contrainte. Ils apprennent à manier des armes lourdes sans véritable préparation. Quelques jours d’entraînement suffisent avant leur envoi au front. Leur courte vie devient ainsi la matière première d’une guerre rentable.
L’ombre des mercenaires et la faillite des États
Le recours à des combattants étrangers n’est pas nouveau, mais il atteint au Soudan une ampleur inédite. Les mercenaires colombiens, souvent issus d’un système militaire en crise, illustrent une tendance mondiale : celle d’une Défense externalisée, où les conflits attirent des professionnels désœuvrés. Ces hommes, parfois en rupture avec leur pays, deviennent des outils de guerre jetables.
Derrière cette mécanique, se dessine une tragédie humaine. Les enfants soldats, privés d’enfance et de repères, sont transformés en instruments de mort. Dans les camps de réfugiés comme dans les villes assiégées, leurs visages témoignent du prix d’une guerre menée par procuration. Le Soudan, déjà meurtri par des décennies de violence, devient le théâtre d’une militarisation sans règles, où la frontière entre armée régulière et mercenariat s’efface.
Pendant que les puissances régionales se disputent l’influence, des sociétés privées prospèrent sur la misère. Et pendant que les États ferment les yeux, des enfants sont sacrifiés sur l’autel d’une guerre devenue industrie. La guerre n’est plus seulement une tragédie : elle est désormais un business.