Une avance allemande pour éviter une rupture de salaires
L’architecture du dispositif est simple. D’une part, l'Allemagne engage une « dépense extraordinaire » pour couvrir les salaires d’octobre, avec un mécanisme de remboursement exigé des États-Unis une fois la paralysie budgétaire levée, selon la porte-parole du ministère fédéral des Finances citée par Stern. D’autre part, l'Allemagne cible les « local nationals » employés sur les emprises américaines — personnels administratifs, logistique, restauration, sécurité ou prévention incendie — dont les contrats relèvent intégralement du droit allemand, conformément au SOFA et à ses accords additionnels, relève Die Zeit.
Cette décision est intervenue à l’issue d’échanges soutenus entre Berlin et la Rhénanie-Palatinat, Land qui concentre la communauté militaire américaine la plus importante hors des États-Unis, notamment autour de la base aérienne de Ramstein et de la garnison américaine de Rheinland-Pfalz. Le ministre-président Alexander Schweitzer a rassuré les intéressés — « Les employés n’ont pas à s’inquiéter » —, signe que l'Allemagne entend couvrir l’échéance d’octobre sans latence de salaires, rapporte ZDFheute. À ce stade, l’enveloppe évoquée atteint un « montant à deux chiffres de millions », soit autour de 43 millions d’euros pour la seule paie d’octobre.
Pourquoi l’Allemagne paie : droit du travail, continuité de service et salaires protégés
Par ailleurs, l'Allemagne préserve un intérêt stratégique : le maintien des salaires empêche des arrêts de services critiques (logistique, mess, sécurité incendie) qui, par ricochet, impacteraient l’entraînement, la maintenance et l’accueil des unités américaines. Or la présence américaine — environ 35 000 militaires et plusieurs dizaines de milliers de familles et personnels associés — structure des bassins d’emploi en Rhénanie-Palatinat, Bavière, Bade-Wurtemberg et Hesse. En évitant une crise de paie, l'Allemagne protège ses territoires et, surtout, les relations opérationnelles avec les États-Unis au moment où les chaînes d’approvisionnement de défense et l’entraînement interarmées restent critiques.
La cartographie des salaires et la facture pour l’Allemagne
11 000 à 12 000 salariés locaux concernés, et la Rhénanie-Palatinat en compte environ 6 300, soit plus de la moitié de l’effectif total, constate ZDFHeute. À l’échelle nationale, cela couvre les sites de Ramstein, Kaiserslautern, Wiesbaden, Stuttgart ou encore Grafenwöhr. Pour octobre, la facture provisoire pour l'Allemagne est située aux alentours de 43 millions d’euros, somme à engager sous forme d’avance remboursable.
Enfin, le contexte américain éclaire la manœuvre. Le shutdown a débuté le 1er octobre 2025 et a déjà placé plus de 700 000 agents fédéraux en congé sans solde, selon les informations du Zeit. Lors des précédentes crises budgétaires, les États-Unis avaient en général assuré la continuité des salaires des personnels locaux en Allemagne. En 2025, l’incertitude sur la chaîne de paiement a poussé Berlin à verrouiller l’échéance d’octobre. La ligne rouge posée est claire : l'Allemagne paye pour éviter une rupture, mais l’ardoise revient aux États-Unis dès que la machine fédérale redémarre.