Royaume-Uni : l'annonce d'un investissement industriel et économique pour renforcer l’industrie de défense



Publié par Jehanne Duplaa le 19 Novembre 2025

Le Royaume‑Uni va lancer la construction de plusieurs nouvelles usines de munitions afin de renforcer sa préparation militaire, marquant une rupture avec la dépendance aux importations et une montée en puissance de son industrie de défense.



Le Royaume-Uni annonce un plan ambitieux visant à relancer sa production nationale de munitions. Face à un contexte stratégique de plus en plus tendu, le pays cherche à assurer sa préparation militaire en construisant de nouvelles usines destinées à produire des munitions. Cette décision s’inscrit dans une volonté de redonner à l’industrie britannique une capacité souveraine qu’elle n’avait plus depuis près de deux décennies.


Pourquoi le Royaume-Uni relance-t-il ses usines de munitions ?

Le Royaume-Uni a constaté que son industrie de munitions ne répondait plus aux exigences d’un conflit à haute intensité. Ainsi, le pays engage le retour de la production nationale d’explosifs militaires : « Le Royaume-Uni va construire un réseau de nouvelles usines de munitions, destiné à rétablir la production nationale d’explosifs militaires pour la première fois depuis près de deux décennies », annonce Reuters.

Cette stratégie vise à réduire la dépendance aux chaînes d’approvisionnement étrangères mais aussi à mieux préparer l’armée à des conflits prolongés ou multi-domaines (terrestre, aérien, maritime).

En conséquence, l’industrie britannique de l’armement est repositionnée comme un pilier de la préparation militaire.

Le plan, les usines et les implantations : ce que prévoit le Royaume-Uni

D’après les annonces officielles, le plan du Royaume-Uni prévoit :

Un investissement initial d’environ 1,5 milliard livres sterling  (soit environ 1,8 milliard d'euros) pour lancer la construction d’au-moins six usines de munitions, selon The Guardian ;

Une enveloppe globale annoncée portée à près de 6 milliards de livres sterling (soit environ 7 ,2 milliards d'euros) pour ce type d’actions durant le présent cycle parlementaire ;

Une ambition de créer un pipeline industriel « toujours en activité » afin que la production de munitions puisse monter en régime très rapidement ;

Concernant les emplacements, le Ministère de La Défense a déjà identifié plus d’une douzaine de sites potentiels comprenant d’anciennes raffineries d’huile et des usines chimiques désaffectées, notamment à Grangemouth, Teesside et Southampton.


Le contexte stratégique et industriel

Cette relance s’inscrit dans un contexte plus large de renforcement militaire du Royaume-Uni. Le gouvernement indique que les leçons de la guerre en Ukraine soulignent que toute capacité de combat dépend de l’industrie qui la soutient : « Les leçons durement acquises de l’invasion illégale de l’Ukraine par Poutine montrent qu’une armée n’est que aussi forte que l’industrie qui la soutient », affirme John Healey, secrétaire à la Défense, dont les propos sont rapportés par The Guardian.

D’autre part, plusieurs usines existantes subissent des transformations technologiques : par exemple, BAE Systems affirme avoir atteint une production 16 fois supérieure de obus de 155 mm grâce à de nouveaux procédés.

Enfin, la sélection d’anciens sites industriels (raffineries, usines chimiques) répond à des impératifs de logistique, d’infrastructures et de main-d’œuvre qualifiée, tout en permettant une reconversion industrielle.

Enjeux et implications pour la préparation militaire

En préparant de nouvelles usines de munitions, le Royaume-Uni aborde plusieurs enjeux cruciaux :

Souveraineté industrielle : en relocalisant la production, le Royaume-Uni réduit sa vulnérabilité aux ruptures de chaîne d’approvisionnement lors de crise.

Capacité d’augmentation rapide : l’architecture productrice « always-on » permettra de monter en cadence en cas de conflit prolongé ou de haute intensité.

Réponse aux menaces contemporaines : cette initiative répond à un contexte de tensions accrues avec des acteurs étatiques puissants (notamment la Russie et la Chine) et s’inscrit dans le cadre de l’OTAN.

Effet économique et industriel : l’attribution des usines sur des sites désaffectés contribue à la revitalisation locale tout en créant des emplois (estimés à environ 1 000 pour certaines usines) et à la modernisation de l’industrie de défense.


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